La Bibliothèque de l’Assemblée nationale: au cœur de la démocratie québécoise

Thomas Laberge, La Presse Canadienne
La Bibliothèque de l’Assemblée nationale: au cœur de la démocratie québécoise

QUÉBEC — Le travail de député peut être extrêmement exigeant entre les commissions parlementaires, l’étude de projets de loi et le travail en circonscription avec les citoyens. Heureusement pour eux, ils peuvent compter sur une arme secrète: la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, qui joue un rôle essentiel – et pourtant encore méconnu – dans la démocratie québécoise.

Fondée en 1802 dans le Bas-Canada, elle est la quatrième bibliothèque parlementaire la plus ancienne en Amérique du Nord. Au fil des années, l’institution a subi d’importantes transformations.

La Bibliothèque de l’Assemblée nationale est aujourd’hui bien plus qu’un endroit pour consulter des livres: elle est une véritable mine d’or d’informations, en plus d’offrir différents services pour aider les élus québécois dans leurs tâches quotidiennes.

«Un parlementaire qui est, par exemple, porte-parole en matière d’économie et qui veut se tenir au courant des différents développements, des ouvertures et des fermetures d’entreprise à travers le Québec, on peut lui faire une revue de presse ou signaler des rapports publiés par des institutions de recherche», explique la cheffe d’équipe et responsable de la médiation au service de l’information de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, Carolyne Ménard, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Et les élus québécois sont amenés à se prononcer sur un vaste éventail de sujets. Quand le gouvernement dépose un projet de loi sur le logement, par exemple, les députés d’opposition devront formuler des critiques, mais aussi des propositions pour tenter d’améliorer la pièce législative. Ils peuvent alors faire des demandes à la Bibliothèque qui leur fournira de la documentation pertinente et sur mesure permettant d’alimenter leurs interventions.

«On accompagne les parlementaires dans tous les aspects de leur travail (…) en répondant à toutes demandes d’informations, de recherches ou encore de statistiques», indique Carolyne Ménard.

Cela est également vrai pour le travail en circonscription, même s’il se déroule à l’extérieur des murs de l’Assemblée nationale. Mme Ménard affirme d’ailleurs que cela est très apprécié des députés et de leurs employés.

«Souvent, ce sont des petites équipes dans les bureaux de circonscription. (…) On va effectuer plusieurs types de recherches, notamment de subventions», dit-elle.

Mais, bien que les professionnels de l’information de la Bibliothèque alimentent indirectement le débat démocratique entre les partis politiques par le biais de leurs recherches, ils doivent toujours s’assurer de conserver leur objectivité dans leur travail.

«On a des gens avec un sens de l’éthique impeccable qui considèrent l’importance de la neutralité comme étant le fondement de notre travail. La confidentialité aussi», indique Carolyne Ménard.

La Bibliothèque de l’Assemblée nationale n’est donc pas responsable de la manière dont les élus vont utiliser – ou omettre d’utiliser – l’information qui leur a été fournie.

«On demeure très professionnel à ce niveau-là», assure la cheffe d’équipe. Les employés de la Bibliothèque se doivent donc d’être des travailleurs de l’ombre.

«ChatGPT, peux-tu travailler à la Bibliothèque?»

Les élus ne sont pas les seuls qui peuvent bénéficier des services de la Bibliothèque. Elle répond aussi aux demandes du personnel des députés et des partis politiques ainsi que des employés du secteur administratif de l’Assemblée nationale.

Les journalistes parlementaires à Québec peuvent aussi faire appel aux services de l’institution. (La Presse Canadienne y a d’ailleurs régulièrement recours.)

Peu importe la provenance de la demande, la Bibliothèque cherche à répondre aux questions et à fournir de l’information sous différents formats en fonction des besoins exprimés. En bref, elle agit comme une sorte de ChatGPT, mais avec un plus grand souci de rigueur et d’exactitude.

D’ailleurs, l’institution s’est récemment penchée sur la question de l’intelligence artificielle afin de savoir comment elle pourrait contribuer à ses recherches.

«On a effectué des tests. (…) Pour l’instant, ce n’est pas encore intégré de manière officielle, mais on s’en va graduellement vers ça», affirme Carolyne Ménard.

L’an dernier, la Bibliothèque a mis sur pied un groupe de travail qui s’est intéressé à ChatGPT. Le résumé du rapport du groupe, qui s’intitule «ChatGPT, peux-tu travailler à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale?», répond par la négative à cette question.

«Le groupe de travail considère que la performance de ChatGPT demeure insuffisante pour être utilisée par le personnel de la Bibliothèque. La variabilité des résultats démontre que ChatGPT n’est pas un outil assez fiable pour servir régulièrement au personnel de la Bibliothèque, selon les tâches testées», peut-on y lire.

On indique également que la phase expérimentale a permis de réaliser que «les réponses qu’il (ChatGPT) produit sont parfois inexactes ou fausses, et ce, même si le contenu semble crédible».

Évidemment, pour une institution comme la Bibliothèque de l’Assemblée nationale qui valorise autant la rigueur et l’exactitude, aucun compromis ne peut être fait en la matière. Et cela est particulièrement vrai à une époque où les fausses nouvelles et la désinformation se répandent bien plus rapidement que les faits et la vérité.

«Nous avons un rôle très important à jouer d’être les gardiens de l’information fiable et de protection contre les fausses nouvelles. Il faut être extrêmement vigilant», soutient Carolyne Ménard.

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