Il sera possible de magasiner sur le Panier bleu pour Noël

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne
Il sera possible de magasiner sur le Panier bleu pour Noël

MONTRÉAL — Deux ans après sa création, le Panier bleu a trouvé des partenaires pour affronter Amazon sur ses terres avec un site transactionnel qui sera accessible pour la période de magasinage des Fêtes.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en a fait l’annonce lundi, à Anjou, dans un magasin du détaillant de produits pour les animaux domestiques Mondou. Le ministre était accompagné de ses partenaires du Fonds de solidarité FTQ, du Mouvement Desjardins et de Lightspeed. «La plateforme du Panier bleu va devenir la référence pour repérer et encourager nos commerçants», a dit le ministre Fitzgibbon en conférence de presse. 

Géré par un organisme sans but lucratif, le site transactionnel du Panier bleu devient une entrevue privée. Les nouveaux actionnaires fournissent un financement de 22 millions $, dont 12 millions $ du gouvernement par le biais d’Investissement Québec, sous forme de dettes et d’actions. Aucun des partenaires ne détient une participation majoritaire dans l’entreprise.

Le directeur général du Panier bleu, Alain Dumas, affirme que la nouvelle plateforme sera une solution de rechange aux géants du web comme Amazon. «Nous autres, ce qu’on garantit, c’est que tout achat sur notre plateforme va avoir un lien direct avec l’économie québécoise. […] On ne fermera pas Amazon demain matin, on en est conscient, mais on est une alternative pour les gens pour qui l’achat local est important.»

Pour vendre sur le Panier bleu, les commerçants devront avoir leur siège social au Québec. Les détaillants étrangers, mais dont 75 % des magasins au Québec sont détenus par des franchisés locaux, auront aussi accès à la plateforme. Les articles vendus devront également être entreposés au Québec au moment de la vente. «On veut éviter, par exemple, les sites miroirs qui vendent directement de fournisseurs étrangers», explique M. Dumas.

Il sera possible de trouver des produits fabriqués à l’étranger, mais ceux-ci devront être vendus par des détaillants locaux, a précisé le ministre Fitzgibbon. «Des fois, les consommateurs vont acheter d’un marchand de leur ville un produit fabriqué ailleurs. Ça a une valeur aussi. On ne fera jamais de téléphones ou de télévisions au Québec. Je préfère que les consommateurs les achètent d’un marchand de proximité sur le Panier bleu que sur Amazon.»

La plateforme transactionnelle du Panier bleu va offrir une vitrine aux détaillants québécois qui veulent mettre de l’avant leur appartenance à l’économie locale, a réagi le chef de la direction de Mondou, Pierre Leblanc, en marge de la conférence. 

«Je pense que tous nos clients savent que nous sommes une entreprise québécoise. Par contre, dans le reste de la population, qui ne vient pas chez nous, ils vont peut-être découvrir un nouveau partenaire local.» 

Une deuxième chance

Reste à voir si les consommateurs voudront donner une deuxième chance au Panier bleu qui avait reçu un accueil mitigé tandis que la plateforme n’offrait pas de plateforme transactionnelle. 

Seulement 14 % des Québécois auraient utilisé le Panier bleu, selon un sondage de NETendances dévoilé en mars. Un peu moins de la moitié des répondants, soit 46 %, ont dit qu’ils utiliseraient l’outil une fois qu’il aura un volet transactionnel.

Bâtir un site transactionnel, qui devait être prêt initialement pour la période des Fêtes 2021, prend du temps, a défendu M. Dumas. Il souligne que le Panier bleu sera un «écosystème complet», tandis que les commerçants auront aussi accès à des services logistiques

«Faire un écosystème complet, ça prend plus d’efforts qu’on ne le croyait au départ, explique-t-il. On ne voulait pas décevoir les gens. Donc, on a vraiment pris le temps de le faire de la bonne façon.»

Si l’entreprise agit comme point de contact entre les marchands et les entreprises logistiques, le Panier bleu ne concurrencera pas les entreprises de logistique, assure toutefois M. Dumas. L’entreposage et le transport des biens vendus sur le Panier bleu se feront par le biais d’entreprises déjà établies au Québec. «Il existe une offre logistique, très définie au Québec et on veut utiliser l’offre qui est là. On ne veut pas devenir un compétiteur de l’offre logistique au Québec.»

La création de la nouvelle plateforme est une occasion pour les plus petits commerçants québécois, qui sont souvent «sous-équipés» technologiquement, de prendre le virage numérique, croit le chef de la gestion des revenus et des clients chez Lightspeed, Jean-David Saint-Martin. En plus de son investissement, l’entreprise montréalaise spécialiste du commerce infonuagique va offrir gratuitement aux marchands l’accès à ses solutions pendant 12 mois afin de leur permettre de «se moderniser» et d’intégrer leur inventaire à celui du Panier bleu.

«C’est certain qu’une entreprise qui essaie de tirer son épingle du jeu, d’avoir une marque en ligne et de faire connaître son nom, ça peut être étourdissant et dispendieux. D’avoir des outils comme ça pour les aider, ça fait une grosse différence.»

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