La Nouvelle-Écosse commence à distribuer des «autotests» de dépistage des ITS

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne
La Nouvelle-Écosse commence à distribuer des «autotests» de dépistage des ITS

HALIFAX — La décision de la Nouvelle-Écosse d’offrir gratuitement des tests à domicile pour dépister les infections transmissibles sexuellement (ITS) représente une étape importante vers la réduction de certains obstacles aux soins de santé sexuelle essentiels, a déclaré le responsable de la coalition provinciale de lutte contre le sida.

Le Dr Todd Hatchette, spécialiste des maladies infectieuses et directeur médical de la Clinique des ITS d’Halifax, souligne que la Nouvelle-Écosse connaît actuellement une augmentation des taux de gonorrhée, de chlamydia et de syphilis, et que la meilleure ligne d’attaque est de faciliter le dépistage par les citoyens.

«J’adopte une attitude «recherche et destruction» à l’égard des ITS, car de nombreuses personnes peuvent même ne pas savoir qu’elles ont une infection. Or, se faire tester et se faire soigner constitue un excellent moyen d’arrêter la propagation», a affirmé le Dr Hatchette en entrevue lundi.

C’est cette thèse qui est derrière un nouveau programme, lancé le mois dernier dans les régions d’Halifax et de Truro, qui consiste à remplir un formulaire en ligne pour savoir si on est admissible à une trousse de dépistage à domicile des ITS. Le test est envoyé par la poste, accompagné d’instructions pour prélever un échantillon, qui est ensuite acheminé à un laboratoire. Si le résultat est positif, un rendez-vous est pris avec un professionnel de la santé.

Chris Aucoin, directeur de «HEAL NS», organisme autrefois connu comme la Coalition de lutte contre le sida de la Nouvelle-Écosse, souligne que ce modèle d’autotests peut encourager le dépistage chez les personnes qui trouvent difficile ou inconfortable de se rendre dans une clinique de santé sexuelle ou de demander un test à un professionnel de la santé.

«Ça permet d’éviter de nombreux obstacles psychologiques qui empêchent les personnes d’accéder aux tests de santé sexuelle. Beaucoup de gens ne sont pas à l’aise d’avoir cette conversation (sur les ITS) avec leur médecin généraliste — s’ils en ont un», a-t-il déclaré mardi en entrevue.

M. Aucoin estime que ce modèle pourrait également être utile pour les personnes qui vivent en milieu rural ou loin des deux principales cliniques d’ITS de la province, à Halifax et à Truro.

«La Nouvelle-Écosse a toujours eu une infrastructure de dépistage des ITS très inadéquate, alors une nouvelle option de test est toujours la bienvenue», a-t-il déclaré.

Il croit qu’il faudrait faire davantage pour accroître l’accès à des soins de santé sexuelle complets dans toute la province.

Au cours des trois dernières semaines, 277 trousses ont été envoyées à des patients admissibles et 77 échantillons ont été testés en laboratoire. Parmi ceux-ci, huit ont donné des résultats positifs pour la chlamydia ou la gonorrhée. Les responsables de la santé publique travaillent maintenant à étendre ce programme au reste de la province.

Un programme similaire existe en Ontario, mais celui de la Nouvelle-Écosse est le premier du genre au Canada atlantique.

M. Aucoin rappelle qu’il y a encore des lacunes pour garantir que les personnes en situation d’itinérance ou de logement précaire aient accès à ce programme de dépistage, qui nécessite une adresse postale.

La coalition locale contre le sida met à disposition des «autotests VIH» gratuits dans de nombreuses bibliothèques de la province, ainsi que par courrier.

M. Aucoin croit qu’on pourrait encore améliorer l’accès pour les personnes sans adresse permanente, notamment dans les pharmacies.

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