PHILADELPHIE — Il y a beaucoup de travail à faire pour lutter pour les valeurs progressistes et les travailleurs des deux côtés de la frontière canado-américaine, a déclaré mardi le premier ministre Justin Trudeau, à Philadelphie.
Lors de son premier voyage aux États-Unis depuis le lancement d’une nouvelle opération charme d’«Équipe Canada», M. Trudeau a affirmé que son gouvernement poursuivait ses efforts à long terme pour rendre les chaînes d’approvisionnement nord-américaines plus résilientes.
«Le Canada et les États-Unis jouissent du partenariat le plus fructueux au monde. Équipe Canada travaille avec ses partenaires américains pour resserrer ces liens, faire croître nos économies, garder notre air pur, créer des emplois bien rémunérés et bâtir un avenir meilleur et plus juste. Ensemble, nous faisons en sorte que les gens des deux côtés de la frontière soient bien placés pour saisir les occasions qui s’offrent à eux», a indiqué M. Trudeau, dans un communiqué de presse mardi soir.
Plus tôt dans la journée, il s’est dit optimiste quant au fait que le message du Canada continuerait de résonner dans les années à venir, à l’approche d’élections américaines qui pourraient réélire l’ancien président Donald Trump.
Le «meilleur argument» contre de futures mesures commerciales punitives est que celles-ci «nuiraient également aux emplois américains», a-t-il souligné.
Cette visite survient cinq mois après que M. Trudeau a dépêché ses ministres de l’Industrie et du Commerce international pour diriger la nouvelle stratégie commerciale américaine avec les chefs d’entreprise, les syndicats, les Villes et les États.
Le premier ministre a fait ces commentaires après avoir pris la parole lors du congrès quadriennal nord-américain du Syndicat international des employés de services (SEIU).
Il s’est adressé à une foule réceptive pendant environ 25 minutes, soulignant les liens étroits entre les deux pays, tout en prenant le temps de vanter certaines des politiques de son gouvernement, notamment une législation qui interdirait le recours à des travailleurs de remplacement lors d’une grève et un projet de loi visant à fournir un accès gratuit aux contraceptifs.
«En cette période de crise mondiale et de profonde incertitude, le Canada et les États-Unis savent que nous pouvons compter l’un sur l’autre. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous rappeler à quel point un partenariat comme le nôtre est inestimable.»
La vice-présidente américaine Kamala Harris est montée sur scène avant Justin Trudeau. Le bureau de Mme Harris a fait savoir qu’elle avait discuté avec M. Trudeau de coopération sur une série de questions bilatérales, régionales et mondiales.
La perspective d’une nouvelle présidence Trump
Les Américains se dirigent vers une élection présidentielle qui sera cruciale pour les deux pays.
Un éventuel retour à la Maison-Blanche de Donald Trump rappelle les relations bilatérales difficiles de son premier mandat.
Il a déjà promis d’instaurer une taxe de 10 % sur toutes les importations s’il gagne une seconde fois.
En janvier, M. Trudeau a reconnu qu’une deuxième présidence Trump ne figurait pas sur la liste de souhaits du Canada.
«Ce n’était pas facile la première fois et s’il y a une deuxième fois, ce ne sera pas facile non plus», avait-il reconnu dans un discours à Montréal.
Il avait alors souligné qu’il avait passé beaucoup de temps durant la présidence Trump avec les gouverneurs des différents États américains pour leur rappeler à quel point ils dépendaient du Canada.
Une semaine plus tard, il a lancé la nouvelle «stratégie d’Équipe Canada sur l’engagement avec les États-Unis».
Sa visite d’une journée à Philadelphie comprenait également une rencontre avec le gouverneur de la Pennsylvanie, Josh Shapiro, une étoile montante du Parti démocrate qui figure sur une courte liste de personnes susceptibles de se présenter à l’élection présidentielle de 2028.
Il s’agit d’une stratégie similaire à celle employée pendant la présidence Trump, lorsqu’Ottawa évitait autant que possible de s’en prendre directement à lui et se tournait plutôt vers les entreprises et les gouvernements des États qui étaient plus ouverts aux discussions.
Les relations bilatérales pendant le mandat du président Joe Biden ont été plus amicales, mais non sans heurts.
Le Canada et les États-Unis ont travaillé de concert dans un certain nombre d’innovations en matière de technologies propres, comme les liens croissants dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques, notamment les minéraux essentiels, les batteries de véhicules électriques et les semi-conducteurs.
Mais au départ, M. Biden avait l’intention d’offrir un crédit d’impôt pour les véhicules électriques uniquement aux voitures fabriquées aux États-Unis. Un effort tous azimuts du Canada a convaincu les États-Unis d’inclure toutes les voitures fabriquées en Amérique du Nord avant que le projet ne soit finalisé.
Le Canada est le principal pays exportateur de l’économie américaine, représentant près d’un cinquième du total des exportations américaines. Le Mexique représente environ un sixième et la Chine moins d’un dixième.
Les États-Unis constituent un marché beaucoup plus important pour les exportations canadiennes, représentant 77% de toutes les exportations canadiennes en 2023, soit près de 600 milliards $.
La Chine occupe la deuxième place avec 30 milliards $, soit 4 % des exportations totales.
Le Canada a investi 30 milliards $ dans le secteur des véhicules électriques au cours des deux dernières années seulement et il est en train de devenir la plaque tournante nord-américaine de la production de batteries pour les véhicules électriques. Bon nombre de ces batteries sont destinées à des véhicules électriques qui seront achevés et vendus aux États-Unis.
Les États-Unis considèrent également le Canada comme un fournisseur clé de minéraux nécessaires à la plupart des technologies propres, notamment l’énergie renouvelable et les batteries.
Tout ajustement des taxes à l’importation pourrait avoir un effet dévastateur sur ce plan.