MONTRÉAL — La mort tragique des fillettes Carpentier, Norah, 11 ans, et Romy, 6 ans, assassinées en juillet 2020 par leur père Martin, 44 ans, qui s’était ensuite enlevé la vie, sera à nouveau scrutée à la loupe.
La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a demandé mercredi à la coroner en chef, Me Pascale Descary, d’ordonner la tenue d’une enquête publique sur cette affaire, qui avait semé l’émoi à travers tout le Québec.
Me Descary a précisé en fin de journée que cette enquête sera présidée par Me Luc Malouin.
«Il y a des questionnements sérieux qui ont été soulevés et qui persistent, et j’ai lu comme vous le cri du coeur de la mère de ces petites filles-là (…) qui a besoin de réponses à ses questions», a déclaré Mme Guilbault en mêlée de presse à Québec.
«J’ai parlé avec la Sûreté du Québec et tout le monde est à l’aise avec l’idée qu’on doit avoir un forum public pour être capable de répondre à un certain nombre de questions», a-t-elle ajouté.
Le député Sol Zanetti, de Québec solidaire, a aussitôt applaudi la décision de la ministre Guilbault, qui fait «enfin» preuve de «gros bon sens», d’après lui.
«Voilà une bonne nouvelle dans ce drame tout à fait regrettable, a-t-il réagi par communiqué. Selon plusieurs policiers, un drame comme celui-là était prévisible et il aurait pu être évité.
«Une enquête publique, c’est la moindre des choses pour apprendre des erreurs du passé. On pourra enfin avoir une opinion indépendante sur la décision d’abolir les unités d’urgence, ce qui aurait nui aux enquêtes.»
Le 8 juillet 2020, Martin Carpentier avait enlevé les deux fillettes et avait pris le large, provoquant un accident sur l’autoroute 20 près de Saint-Apollinaire. Il avait alors abandonné sa voiture et pris la fuite en forêt, emmenant les deux enfants avec lui.
Une alerte Amber avait été déclenchée le 9 juillet, environ 18 heures après l’accident. Les corps de Norah et Romy Carpentier avaient été retrouvés le 11 juillet dans un secteur boisé et celui de leur père, qui se trouvait aussi en forêt, quelques kilomètres plus loin, avait été repéré une dizaine de jours plus tard.
De nouvelles informations
L’émission Enquête, de Radio-Canada, avait dévoilé le 10 mars dernier que de troublantes erreurs auraient été commises par les policiers lors de leur enquête pour retrouver les enfants et leur père.
Lundi dernier, la coroner en chef annonçait qu’il était nécessaire de procéder à «un complément d’investigation» à la lumière de nouvelles informations, tâche qui avait été confiée à Me Sophie Régnière, qui avait elle-même réalisé la première enquête du coroner dans ce dossier. Me Régnière avait recruté un enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), un corps de police qui n’a en aucun moment été associé à l’enquête, pour l’appuyer dans sa recherche d’éléments nouveaux.
L’annonce de la ministre Guilbault va cependant plus loin, en ordonnant la tenue d’une enquête publique complète.
Me Descary a précisé mercredi, dans un communiqué, que «dans les circonstances, Me Malouin poursuivra le travail de recherche et de collecte d’informations amorcé par Me Régnière dans les derniers jours. Ce travail préparatoire donnera lieu à des audiences publiques dont les dates seront annoncées ultérieurement.»
En entrevue à Radio-Canada, lundi, la mère des deux fillettes, Amélie Lemieux, avait demandé à la ministre de déclencher une telle enquête afin de faire toute la lumière sur les circonstances entourant le décès de ses enfants.
