OTTAWA — L’animateur Patrice Roy sera le modérateur du débat des chefs en français lors des prochaines élections fédérales.
Patrice Roy est «un pilier du journalisme politique», a vanté, lundi, le directeur général de la Commission des débats des chefs, Michel Cormier, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Journaliste chevronné, Patrice Roy a notamment animé les débats des chefs fédéraux de 2019 et de 2021, et ceux lors des élections québécoises en 2018 et 2022.
M. Roy est le chef d’antenne pour les élections à Radio-Canada. Il est également à la barre des émissions «Le téléjournal avec Patrice Roy» à Radio-Canada et «En direct avec Patrice Roy» sur RDI.
C’est la Société Radio-Canada qui a remporté l’appel d’offres pour la production du débat en français et à qui revenait ainsi le choix du modérateur, a indiqué la commission des débats.
La modération de débats des chefs par Patrice Roy a été ponctuée de moments mémorables. En 2019, il avait fait couper les micros après avoir imploré les chefs d’y aller «un à la fois», puis avoir déclaré qu’il constate «le meilleur exemple d’une cacophonie».
Un an plus tôt, la septuagénaire Raymonde Chagnon avait volé la vedette en lui répondant n’être «pas tellement» impressionnée par la réponse que venaient de lui servir les chefs des partis provinciaux à une question qu’elle leur avait posée en direct.
Radio-Canada sera également chargée de promouvoir et de distribuer le débat. Il sera disponible pour diffusion gratuitement aux autres médias, réseaux et plateformes. Le réseau TVA, qui à l’habitude de faire bande à part et d’organiser son «Face-à-Face», n’a pas indiqué s’il entend diffuser le prochain débat.
«On a pris acte»
Le débat en anglais sera quant à lui produit par CBC, le pendant anglophone de Radio-Canada, et sera modéré par Steve Paikin, l’animateur d’une émission d’affaires publiques sur TVO.
Steve Paikin a animé trois débats lors d’élections fédérales, en 2006, 2008 et 2011, et cinq lors d’élections ontariennes, en 2007, 2011, 2014, 2018 et 2022.
À la lumière de la controverse provoquée par une question lors du débat anglais de 2021, M. Cormier a expliqué que la commission des débats a, cette fois, «très bien expliqué» dans les appels d’offres que «les questions doivent être posées de façon neutre et ne doivent pas être basées sur des opinions personnelles et politiques».
La prédécesseure de M. Paikin, Shachi Kurl, s’était retrouvée dans l’eau chaude pour avoir lancé au chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qu’il nie que «le Québec a des problèmes de racisme» tout en défendant des projets de loi qui «marginalisent les minorités religieuses, les anglophones et les allophones».
Le tollé a alimenté le sentiment nationaliste au Québec au point d’être un point tournant dans la campagne du Bloc qui a grimpé dans les intentions de vote en en faisant ses choux gras.
Le consortium des médias avait refusé de se rétracter, soutenant que la question «n’affirmait pas que les Québécois sont racistes». Mais le Conseil de presse du Québec avait plutôt blâmé la modératrice. Il avait jugé que, contrairement à ce qu’elle laissait entendre, le terme «racisme» employé dans ce contexte relève d’une opinion et non d’un fait avéré.
Un format «plus fluide»
La commission des débats a récemment annoncé qu’il n’y aura désormais qu’un seul modérateur sur le plateau plutôt qu’un panel de journalistes qui posent des questions aux chefs.
«L’idée derrière ça, c’est d’avoir un débat qui est plus simple, plus flexible, qui va susciter davantage d’échanges entre les chefs et aussi qui va leur donner plus de temps, si on veut, pour exposer leurs idées», a expliqué M. Cormier.
Il a mentionné que des spectateurs s’étaient plaints que les chefs se faisaient presser en raison des segments très chronométrés où chacun avait quelques secondes ou une minute pour exposer ses idées.
Les chefs des principaux partis politiques fédéraux recevront leur carton d’invitation une fois que l’élection sera déclenchée. Aucun d’entre eux n’a jusqu’à présent indiqué qu’il compte participer aux débats.
ll n’a pas non plus été décidé si les microphones seront coupés lorsque l’un ou l’autre des chefs a la parole comme ça a été le cas lors du seul débat qui a opposé le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris lors du débat présidentiel du mois dernier.
M. Cormier a cependant signalé qu’«on n’est pas très chaud à cette idée-là» étant donné que ce serait difficile à gérer. Ce serait «un dernier recours parce que c’est quand même radical comme moyen», a-t-il affirmé.
Les élections fédérales doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025, mais le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau pourrait tomber à tout moment.