La STM augmentera la présence d’agents dans une dizaine de stations de métro

Thomas MacDonald, La Presse Canadienne
La STM augmentera la présence d’agents dans une dizaine de stations de métro

MONTRÉAL — La Société de transport de Montréal concentrera une partie de son personnel de sécurité dans une dizaine de stations de métro, alors que des usagers constatent une augmentation dans le réseau du nombre de personnes présentant des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie.

Dans le cadre d’un plan annoncé mercredi, la Société de transport de Montréal (STM) déploiera des constables spéciaux et des «ambassadeurs de sûreté», en équipes de quatre, pour être davantage présents dans la dizaine de stations où les usagers se sentiraient le moins en sécurité.

Le directeur Sûreté et Sécurité incendie à la STM, Jocelyn Latulippe, a indiqué mercredi que les usagers déploraient surtout l’incivilité dans le métro. 

Chaque petite brigade de quatre agents sera responsable de trois à quatre stations, se déplaçant entre elles pour inspecter les lieux et réagir rapidement aux situations problématiques, a expliqué M. Latulippe en conférence de presse mercredi. 

Les dix stations ciblées sont: Bonaventure, au centre-ville; Beaudry, Papineau, Frontenac et Joliette, plus à l’est; Atwater et Lionel-Groulx, dans le sud-ouest; et Mont-Royal, Jean-Talon et Jarry, vers le nord. Une onzième, la station de correspondance interlignes Berri-UQAM, bénéficie déjà d’une présence sécuritaire accrue et constante.

Le nouveau plan de sécurité est entré en vigueur samedi et se poursuivra jusqu’à la fin du mois pour servir de pont entre la saison froide, où de nombreuses personnes se réfugient dans le métro, et les mois les plus chauds, où le réseau connaît moins de problèmes liés à la santé mentale, a expliqué M. Latulippe. Il a toutefois indiqué que la STM pourrait prolonger l’opération si nécessaire.

Cette annonce survient moins d’une semaine après qu’un homme de 35 ans a été gravement blessé lors d’une agression à l’extérieur de la station Lionel-Groulx. La police a déclaré qu’elle avait arrêté quatre adolescents en lien avec l’attaque.

«On est dans une situation où, en 2024, on n’est pas comme avant la pandémie», a déclaré mercredi le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell. «Il y a une hausse des signalements, il y a une hausse des clientèles vulnérables, des enjeux de toxicomanie, de santé mentale dans notre réseau, a indiqué M. Caldwell.

«Et on est inquiets quant à la fidélité de nos clients, a-t-il admis. On ne veut pas prendre nos clients pour acquis.»

Plus d’aide au logement et aux services sociaux

M. Latulippe a précisé que le but du nouveau plan de sécurité est de rassurer les usagers, mais qu’à terme, une plus grande intervention des services de santé et des services sociaux sera nécessaire pour accompagner les personnes qui ont besoin d’aide vers des ressources appropriées. Autrement, dit-il, le métro restera ce qu’il appelle une porte tournante pour les gens qui ont besoin d’aide mais qui n’ont aucun autre recours.

M. Caldwell espère aussi plus d’aide en matière de santé et de logement. «Notre réseau est en aval du problème, dit-il. Si on ne règle pas les enjeux d’habitation, de suivi clinique, de santé mentale et de toxicomanie, les gens qui ne trouvent pas de place ailleurs, ils vont se réfugier dans le métro.»

Plusieurs usagers du métro rencontrés mercredi ont reconnu se sentir parfois insécurisés en raison de la présence de personnes en situation d’itinérance ou ayant des problèmes de santé mentale, mais ils admettent qu’il n’y a pas de solutions simples.

«Je compare maintenant le métro de Montréal avec Los Angeles (où) il y a beaucoup de criminalité. On n’est pas là encore, mais si on continue comme ça…», a souligné Mélissa Dumais, une usagère de 38 ans.

Frédéric Bénéteau demande quant à lui: «où est-ce que tu vas mettre ce monde-là si c’est pas dans le métro? C’est ma question».

Réagissant à cette annonce mercredi, le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem, a affirmé que ce plan ne comprenait pas de mesures concrètes pour améliorer la sécurité dans le métro. Son parti Ensemble Montréal souhaite que la STM ajoute 70 agents et constables spéciaux supplémentaires et que Montréal mette en place un plan global d’amélioration de la sécurité du métro.

La STM compte sur les heures supplémentaires pour assurer ses opérations ce mois-ci. M. Caldwell a déclaré que la société faisait de son mieux dans un contexte de crise financière qui l’a amenée à réduire ses dépenses de plus de 160 millions $ depuis 2022. La STM s’est engagée à embaucher un total de 60 agents malgré 232 mises à pied récentes dans d’autres services.

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