QUÉBEC — L’idée de Christian Dubé de forcer les nouveaux médecins à pratiquer un certain nombre d’années dans le système public québécois est «louable», a réagi l’opposition, lundi.
La veille, le ministre Dubé annonçait son intention de légiférer pour retenir les nouveaux médecins. Ceux qui iront pratiquer au privé, ou à l’extérieur du Québec, s’exposeront à des «conséquences», a-t-il laissé savoir.
Selon le gouvernement, 775 médecins au Québec pratiquent exclusivement au privé, une hausse de 70 % en quatre ans. «Le Soleil» a également révélé que 2355 médecins en Ontario ont fait leur doctorat au Québec.
«D’abord, c’est un aveu d’échec de Christian Dubé. L’explosion des médecins pratiquant au privé, c’est précisément sous sa gouverne», a souligné lundi le porte-parole libéral en santé, André Fortin.
«Maintenant, l’objectif de s’assurer que les médecins pratiquent davantage au public est louable et nécessaire», a-t-il ajouté, en recommandant de bien analyser les raisons qui poussent les médecins à l’exode.
«Si on ne fait que retarder leur arrivée au privé, on ne s’attaque pas au fond du problème», a-t-il plaidé.
En entrevue, le porte-parole du Parti québécois en santé, Joël Arseneau, estime également que la Coalition avenir Québec a laissé aller les choses, au point où le privé est en train de siphonner le public.
Il croit qu’il faut même «élargir la réflexion» aux infirmières, qui sont également nombreuses à quitter le système public, et possiblement leur imposer des contraintes similaires.
«On ne peut pas avoir deux poids, deux mesures, a affirmé M. Arseneau. Les médecins le disent de plus en plus: ils ont besoin d’avoir le soutien des infirmières (…) pour être pleinement opérationnels.»
Lundi matin, le Collège des médecins a énoncé ses propres principes concernant le privé en santé, dans lesquels il demande notamment que «l’expansion du secteur privé en santé soit suspendue immédiatement».
«Le ministre Dubé et le Collège des médecins nous donnent raison», s’est réjoui dans une déclaration écrite le porte-parole de Québec solidaire en santé, Vincent Marissal.
«Le privé fait mal à notre réseau de la santé . L’idée de M. Dubé est bonne, mais ça ne va pas assez loin considérant l’ampleur du problème.
«Ça ne ramènera pas les 800 médecins qui ont déjà déserté le réseau public. Ça va en prendre plus pour freiner l’essor des cliniques privées, par exemple», a-t-il dit.
Mardi matin, M. Marissal interpellera Christian Dubé pendant deux heures au Salon rouge sur «la montée de la privatisation dans les soins de santé au Québec».