La police de Vancouver enquête sur la manifestation propalestinienne du 7 octobre

Chuck Chiang, La Presse Canadienne
La police de Vancouver enquête sur la manifestation propalestinienne du 7 octobre

VANCOUVER — La police de Vancouver a annoncé qu’elle menait une enquête sur une manifestation propalestinienne au cours de laquelle les intervenants ont exprimé leur «solidarité avec des groupes terroristes».

La police a déclaré dans un communiqué qu’elle cherchait à déterminer si les actions menées lors de la manifestation de lundi marquant l’anniversaire des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre constituent des infractions criminelles.

Le rassemblement à la Vancouver Art Gallery, organisé par le groupe Samidoun, incluait une oratrice qui a déclaré à la foule que «nous sommes le Hezbollah et nous sommes le Hamas», et elle a lancé des cris de «mort au Canada, mort aux États-Unis et mort à Israël».

Le Hamas et le Hezbollah sont tous deux répertoriés par Sécurité publique Canada comme des entités terroristes.

«Nous avons entendu des membres de la communauté et d’autres personnes qui sont profondément offensées», a déclaré la police de Vancouver sur la plateforme X.

La déclaration de la police intervient après que des dirigeants politiques de la Colombie-Britannique et d’Ottawa ont condamné les actions menées lors du rassemblement, où des drapeaux canadiens ont également été brûlés.

La police a déclaré que la Charte canadienne garantit à chacun «la liberté d’expression fondamentale». Mais elle a ajouté que les actions des manifestants ont été jugées par de nombreux membres de la communauté comme «intolérables, offensantes et dangereuses».

«Ces actes comprennent des personnes qui brûlent un drapeau canadien, font des commentaires incendiaires sur diverses nations, y compris la nôtre, et expriment leur solidarité avec des groupes terroristes», indique le communiqué.

«Brûler des matériaux dans un endroit bondé peut endommager des biens ou mettre en danger autrui, et quiconque enfreint la loi est passible d’arrestation et d’accusations», peut-on également lire.

Le groupe Samidoun n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires envoyée par courriel.

Des centaines de personnes ont applaudi l’oratrice masquée lors du rassemblement organisé à l’occasion de l’anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a tué environ 1200 personnes et déclenché une guerre qui a fait environ 41 000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé local.

La sphère politique réagit

Les commentaires lors de la manifestation ont suscité une condamnation universelle parmi les politiciens fédéraux et provinciaux, le Parti conservateur fédéral s’engageant à ajouter Samidoun à la liste des entités terroristes s’il forme le prochain gouvernement canadien.

«Alors que les Canadiens juifs vivent dans la peur, les groupes terroristes comme Samidoun sont libres de lever des fonds et de soutenir des organisations comme le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine qui cherchent à tuer des Juifs innocents», a écrit le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre dans un communiqué.

«Nous avons vu ce qui se passe lorsque ces groupes ne sont pas pris au sérieux», a-t-il ajouté.

Pendant la période des questions, au Parlement, mardi, les députés conservateurs ont demandé à plusieurs reprises que Samidoun soit ajouté à la liste des organisations terroristes.

«S’ils avaient agi, ils l’auraient déjà inscrit sur la liste», a affirmé la députée conservatrice de Thornhill Melissa Lantsman. «Alors, si le fait de brûler un drapeau canadien, d’appeler à la mort de Canadiens, d’attiser la haine dans ce pays et surtout d’être une façade pour une organisation terroriste déjà inscrite sur la liste ne suffit pas à les inscrire sur la liste, alors que faudra-t-il pour qu’ils les interdisent?»

La secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, Jennifer O’Connell, a rétorqué que le gouvernement ne suivrait pas les conservateurs et ne «jouerait pas à la politique» avec cette question.

«En ce qui concerne l’inscription d’entités terroristes sur la liste, les députés d’en face savent très bien que ce n’est pas une décision politique», a martelé M. O’Connell. «Elle est basée sur les services de sécurité nationale de ce pays. Mais c’est précisément la raison pour laquelle le ministre l’a déjà envoyée pour un examen urgent, sachant que cette haine est inacceptable au Canada.»

Le chef du NPD de la Colombie-Britannique, David Eby, a réagi dans un message sur X au sujet du discours de la femme masquée, en rappelant que «ce genre de rhétorique haineuse est inacceptable et n’a pas sa place dans notre province.»

Le chef conservateur de la Colombie-Britannique, John Rustad, a déclaré dans un communiqué que ce comportement était «totalement inacceptable».

M. Rustad, dont les conservateurs provinciaux sont en compétition avec le NPD de David Eby lors des prochaines élections en Colombie-Britannique, le 19 octobre, a assuré dans sa déclaration vidéo que son parti «réprimerait ce type de haine» s’il était élu.

Des antécédents chez Samidoun

La directrice de Samidoun, Charlotte Kates, a été arrêtée par la police de Vancouver l’année dernière dans le cadre d’une enquête pour crime haineux, puis libérée sous promesse de comparaître devant le tribunal mardi, mais aucune comparution n’avait été prévue.

Mme Kates a été arrêtée après avoir salué l’attaque du 7 octobre comme étant «héroïque et courageuse» dans un discours lors d’un rassemblement.

La Fédération juive du Grand Vancouver a indiqué dans un communiqué que les conditions de sa libération avaient expiré, car la Couronne n’avait pas encore porté d’accusations contre elle après son arrestation le 1er mai.

Ezra Shanken, le président et chef de la direction de la Fédération juive du Grand Vancouver, a déclaré que cela était inacceptable.

«Depuis les attentats terroristes du 7 octobre, la communauté juive a connu une escalade d’incidents haineux antisémites, notamment lors de manifestations telles que celles organisées par Kates», a-t-il dit.

«L’expiration de ses conditions de libération lui permettra de continuer à inciter à la haine et à la division contre la communauté juive locale. Si nous valorisons le respect, l’inclusion et la diversité, la Couronne doit approuver et porter les accusations recommandées par (la police de Vancouver).»

Le Service des poursuites de la Colombie-Britannique a précisé que le processus d’évaluation des accusations était en cours et qu’aucun échéancier n’était disponible pour son achèvement.

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