OTTAWA — Plusieurs députés libéraux réclament maintenant un vote secret au caucus sur le leadership de Justin Trudeau, depuis que le premier ministre a clairement indiqué aux journalistes qu’il ne bougerait pas, malgré des appels de certains députés pour lui montrer la sortie.
Une vingtaine de membres du caucus ont signé une lettre qui donnait à leur chef de parti jusqu’à lundi pour répondre à leur demande de démission.
L’objectif était de donner à M. Trudeau la fin de semaine pour réfléchir à ce qu’ils lui ont dit lors d’une réunion à huis clos du caucus, mercredi dernier.
Selon le député du Nouveau-Brunswick Wayne Long, plusieurs députés libéraux ont alors expliqué à M. Trudeau pourquoi il devrait tirer sa révérence avant le prochain scrutin.
Mais interrogé le lendemain matin par les journalistes, M. Trudeau a été sans équivoque quant à ses projets d’avenir: il dirigera ses troupes lors de la prochaine compagne électorale.
Or, il semble que cette détermination n’ait pas mis fin à la dissidence au sein du caucus libéral.
«Nous continuons de demander et de faire pression pour un vote secret, a déclaré M. Long en entrevue lundi. Nous croyons qu’un vote secret mettrait fin à cette situation une fois pour toutes.»
Il n’existe aucun mécanisme dans les statuts du Parti libéral du Canada qui permettrait aux députés de destituer leur chef contre son gré. Il n’existe pas non plus de moyen pour les députés d’imposer un tel vote de confiance secret.
Mais selon Patrick Weiler, député de la Colombie-Britannique, ce vote de confiance aiderait à restaurer l’unité au sein des élus libéraux. «Ça changerait la discussion, car ça permettrait aux gens d’exprimer ce qu’ils ressentent sans crainte de répercussions», a-t-il expliqué en entrevue à La Presse Canadienne, lundi.
Yvan Baker, député libéral ontarien, a lui aussi estimé lundi que «la meilleure façon d’unifier le caucus» serait de permettre aux députés de «voter confidentiellement sans avoir peur des conséquences». M. Baker n’a pas voulu préciser si ce vote serait officiellement demandé lors de la réunion hebdomadaire du caucus mercredi.
Pas question d’embêter le gouvernement
Bien que la date limite de lundi soit maintenant passée, M. Long soutient que les libéraux qui ont signé la lettre n’ont pas l’intention de bloquer les travaux au Parlement ou de semer des embûches au gouvernement.
«Personne ne veut faire exploser le parti. Je veux dire: ça n’a jamais été notre intention», a déclaré M. Long, qui aurait tout de même aimé que son chef prenne plus de temps pour réfléchir à ce que ressent le caucus.
Au lieu de cela, M. Long et d’autres députés pensent à leurs propres projets d’avenir. «Je suis libéral et fier de l’être, mais il y aura aussi un moment où je devrai me regarder dans le miroir et me dire: « OK, qu’est-ce que je fais ici maintenant ? Comment puis-je siéger au sein d’un caucus où je ne suis pas vraiment d’accord avec celui qui le dirige ? »», a-t-il expliqué.
«C’est une question que je me pose moi-même, et je pense que beaucoup d’autres députés devront peut-être se la poser au cours de la journée ou de la semaine à venir.»
Le gouvernement Trudeau sera de nouveau mis à l’épreuve mardi, date limite fixée par le Bloc québécois pour adopter deux projets de loi auxquels ce parti tient particulièrement: une augmentation des prestations de sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 à 74 ans, et une garantie de maintien de la gestion de l’offre dans toute négociation d’accords commerciaux internationaux.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a menacé d’entamer des discussions avec d’autres partis d’opposition pour renverser le gouvernement minoritaire si les libéraux ne se conformaient pas à ces demandes d’ici le 29 octobre. M. Blanchet doit faite le point là-dessus mardi matin en conférence de presse.
Le Bloc a jusqu’ici voté contre les deux motions de censure présentées par les conservateurs au cours de la session d’automne du Parlement. Les conservateurs se sont engagés à forcer d’autres votes de censure, mais il leur faudrait probablement l’appui du Bloc et des néo-démocrates pour renverser le gouvernement et forcer la tenue d’élections générales anticipées.
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, s’est dit prêt, lundi, à «travailler avec n’importe qui pour déclencher une élection».