Fermeture de stations de métro: Québec doit rehausser le financement de l’entretien

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
Fermeture de stations de métro: Québec doit rehausser le financement de l’entretien

MONTRÉAL — Tous les doigts pointaient vers Québec, vendredi matin, pour expliquer la fermeture de trois stations de métro de la ligne bleue en raison de la détérioration importante d’une poutre dans une passerelle à la station Saint-Michel.

En point de presse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a expliqué que le volet du financement qui est consacré à l’entretien des actifs de transport en commun a été réduit comme peau de chagrin au fil des ans, de sorte qu’on arrive mal à assurer cet entretien. «Les investissements de la part du gouvernement provincial en matière de maintien d’actifs sont loin d’être à la hauteur des besoins. On est au niveau le plus bas depuis 2013 en matière d’investissements de la part du gouvernement du Québec sur le maintien d’actifs.»

Réduction d’un milliard

Le président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM), Éric Alan Caldwell, a renchéri, chiffres à l’appui. «Dans le plan d’investissement du gouvernement, on est passé de 3,6 milliards $ en maintien d’actifs qu’on prévoyait il y a dix ans à 2,6 milliards $ qu’on prévoit aujourd’hui pour les 10 prochaines années. Il en faut plus.»

Seulement cette année, a-t-il précisé, «on investit présentement autour de 300 millions $ pour le maintien des actifs du métro. On aurait besoin de 500, 550 (millions $)».

Plus tôt le matin, la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, avait fait écho aux mêmes chiffres. «Au cours des deux dernières années, il n’y a pas eu de confirmation de nouveaux crédits d’investissement dans le maintien d’actifs par le gouvernement du Québec et ça nous préoccupe grandement. (…) Quand on n’investit pas suffisamment dans nos infrastructures, ça veut dire qu’on a plus de pannes, moins de fiabilité, on a plus d’inondations, on a moins d’escaliers mécaniques qui fonctionnent.»

Entre les deux points de presse, le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, n’a pas raté l’occasion de s’en prendre au gouvernement Legault, brandissant un graphique qui montre la baisse constante des investissements. «Ce qui se passe aujourd’hui à Montréal ne se serait pas passé si, dans les dernières années, le gouvernement du Québec avait fait son travail et avait investi dans l’entretien du transport collectif plutôt que de se déresponsabiliser et pelleter ça dans la cour des municipalités.»

Geneviève Guilbault à l’écart

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui devait être à Montréal vendredi avant-midi pour «une importante annonce» concernant la prolongement de la ligne bleue, avait plutôt décidé de rester à distance, publiant le message suivant sur la plateforme X: «Depuis hier (jeudi), nous collaborons avec la STM dans la gestion de la situation du métro. J’ai parlé à M. Caldwell et réitéré notre soutien à la mairesse Valérie Plante. Vu le contexte, j’ai demandé qu’on reporte l’annonce du prolongement de la ligne bleue.»

Valérie Plante n’a pas caché une certaine amertume face à cette absence. «Je suis toujours heureuse de recevoir mes collègues du gouvernement provincial et fédéral pour les annonces, mais aussi quand il y a des enjeux difficiles comme ceux-là», a-t-elle laissé tomber.

Mme Plante en a aussi profité pour faire ce que François Legault aime aussi faire chaque fois qu’il en a l’occasion, soit de comparer le Québec à l’Ontario. «On peut se comparer à l’Ontario, on peut se comparer à Toronto où les investissements en maintien d’actifs sont beaucoup plus importants qu’ici au Québec et ça nous rappelle ce matin la triste réalité comme quoi tout le monde, dont la STM, dont la Ville qui contribue bien sûr au budget de la STM, mais dont le gouvernement du Québec doit prendre sa part de responsabilité et y aller davantage aussi avec du financement pour le maintien d’actifs.»

«Quelques jours, voire quelques semaines»

Les usagers du transport en commun qui fréquentent régulièrement les stations Fabre, d’Iberville et Saint-Michel, sur la ligne bleue du métro de Montréal, devront donc prendre leur mal en patience, puisque la fermeture d’urgence des trois stations annoncée jeudi soir pourrait s’étirer sur «quelques jours, voire quelques semaines», selon Mme Léonard.

La fermeture des stations Fabre et d’Iberville est devenue nécessaire parce que le seul autre endroit disponible pour permettre aux trains de changer de direction se trouve à la station Jean-Talon. Un service de navette d’autobus, la ligne 809, a été mis en place dès jeudi soir. Les autobus s’arrêtent aux stations fermées dans les deux directions.

«On ne peut pas se permettre de mettre la sécurité de quiconque en jeu. Pour opérer un métro, ça prend de la sécurité, ça prend de la fiabilité. Quand la sécurité n’est pas au rendez-vous, on se doit de prendre la décision qu’on a prise», a plaidé la directrice générale.

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