MONTRÉAL — Temima Silver attend l’appel pour se présenter au service militaire israélien.
Née et élevée à Ottawa, la jeune femme de 21 ans a déménagé en Israël en 2020 pour se joindre à L’Armée de défense d’Israël. Libérée du service l’année dernière, Mme Silver a déclaré qu’elle avait récemment répondu à un appel demandant aux membres de son ancien peloton de reprendre volontairement leurs fonctions après l’attaque du Hamas contre Israël samedi.
Des centaines de personnes, dont de jeunes enfants, ont été tuées dans ces attaques, qui visaient notamment un festival de musique et des colonies agricoles communales. «Qu’y a-t-il d’autre à faire que sortir et se battre ?», demande Mme Silver.
Les réservistes israélo-canadiens comme elle affirment qu’ils se portent volontaires parce qu’ils croient que c’est la bonne chose à faire, même s’ils n’ont pas hâte de se battre.
«Si vous ne croyez pas avoir une chance de réussir, alors vous ne croyez pas en un avenir pour les générations futures d’Israël, de Juifs, de vos frères et sœurs. Il n’y a pas de choix possible», a-t-elle déclaré mercredi dans une entrevue.
«C’est une chose horrible»
Mme Silver a décidé de rester en Israël après avoir quitté l’armée et vit désormais près de Tel-Aviv. Elle est d’avis que le succès de la guerre entre Israël et le Hamas impliquera la libération de plus de 150 otages détenus par des groupes militants, ainsi que la garantie de la sécurité des Israéliens.
«La guerre n’est pas une belle chose. Même si j’ai servi dans l’armée et comme soldat de combat, je ne suis pas assise ici, heureuse que nous partions en guerre, a-t-elle déclaré. C’est une chose horrible. Cela prend des ressources, des vies, de la douleur et du cœur des gens.»
Mme Silver a déménagé en Israël en tant que « soldat solitaire » — une personne originaire d’un autre pays qui n’a pas de famille en Israël — après avoir été témoin d’incidents antisémites dans son école secondaire. Depuis qu’elle a déménagé dans l’État juif, elle a déclaré qu’elle ressentait un sentiment d’appartenance et qu’elle n’avait pas à avoir peur parce qu’elle était juive.
Josephine Buchman, qui a immigré au Canada depuis Israël en 2012 et vit maintenant dans la région de Toronto, a travaillé au recrutement pendant son service militaire en Israël et n’a jamais été membre de la réserve. Elle a ajouté que les Israéliens à l’étranger ne sont pas obligés de reprendre du service s’ils sont appelés, mais que beaucoup reviennent quand même.
D’autres Israéliens qui vivent à l’étranger trouvent différentes manières d’aider, a-t-elle déclaré. Mme Buchman a indiqué qu’elle collectait des fonds pour une unité de parachutistes en Israël. Avec plus de 360 000 réservistes mobilisés, il y a une pénurie de gilets pare-balles, de bottes et d’équipements tactiques, a-t-elle expliqué.
«Je suis heureuse pour mes enfants que nous ne soyons pas là, mais je suis tellement déchirée parce que toute ma famille, mes amis, les gens avec qui j’ai grandi, ils sont tous là», a-t-elle témoigné jeudi.
«Personne n’a hâte»
Noy Leyb, qui a grandi à Calgary, mais vit maintenant à New York, a pris le premier vol possible vers Israël après avoir entendu parler des attaques du Hamas afin de retourner dans l’armée, où il a servi comme parachutiste.
«Avant même que mon unité ne me contacte, j’ai acheté un billet d’avion pour rentrer chez moi», a-t-il déclaré mercredi dans une entrevue.
M. Leyb a quitté le Canada en 2009, à 18 ans, pour rejoindre l’armée israélienne. Depuis qu’il a terminé son service actif, il continue de retourner en Israël pour s’entraîner comme réserviste une ou deux fois par an. Il est arrivé en Israël dimanche soir et s’est présenté au travail le lendemain matin.
«Personne n’a hâte. Personne ne veut vraiment être ici, a-t-il témoigné. Mais nous avons des gens qui nous tuent, des gens qui nous torturent, des gens qui nous kidnappent et qui font des choses que même l’État islamique ne nous a pas faites. Donc nous ne voulons pas être ici, mais nous devons être ici.»
Pour Noy Leyb, la victoire sera la destruction totale du Hamas, qui dirige Gaza depuis sa prise du pouvoir en 2007.
«Pour moi, comme pour beaucoup d’autres, la victoire consistera à se battre jusqu’à ce que le dernier membre du Hamas soit parti, jusqu’au dernier membre, et que Gaza devienne un endroit différent, non dirigé par des terroristes, non dirigé par des gens qui appellent à la destruction d’Israël», a-t-il illustré.
M. Leyb a déclaré que l’armée israélienne prend de nombreuses mesures pour éviter les pertes civiles, et bien qu’il reconnaisse que certains mourront quand même dans le conflit, il impute cela au Hamas, que le gouvernement canadien considère comme une organisation terroriste.
«Le Hamas place ses hommes ici, il les utilisent comme boucliers humains… Malheureusement, des deux côtés, il y a des victimes civiles. Nous n’allons pas laisser le Hamas nous marcher dessus, nous allons rester debout. Nous allons nous défendre et cela fait partie de la guerre», a-t-il affirmé.