La photo de Trudeau n’est pas utilisée sur les pancartes dans LaSalle—Émard—Verdun

Maura Forrest, La Presse Canadienne
La photo de Trudeau n’est pas utilisée sur les pancartes dans LaSalle—Émard—Verdun

MONTRÉAL — Un visage familier est absent de la campagne électorale dans la circonscription fédérale de LaSalle—Émard—Verdun, à Montréal, où une élection partielle cruciale pour le gouvernement libéral aura lieu dans moins de deux semaines.

Alors que les candidats entament la dernière ligne droite de la campagne, leurs pancartes électorales sont partout: aux principales intersections, dans les rues secondaires, fixées aux lampadaires et sous les panneaux d’arrêt.

Aux côtés des candidats, on trouve des photos de leurs chefs: le chef conservateur Pierre Poilievre, souriant devant un drapeau canadien, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, souriant devant un fond bleu pâle, et le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, souriant devant un paysage de verdure.

Mais les pancartes mettant en vedette le premier ministre Justin Trudeau — souriant ou non — sont introuvables.

La circonscription, située dans le sud-ouest de Montréal, est depuis longtemps un bastion libéral. L’ancien ministre David Lametti l’a détenue de 2015 jusqu’à sa démission, en janvier dernier.

Mais dans un contexte où les libéraux sont à la traîne dans les sondages, LaSalle—Émard—Verdun pourrait être le théâtre d’une lutte à trois. Un récent sondage suggère d’ailleurs que le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique sont plus que jamais dans la course. Les électeurs de cette circonscription se rendront aux urnes le 16 septembre.

Image ternie

L’absence de photos de M. Trudeau n’est pas surprenante pour un parti au pouvoir qui en est à son troisième mandat, estime Carlene Variyan, qui est une ancienne membre du personnel politique des libéraux.

«Pendant les premières années de son cycle au pouvoir, un parti a souvent l’habitude de placer son chef au centre de son image de marque, mais pendant les années suivantes, il met souvent plus d’accent sur le nom et la marque du parti», explique-t-elle.

Des photos de M. Trudeau étaient présentes sur les affiches de campagne lors des dernières élections générales. Andrew Perez, qui est directeur de Perez Strategies et stratège libéral, se souvient d’avoir fait du bénévolat pendant la campagne de 2015, qui a porté M. Trudeau au pouvoir. À l’époque, dit-il, «M. Trudeau était la marque (…) et visiblement, il était le point central des affiches».

Près d’une décennie plus tard, cependant, l’image de marque de M. Trudeau est gravement ternie. «Lors des dernières élections, M. Trudeau était au cœur de tous les messages de campagne. Sa photo était partout», rappelle le professeur affilié en communication à l’Université du Québec à Trois-Rivières Vincent Raynauld.

«Le renouveau, la jeunesse et l’énergie positive incarnés par M. Trudeau ne sont pas nécessairement au rendez-vous cette fois-ci. Je pense donc que (les libéraux) vont essayer de trouver d’autres moyens de dynamiser le public», avance-t-il.

«Équipe Trudeau»

Dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, le porte-parole du Parti libéral, Parker Lund, a affirmé que les pancartes utilisées dans LaSalle—Émard—Verdun, mettant de l’avant des photos de la candidate Laura Palestini, «sont du même design que celles que nous avons utilisées lors des dernières élections partielles au Québec».

La dernière élection partielle au Québec a eu lieu en juin 2023, lorsque la libérale Anna Gainey a remporté un siège dans une autre circonscription de Montréal. Avant cela, il n’y avait pas eu d’élection partielle dans la province depuis les élections de 2019.

M. Lund a souligné que l’on retrouve «Équipe Trudeau» écrit dans le bas de toutes les pancartes de campagne de Mme Palestini, et que le premier ministre a visité la circonscription en août. Les électeurs de la circonscription recevront également «un certain nombre de produits imprimés libéraux, dont une lettre de Justin Trudeau», avant le jour du scrutin, a-t-il mentionné.

Autre test pour les libéraux

Selon M. Perez, il n’est pas rare de voir des partis apporter des changements subtils à leur image de marque pour transmettre des messages aux électeurs. Il note que lors des élections de 2004, le premier ministre de l’époque, Paul Martin, avait inclus son nom et sa photo sur chaque affiche de campagne mettant en vedette des candidats locaux. Il s’agissait alors d’une «tentative délibérée de distancer le Parti libéral» du prédécesseur de M. Martin, Jean Chrétien.

Un récent sondage Léger révèle que les libéraux sont à la traîne des conservateurs dans toutes les régions du pays, à l’exception du Québec. Mais même au Québec, le sondage suggère que les libéraux se classent en deuxième place, derrière le Bloc québécois. Plus tôt cet été, M. Trudeau a subi un coup dur lorsque les libéraux ont perdu un autre ancien bastion, Toronto–St. Paul’s, lors d’une élection partielle. Cette défaite a suscité des appels au départ du premier ministre.

LaSalle—Émard—Verdun est un «joyau de la couronne» du Parti libéral, mentionne M. Perez, qui rappelle que M. Martin a été député de la circonscription qui s’appelait alors LaSalle—Émard pendant 20 ans.

Si les libéraux venaient à perdre, «cela ouvrirait la porte à un autre débat sur l’avenir de M. Trudeau», à son avis.

M. Perez ajoute que la situation est encore plus compliquée depuis que les néo-démocrates ont déchiré leur entente de soutien et de confiance avec les libéraux, qui a aidé à maintenir le gouvernement minoritaire au pouvoir depuis les dernières élections. Cette décision, annoncée mercredi, signifie que les libéraux devront désormais chercher l’appui des partis d’opposition au cas par cas lors des votes clés à la Chambre des communes pour éviter de déclencher une élection générale.

L’élection partielle dans LaSalle—Émard—Verdun opposera deux conseillers municipaux, à savoir Mme Palestini et le candidat néo-démocrate Craig Sauvé. Le candidat du Bloc québécois est Louis-Philippe Sauvé, un membre du personnel politique de longue date, tandis que l’entrepreneur Louis Ialenti se présente pour les conservateurs.

Le scrutin comprendra un nombre record de 91 candidats, dont la plupart sont liés au Comité pour le plus long bulletin de vote, un groupe qui s’oppose au système de vote majoritaire uninominal à un tour. Élections Canada prévient que le grand nombre de candidats pourrait entraîner des retards lors du dépouillement des bulletins, qui mesureront près d’un mètre de long.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires