OTTAWA — Un officier supérieur de la GRC soutient que la police fédérale s’efforce de répondre aux préoccupations de membres des diasporas qui affirment que la police néglige souvent de donner suite à leurs plaintes d’ingérence étrangère.
Le sous-commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Mark Flynn, a déclaré jeudi devant la commission d’enquête fédérale sur l’ingérence que la police nationale prévoyait d’avoir des discussions internes avec les unités clés sur la façon de mieux communiquer avec les personnes vulnérables.
Les dernières audiences de la commission d’enquête examinent la capacité des agences fédérales à détecter, dissuader et contrer l’ingérence étrangère.
Katherine Leung, conseillère en politiques auprès de l’organisation non gouvernementale «Hong Kong Watch», avait déclaré à la commission Hogue mercredi que la police prenait des notes et remerciait les personnes qui venaient signaler avoir été menacées ou blessées par le mandataire d’un régime étranger.
Mais Mme Leung a déploré que parfois, l’histoire se termine là avec la police, pour certains membres de la communauté. Elle soutient qu’une meilleure communication rassurerait les victimes sur le fait que leur cas est pris au sérieux et contribuerait à renforcer la confiance dans les forces de l’ordre et à encourager les signalements futurs.
M. Flynn a indiqué qu’il y aurait des discussions de suivi avec les membres de la force «pour nous assurer que nous améliorons continuellement cette performance et répondons à ces préoccupations».
Il a ajouté que la Gendarmerie a produit des documents dans diverses langues pour communiquer plus efficacement avec les communautés.
L’officier a noté que la GRC continue de voir des menaces et des intimidations à l’encontre des membres des familles des victimes du vol PS752, un avion de ligne abattu par des responsables iraniens peu après son décollage de Téhéran en 2020.
Il a affirmé qu’en plus d’enquêter sur les menaces, la GRC s’engage auprès des familles pour les tenir informées, entendre leurs préoccupations et identifier leurs besoins éventuels.
Le commissaire de la GRC, Mike Duheme, a déclaré à l’enquête que l’établissement de relations avec les communautés est également un moyen de s’assurer que les gens ont le sentiment de pouvoir «se manifester et nous parler».
Brigitte Gauvin, commissaire adjointe de la GRC pour les éléments de sécurité nationale de la police fédérale, a soutenu que la force veut «entendre ce dont la communauté a besoin et ce dont elle a besoin de nous».
«C’est la chose la plus importante. Nous devons écouter ce qui les fera se sentir en sécurité dans nos communautés et nous adapterons nos approches en conséquence. C’est donc un travail en cours. Les relations et la confiance prennent du temps à se construire et nous travaillons vraiment dans ce sens.»
Lors d’un témoignage à huis clos devant la commission au cours de l’été, Mark Flynn a annoncé que la GRC avait commencé à se concentrer sur la perturbation de certaines activités d’ingérence étrangère plutôt que sur l’élaboration de dossiers à poursuivre devant les tribunaux.
Un résumé de ce témoignage met en évidence que M. Flynn a souligné le problème persistant des prétendus postes de police chinois fonctionnant clandestinement au Canada comme un exemple des tactiques de perturbation de la GRC.
Les médias ont rapporté que ces bureaux sont utilisés par Pékin comme un moyen de contraindre les criminels présumés à retourner en Chine pour être traduits en justice.
La GRC a envoyé des agents en uniforme dans les quartiers où les postes suspects étaient en activité.
Le résumé déposé à l’enquête jeudi indique que la GRC voulait faire la lumière sur le problème pour aider les efforts d’enquête, démontrer que la GRC prenait le problème au sérieux et établir la confiance avec les communautés ciblées.
«Le commissaire adjoint Flynn a expliqué que cette approche contrastait avec les pratiques historiques de la GRC, peut-on lire dans le résumé. Auparavant, la GRC aurait envoyé des unités de surveillance en civil et tenté de recueillir secrètement des informations, potentiellement sur une période de plusieurs années.»
L’enquête a appris que l’intervention policière avait eu un effet néfaste sur les services sociaux fournis par les centres communautaires sino-canadiens de Montréal qui abritaient des postes de police présumés.
Après l’audience, lorsque des journalistes lui ont demandé s’il pouvait assurer au public qu’aucun des postes n’était en activité au Canada, M. Flynn a affirmé que la GRC «enquêtait activement sur l’affaire», ajoutant qu’il «ne confirme ni ne nie rien.»