Ingérence: Singh maintient ses liens avec le PM malgré ses craintes sur la démocratie

Mickey Djuric, La Presse Canadienne
Ingérence: Singh maintient ses liens avec le PM malgré ses craintes sur la démocratie

OTTAWA — Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, n’est pas disposé à rompre les rangs avec le gouvernement libéral minoritaire, même après avoir critiqué le premier ministre pour son incapacité à protéger la démocratie canadienne.

Selon M. Singh, tout porte à croire que Justin Trudeau est prêt à accepter un certain niveau d’ingérence étrangère, ce qui affaiblit la démocratie et sape la confiance des Canadiens.

Il a fait ces commentaires après avoir examiné le rapport non expurgé du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui indique qu’un certain nombre de députés ont sciemment fourni de l’aide à des gouvernements étrangers – une information dont Justin Trudeau dispose depuis des mois.

«Il n’est peut-être pas d’accord avec ces renseignements, mais je pense qu’il n’a pas pris les mesures qu’il aurait dû prendre pour faire face à cette situation, a soutenu M. Singh. Il a envoyé le message qu’il est prêt à accepter un certain niveau d’ingérence étrangère.»

Le rapport s’appuie sur des renseignements hautement classifiés, qui ne dressent pas un tableau complet de la situation et qui ne constituent pas une preuve.

Un porte-parole de l’opposition conservatrice a déclaré que si Jagmeet Singh craint vraiment que M. Trudeau ne parvienne pas à protéger la démocratie, il doit retirer son soutien aux libéraux et les laisser affronter les Canadiens lors d’élections.

Mais le chef du NPD a indiqué que son parti ne renoncerait pas à l’accord de confiance et d’approvisionnement qui maintient le gouvernement minoritaire au pouvoir.

«La suggestion selon laquelle les élections sont une solution à l’ingérence électorale est, je pense, une erreur», a affirmé M. Singh.

Plusieurs enquêtes ont révélé que l’ingérence étrangère n’avait pas menacé la capacité du Canada à organiser des élections libres et équitables en 2019 et 2021.

Pourtant, la communauté du renseignement considère le Canada comme un environnement permissif, où des acteurs étrangers ont le loisir de poursuivre leurs intérêts stratégiques.

M. Singh affirme que son parti continuera d’utiliser les outils dont disposent les parlementaires pour trouver des solutions pour lutter contre l’ingérence étrangère, mais il n’a pas précisé ce qui sera fait.

Des mesures insuffisantes

Le gouvernement libéral a pris diverses mesures pour protéger la démocratie canadienne contre l’ingérence étrangère, a constaté le Comité, dans son rapport de la semaine dernière.

Toutefois, il a conclu que ces mesures n’ont pas été suffisamment efficaces et qu’il existe un décalage persistant entre la gravité de la menace au Canada et les efforts pour la contrer.

Le comité estime que cet écart explique pourquoi les gouvernements étrangers – comme ceux de la Chine et de l’Inde – continuent de considérer les élections et les institutions canadiennes comme des cibles faciles pour faire avancer leur programme.

M. Singh a été le deuxième chef d’un parti d’opposition à consulter une version non expurgée du rapport, après Elizabeth May du Parti Vert. Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a affirmé qu’il demanderait une séance d’information, tandis que le chef conservateur Pierre Poilievre a refusé de demander l’habilitation de sécurité requise.

«J’étais heureux que M. Singh ait accepté l’offre du gouvernement de lire le rapport. J’aimerais que M. Poilievre fasse la même chose», a déclaré vendredi le ministre des Institutions démocratiques, Dominic LeBlanc, à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

Il a soutenu que la meilleure façon de rassurer les Canadiens sur les allégations d’ingérence étrangère entourant certains parlementaires anonymes est de permettre à la juge qui mène une enquête indépendante d’examiner les renseignements.

Le renseignement est loin d’être une preuve, a indiqué M. LeBlanc, ajoutant qu’il pense qu’il est «très dangereux» de parler de citer des noms sans avoir «un plus haut degré de fiabilité».

Un projet de loi gouvernemental de grande envergure sur l’ingérence étrangère est devant le Sénat après avoir été adopté à la Chambre des communes cette semaine.

La mesure législative introduirait de nouvelles dispositions pénales contre les actes trompeurs ou clandestins, établirait un registre de transparence sur l’influence étrangère et permettrait le partage d’informations sensibles avec des entreprises et d’autres personnes extérieures au gouvernement.

Le gouvernement a déclaré qu’il espérait que le projet de loi soit adopté avant les vacances d’été du Parlement.

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