LETHBRIDGE, Alta. — Un procureur de la Couronne a suggéré que les deux hommes reconnus coupables de méfaits et d’infractions liées aux armes lors du blocus frontalier de 2022 à Coutts, en Alberta, écopent d’une peine de neuf ans en prison.
Anthony Olienick et Chris Carbert ont été reconnus coupables plus tôt ce mois-ci de méfaits publics de plus de 5000 $ et de possession d’une arme à feu dangereuse pour la paix publique.
M. Olienick a également été reconnu coupable de possession d’une bombe artisanale.
Un jury les a cependant déclarés non coupables de l’accusation la plus grave à laquelle ils étaient confrontés, soit de complot en vue d’assassiner des policiers.
Le procureur de la Couronne Steven Johnston a plaidé, lors d’une audience de détermination de la peine, que l’affaire ne concernait pas le droit de protester contre la politique gouvernementale et que de croire en une cause n’excuse pas la commission d’un crime.
«Cette affaire n’a jamais porté, et ne devrait jamais porter, sur l’idée de quelle était la cause… la cause était-elle bonne ? Ce n’est pas ce que ce tribunal devrait soupeser, a affirmé Me Johnston. La justesse relative (ou) la force avec laquelle vous croyez en votre cause, n’excuse pas la criminalité. La question qui se pose maintenant devant le tribunal est de savoir quelle est la sanction appropriée.»
Me Johnston a également demandé une interdiction de port d’armes de 10 ans pour M. Olienick et une interdiction à vie pour M. Carbert.
Le blocus était l’une des nombreuses manifestations organisées à travers le pays pour protester contre les règles sanitaires en réponse à la pandémie de COVID-19 et la vaccination promue par le gouvernement.
MM. Olienick et Carbert ont été inculpés après que la GRC a trouvé des armes à feu, des munitions et des gilets pare-balles dans des remorques près du blocus au poste-frontière clé entre le Canada et les États-Unis.
D’autres armes à feu, des munitions et deux bombes artisanales ont été trouvées au domicile de M. Olienick à Claresholm, en Alberta.
«M. Carbert et M. Olienick croyaient qu’ils étaient en guerre. Ils étaient prêts à mourir pour leur cause. Le risque très réel est qu’une fusillade ait eu lieu», a avancé Me Johnston.
L’avocate de M. Carbert, Katherin Beyak, a précisé qu’elle ne sous-entendait pas que ce que son client avait fait était sans gravité, mais bien qu’il n’y avait aucune garantie qu’il y aurait eu une fusillade avec la police.
«Vous déterminez la peine en fonction d’une possibilité plutôt que d’une éventualité, a-t-elle déclaré au juge. Nous ne pouvons pas présumer, aux fins de la détermination de la peine, que le pire scénario se serait produit.»
Me Beyak a déclaré que la culpabilité morale de M. Carbert se situe au bas de l’échelle et que son client s’est retrouvé à la manifestation en raison de l’isolement, passant trop de temps à regarder des théories de conspiration sur Internet et se mettant en colère à cause des restrictions liées à la COVID-19.
Me Beyak a souligné que son client était en prison depuis 929 jours, ce qui représente près de quatre ans compte tenu de l’évaluation acceptée de l’octroi d’un crédit supplémentaire pour le temps passé en attente de procès.
Le procureur de la Couronne a également noté que la suggestion d’Anthony Olienick selon laquelle il se comportait comme un chien de berger pour protéger les manifestants ne tient pas la route.
«Ce n’est pas une défense au Canada de s’armer pour se battre avec l’État. Ce n’est tout simplement pas une chose. Il y a un pays qui permet cela… ce n’est pas le Canada.»
L’avocate de M. Olienick, Marilyn Burns, a relevé que son client n’avait jamais eu l’intention de blesser la police. Elle a plaidé qu’une peine de neuf ans serait excessive et a demandé un total de six mois de prison pour l’accusation d’arme dangereuse, avec une décharge absolue pour l’accusation d’explosifs et des travaux communautaires pour la condamnation pour méfait.
«Je dirais qu’il a retenu la leçon», a avancé Me Burns.
Me Burns a ajouté que M. Olienick reconnaît qu’il ne devrait «pas boire de tequila», suggérant qu’il pensait que cela avait altéré son jugement lorsqu’il a involontairement dit aux policières infiltrées à la barricade qu’il avait des armes et qu’il était prêt à entrer en guerre avec la police.
Le juge Labrenz prononcera les peines le 9 septembre.
La Couronne dans cette affaire a déjà fait savoir qu’elle avait l’intention de faire appel des verdicts de non-culpabilité rendus aux deux hommes. Une décision sur la question de savoir si elle procédera effectivement à l’appel ne sera prise qu’une fois l’affaire examinée et la détermination de la peine effectuée.
Deux autres manifestants accusés de complot en vue de commettre un meurtre au blocus ont plaidé coupables, plus tôt cette année, à des accusations moins graves.
Christopher Lysak a été condamné à trois ans de prison pour possession d’une arme à feu à autorisation restreinte dans un endroit non autorisé. Jerry Morin a été condamné à trois ans et demi de prison pour complot en vue de faire le trafic d’armes à feu.
Ces peines correspondent au temps que les hommes ont passé en détention provisoire.