La journaliste d’investigation Stevie Cameron décède à l’âge de 80 ans

La Presse Canadienne
La journaliste d’investigation Stevie Cameron décède à l’âge de 80 ans

TORONTO — Une journaliste d’investigation qui a écrit des livres traitant de sujets allant de l’implication d’un premier ministre dans l’achat d’avions aux meurtres de femmes dans une ferme porcine en Colombie-Britannique est décédée.

Stevie Cameron s’est éteinte samedi, chez elle, à Toronto, des suites de la maladie de Parkinson, a annoncé sa fille, Amy Cameron, soulignant que sa mère souffrait également de démence.

Elle avait 80 ans.

Parmi les travaux les plus connus de Mme Cameron figure une enquête qu’elle a menée sur l’implication du premier ministre de l’époque, Brian Mulroney, dans l’achat de nouveaux avions Airbus.

Mme Cameron a été accusée d’être une informatrice de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) lorsque celle-ci a lancé sa propre enquête – une caractérisation qui a ensuite été remise en question et qu’elle a fermement niée.

Amy Cameron a déclaré que sa mère croyait qu’il fallait dire la vérité au pouvoir, mais que le pouvoir ripostait parfois, et que l’accusation selon laquelle elle était une informatrice de la police était particulièrement dure à porter.

«C’était une position incroyablement difficile pour elle, car comment se défendre quand on a passé sa vie à essayer de rester en dehors de l’histoire? Et elle n’en faisait vraiment pas partie et pourtant elle avait été dépeinte de cette façon», a raconté la fille de Mme Cameron dans une entrevue dimanche.

«Elle savait que lorsque les gens réagissaient de cette façon et lorsque le pouvoir réagissait de cette façon, elle avait touché une corde sensible et elle pensait, tout compte fait, qu’il était important de raconter cette histoire.»

Les travaux de références de Stevie Cameron comprennent également deux livres sur le tueur en série Robert Pickton, un passage en tant qu’animatrice de «The Fifth Estate» sur CBC au début des années 1990 et un travail de collaboratrice à la rédaction de «Maclean’s», de 1993 à 2001, entre autres choses.

Elle a également été cofondatrice de Out of the Cold, un programme bénévole de l’église St. Andrew’s, à Toronto, qui fournit de la nourriture et des vêtements aux sans-abri.

Mme Cameron a été reconnue pour son travail bénévole et son travail de journaliste lorsqu’elle a reçu l’Ordre du Canada en 2012.

«Stevie Cameron est l’une des journalistes d’investigation les plus éminentes du Canada et une bénévole engagée. Pendant des décennies, ses livres primés et ses reportages d’enquête ont révélé des actes répréhensibles et révélé des vérités cachées», indique une biographie d’elle sur le site Web du gouverneur général.

Née à Belleville, en Ontario, la carrière de Stevie Cameron dans le journalisme a commencé comme journaliste spécialisée dans l’alimentation, les voyages et les modes de vie pour des journaux de Toronto et d’Ottawa dans les années 1970. Son curriculum vitae mentionne un certificat de l’académie Le Cordon Bleu de Paris du début des années 1970.

Mais elle s’intéressait au crime et à la politique, a déclaré sa fille, et elle a commencé à écrire dans ces domaines après avoir présenté des idées à un rédacteur en chef.

L’auteure et journaliste Jan Wong, qui se souvient que Mme Cameron l’avait invitée Wong, avec son mari et sa belle-mère, à un dîner de Noël alors qu’elle était nouvelle à Toronto dans les années 1980, a déclaré que l’expérience de Stevie Cameron en tant que cheffe et journaliste spécialisée dans les modes de vie lui avait valu de grands reportages.

«Elle avait obtenu de nombreuses informations sur les politiciens à Ottawa parce qu’elle connaissait tous les décorateurs, les designers et les gens de la restauration», se souvient Mme Wong.

Jan Wong a raconté que lorsque Stevie Cameron a été accusée de collaborer avec la GRC, elle a épuisé ses propres économies pour payer un avocat et que des collègues journalistes ont organisé une collecte de fonds pour l’aider.

«C’est une perte énorme pour le journalisme canadien parce qu’elle était l’une des journalistes d’investigation les plus compétentes», s’est attristée Mme Wong à propos de la mort de Mme Cameron.

Amy Cameron a déclaré qu’elle se souvenait que sa mère était méticuleuse pour s’assurer qu’elle avait les preuves pour étayer ses allégations dans son travail, ajoutant qu’elle faisait de son mieux pour garder les familles des personnes sur lesquelles elle écrivait à l’écart de l’histoire.

«Elle ne voulait pas nuire inutilement ou s’immiscer dans la vie de personnes qui n’avaient pas choisi de mener une vie publique ou qui n’avaient pas causé de tort à d’autres personnes», se souvient-elle.

Stevie Cameron laisse dans le deuil deux filles et son mari David Cameron.

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