Élection présidentielle aux É.-U.: le Canada veut être prêt à toute éventualité

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Élection présidentielle aux É.-U.: le Canada veut être prêt à toute éventualité

WASHINGTON — Les provinces tendent la main aux démocrates et aux républicains pour plaider la cause de la coopération, renforçant ainsi les efforts du gouvernement fédéral pour garantir que le Canada soit prêt à toute éventualité lors des prochaines élections américaines.

La directrice générale de la Future Borders Coalition et experte des relations canado-américaines, Laura Dawson, dit constater que les provinces et Équipe Canada intensifient leurs efforts.

Le premier ministre Justin Trudeau, dont les libéraux sont arrivés au pouvoir en octobre 2015, a été critiqué pour son manque de préparation à la première présidence de Donald Trump après les élections américaines de 2016.

La relation entre les deux pays a été particulièrement cahoteuse tout au long du mandat de quatre ans du leader républicain.

Le gouvernement libéral adopte cette fois-ci une approche plus proactive pour renforcer les liens avec les camps de Trump et de Joe Biden.

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, se rend souvent aux États-Unis. L’ambassadrice du Canada à Washington, Kirsten Hillman, joue aussi sa partition en rencontrant des dirigeants locaux, des groupes d’intérêts et des personnalités du milieu des d’affaires.

Mme Dawson dit que des représentants fédéraux parlent à leurs collègues américains pour rappeler l’importance des relations entre les deux pays.

Les provinces, elles, s’occupent de sujets plus précis comme l’énergie hydro-électrique, les enjeux agricoles, les chaînes d’approvisionnement dans un secteur particulier et les investissements communs à l’échelle locale et régionale.

«Le gouvernement fédéral compte vraiment sur les représentants provinciaux pour identifier de façon précise les secteurs dans lesquels les Américains et les Canadiens collaborent», lance Mme Dawson.

L’ACEUM en ligne de mire

Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, accompagné de l’ancien premier ministre et ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis, Gary Doer, s’est récemment rendu à Washington et à New York.

«Le but de notre voyage était vraiment de nouer des relations des deux côtés», explique M. Kinew.

La principale préoccupation des représentants canadiens est la révision imminente de l’accord Canada-États-Unis-Mexique en 2026. Les deux principaux candidats à la présidentielle prônent des politiques protectionnistes qui pourraient créer des incertitudes pour le commerce canadien.

Au cours de sa présidence, Donald Trump a forcé la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain et son administration a imposé des tarifs douaniers d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, en particulier sur les importations chinoises.

Joe Biden a largement maintenu ces tarifs en place, malgré les promesses de les annuler. Il y a également eu des tensions à propos des règles d’achat «Buy American» de l’administration Biden.

Wab Kinew indique que son équipe voulait s’assurer qu’il soit bien compris que le commerce avec le Manitoba est bon pour les États-Unis et ses citoyens.

«Si nous présentons cet argument d’intérêt personnel à un public américain, c’est une très bonne base pour que nous puissions continuer à prospérer des deux côtés de la frontière», fait-il valoir.

Il est essentiel de maintenir une relation de travail constructive, soutient James Rajotte, haut représentant de l’Alberta aux États-Unis.

«La qualité de vie des gens qui vivent en Alberta est évidemment très directement liée aux décisions politiques ici et aux relations commerciales que nous entretenons», rappelleM. Rajotte.

Dans certaines discussions, il pourrait mener la conversation sur le bilan de l’Alberta en matière de réduction des émissions. Dans d’autres, M. Rajotte pourrait se concentrer sur le rôle que le Canada et l’Alberta peuvent jouer en matière de fiabilité et de sécurité énergétiques.

«Sur de nombreuses questions commerciales, l’administration Trump et l’administration Biden ne sont pas vraiment très éloignées l’une de l’autre», affirme-t-il.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, s’est également rendu récemment à Washington. Son cabinet dit qu’il était important de montrer que la relation «est caractérisée par des intérêts complémentaires et non concurrentiels».

Un argument de vente clé pour de nombreux Canadiens est l’approvisionnement essentiel du pays en minéraux.

«C’est un domaine dans lequel, même au milieu de la saison électorale qui s’intensifie, il existe un certain attrait bipartisan», souligne le premier ministre Kinew.

Les démocrates veulent des minéraux essentiels pour faire progresser l’électrification et le programme climatique, a ajouté le premier ministre manitobain, et les républicains les veulent pour leurs utilisations en défense et le développement économique général.

«Nous constatons maintenant un grand intérêt pour les minéraux essentiels de l’Ontario et les avantages de l’énergie nucléaire parmi nos partenaires aux États-Unis», rapporte David Paterson, le représentant de la province à Washington, dans un communiqué envoyé par courrier électronique.

Mme Dawson affirme que les Canadiens doivent se concentrer sur un mot clé qui trouve un écho chez les Américains: la sécurité. Cela peut signifier la sécurité énergétique, la sécurité financière ou même la sécurité dans l’Arctique, détaille-t-elle.

«Toute (expression) contenant le mot ‘sécurité’ attire beaucoup plus d’attention que le simple ‘nous construisons des choses ensemble’.»

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires