WINNIPEG — Le premier ministre Justin Trudeau réitère qu’il était justifié pour son gouvernement de demander un arbitrage exécutoire pour forcer la fin de l’arrêt de travail survenu la semaine dernière chez les deux principales compagnies ferroviaires du pays, même si certains dirigeants syndicaux accusent Ottawa de leur retirer leurs droits de négociation.
Lors d’un discours de 15 minutes prononcé mercredi à l’occasion d’une réunion de l’Union internationale des opérateurs-ingénieurs, à Winnipeg, M. Trudeau a vanté le bilan de son gouvernement en matière de lois du travail.
Il a soutenu que le recours à l’arbitrage exécutoire pour mettre fin à l’arrêt de travail qui s’était amorcé jeudi dernier à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et au Canadien Pacifique à Kansas City (CPKC) s’est fait «à contrecœur».
«Malheureusement, jeudi dernier, le CN et le CPKC ont pris la décision profondément inutile de mettre en lock-out leurs employés lorsque les négociations ont abouti à une impasse», a déclaré M. Trudeau.
«Cela a entraîné des coûts de plus d’un milliard de dollars par jour en expéditions (…) et a soulevé de graves préoccupations en matière de sécurité publique, notamment concernant le propane pour les hôpitaux isolés et le chlore pour l’eau potable qui sont transportés sur nos chemins de fer.»
Les travailleurs du CPKC ont déclenché une grève au moment même où le lock-out est entré en vigueur. Samedi, le Conseil canadien des relations industrielles a approuvé la demande du gouvernement fédéral et a ordonné un arbitrage exécutoire ainsi que la fin de l’arrêt de travail.
La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, qui représente 9300 travailleurs ferroviaires, a fustigé la décision du gouvernement, affirmant qu’elle prive les travailleurs de leurs droits de négociation.
Les dirigeants des syndicats des débardeurs de Montréal, Vancouver et Halifax ont également critiqué cette décision.
«La décision crée un dangereux précédent pour les futurs conflits de travail, et envoie le signal aux entreprises canadiennes que lorsque les négociations deviennent difficiles, le gouvernement fédéral viendra toujours à leur rescousse pour les aider à bafouer les droits de leurs employés», ont dénoncé les syndicats dans un communiqué de presse conjoint publié mercredi.
Le discours de M. Trudeau a eu lieu à l’approche de l’élection partielle prévue le 16 septembre dans la circonscription d’Elmwood-Transcona, dans l’est de Winnipeg. La circonscription a des liens étroits avec les syndicats et est un bastion du Nouveau Parti démocratique.
Durant son allocution, M. Trudeau a mis de l’avant les changements que son gouvernement a mis en œuvre depuis son arrivée au pouvoir, en 2015. Il a entre autres parlé de la loi interdisant les travailleurs de remplacement pendant les conflits de travail, ce qui a déclenché des applaudissements dans l’auditoire.
M. Trudeau n’a pas répondu aux questions des journalistes mercredi, et les membres des médias ont été priés de quitter la salle avant que les membres du syndicat puissent lui poser des questions.
— Avec des informations de Christopher Reynolds à Montréal