Des groupes espèrent que le financement de la recherche sera haussé dans le budget

Jordan Press, La Presse Canadienne
Des groupes espèrent que le financement de la recherche sera haussé dans le budget

OTTAWA — Des dirigeants d’écoles postsecondaires et des étudiants croient que les libéraux devraient s’engager déjà dans l’«économie post-pandémique» en augmentant les dépenses de recherche dans le budget fédéral, attendu jeudi. 

Le président d’Universités Canada, Paul Davidson, s’attend à ce que ce budget comprenne certaines des promesses sur les dépenses de recherche faites lors de la campagne électorale de l’an dernier. Il cite notamment le financement de 1000 nouvelles chaires de recherche du Canada et des millions de dollars supplémentaires investis annuellement pour la recherche de pointe et la recherche exploratoire.

M. Davidson estime que le respect de ces promesses pourrait contribuer à garder au Canada une cohorte de chercheurs jusqu’à la prochaine décennie, plutôt que de risquer de les perdre dans la concurrence mondiale pour le recrutement de talents, qui s’est intensifiée pendant la pandémie.

Le président d’Universités Canada soutient aussi que cela empêcherait le Canada de prendre du retard sur des pays comparables comme les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont fait du financement de la recherche un pilier de leurs plans de croissance post-pandémique.

«Il ne s’agit pas uniquement de soutien immédiat, a-t-il dit. Nous bâtissons un écosystème de recherche qui soutient le programme d’innovation du Canada, qui soutient notre programme de croissance économique, et c’est pourquoi nous avons besoin d’investissements.»

Il y a maintenant cinq ans, un comité consultatif scientifique mandaté par les libéraux avait publié un rapport qui montrait la voie pour augmenter le financement de la recherche et du développement qui, au pays, avait lentement diminué au cours des 15 années précédentes.

De multiples propositions sur le financement de la recherche ont été soumises au Comité permanent des finances des Communes, lors de ses consultations prébudgétaires. On demandait à l’unanimité des milliards de dollars de nouvelles dépenses pour les bourses de recherche, les bourses postdoctorales et les organismes subventionnaires.

Séparer les collèges et les universités?

Dans son rapport final, publié à la mi-mars, le comité a recommandé notamment 120 millions $ de plus, sur une base récurrente, pour les bourses étudiantes en recherche. On recommandait aussi d’investir une somme supplémentaire et permanente de 40 millions $ par année pour «développer la capacité de recherche appliquée des collèges et instituts», et d’étendre la propriété intellectuelle financée par l’État, afin de maximiser les avantages de la recherche liée à la COVID-19.

Denise Amyot, PDG de Collèges et instituts Canada, a déclaré que les industries et les établissements ont besoin d’aide pour commercialiser plus facilement la recherche. Elle estime également que le financement fédéral devrait être séparé pour les universités et pour les collèges, afin de reconnaître qu’il existe une différence dans leur objectif de recherche.

«Si nous prenons au sérieux la compétitivité, si nous prenons au sérieux la productivité, nous avons besoin d’un fonds spécifique pour nos collèges et pour nos universités, afin de commercialiser la recherche de pointe», a-t-elle soutenu.

M. Davidson s’attend par ailleurs à ce que la ministre des Finances, Chrystia Freeland, annonce jeudi dans son budget des investissements dans la cybersécurité pour les chercheurs.

Mais la pression pour que toutes ces dépenses soient engagées dès maintenant a diminué depuis que les libéraux ont conclu un accord avec les néo-démocrates pour obtenir un soutien lors des votes de confiance aux Communes — notamment le budget. En échange, le NPD pourra fait avancer ses priorités comme l’assurance-médicaments et les soins dentaires aux plus démunis.

L’entente est conçue pour maintenir le gouvernement libéral minoritaire au pouvoir jusqu’en 2025, ce qui donne au gouvernement une plage plus longue que prévu pour mettre en place ses promesses électorales.

M. Davidson a déclaré que le gouvernement pourrait donc utiliser ce budget pour lancer un plan de recherche à plus long terme, en étalant les dépenses sur les prochaines années.

Un délai plus long devrait donner au gouvernement l’occasion d’examiner les secteurs de recherche sur lesquels le pays devrait se concentrer, et la formation professionnelle nécessaire pour y parvenir au cours des 10 à 15 prochaines années, a estimé Elliot Hughes, qui était conseiller de l’ancien ministre des Finances Bill Morneau.

«Avant de nous précipiter en disant que nous allons faire de la ‘recherche’, essayons de lier tout ça à une stratégie économique et de formation professionnelle plus large, afin qu’il y ait une certaine cohérence, un alignement sur tous ces éléments», a déclaré M. Hughes, aujourd’hui conseiller principal chez Summa Strategies.

«Ça prend du temps, et ça demande de la concentration, et ça demande des efforts de la part d’un large éventail de ministres — et leur implication.»

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