HALIFAX — À deux jours du scrutin, les sondages laissent présager que le chef progressiste-conservateur Tim Houston remportera son parti d’avoir déclenché des élections anticipées en Nouvelle-Écosse.
En fait, la véritable bataille électorale oppose les libéraux aux néo-démocrates pour déterminer qui formeront l’opposition officielle.
Les progressistes-conservateurs sont à la recherche d’un deuxième mandat majoritaire consécutif. Pour expliquer sa décision de convoquer les électeurs, M. Houston avait dit qu’il avait besoin d’un nouveau mandat. Il avait ignoré la propre loi adoptée par son gouvernement visant à déterminer une date fixe pour les élections, le 15 juillet 2025.
Alex Marland, un politologue de l’Université Acadia, partage l’impression générale que les vœux de M. Houston seront comblés. Selon lui, plusieurs facteurs ont pu motiver le premier ministre néo-écossais.
«Il était déjà en tête dans les sondages. L’électorat semblait manquer d’enthousiaste, notamment à cause de la campagne aux États-Unis, sans compter les élections municipales en Nouvelle-Écosse. Déclencher des élections anticipées a pris les autres partis par surprise. Ceux-ci n’ont pu vraiment s’organiser.»
Il croit qu’une partie des électeurs n’a démontré aucune aigreur, aucun intérêt. «Cela a ultimement profité aux progressistes-conservateurs», lance le Pr Marland.
Un sondage de la firme Narrative Research publié mercredi plaçait les progressistes-conservateurs en tête des intentions de vote à 44 %. Le NPD suivait à 28 %, quatre points de pourcentage de plus que les libéraux. Il avait été mené du 4 au 17 novembre auprès de 800 adultes. La marge d’erreur est de 3,5 points de pourcentage, 95 fois sur 100.
Tom Urbaniak, de l’Université du Cap-Breton, dit que l’actuelle campagne est «peut-être l’une des plus paisibles de l’histoire de la Nouvelle-Écosse».
«Cela semble moins intense sur le terrain. On voit moins de panneaux. Il y a moins de propagande. On n’en parle moins dans les cafés.»
Aucun enjeu n’a véritablement dominé le déroulement de la campagne électorale comme les soins de santé l’avaient fait en 2021. Les partis ont surtout parlé du coût de la vie, du manque de logements abordables et le vieillissement du système des soins de santé.
Le Pr Marland souligne que les sondages laissent croire à un balayage des progressistes-conservateurs à l’extérieur de Halifax.
«Dans la région d’Halifax, le NPD est plus concurrentiel. C’est un véritable problème pour les libéraux parce que cela laisse entendre que les libéraux ne le sont pas nulle part. En conséquence, la vraie question est la suivante: quelle est la part du vote libéral qui se maintiendra ?»
Le Pr Urbaniak dit que la cheffe néo-démocrate Claudia Chender s’est révélée comme une très redoutable candidate. Ses performances lors des débats l’ont aidée à la faire connaître auprès de l’électorat.
Le vote par anticipation laisse présager une faible participation au scrutin de mardi. Le Pr Urbaniak croit que celle-ci sera plus forte dans les circonscriptions où les néo-démocrates et les libéraux se font la lutte. «Les résultats seront déterminés par le parti qui aura le mieux mobilisé ses ressources», avance-t-il.
Zach Churchill, le chef libéral, en convient. «On devra motiver les électeurs», lance-t-il.
Il déplore qu’Election Nova Scotia n’ait pas envoyé de cartes d’électeur à cause de la grève à la Société canadienne des postes. «Plusieurs électeurs ne savent pas où ils doivent voter, cela ajoute de la pression sur les candidats, leurs bénévoles et leurs organisateurs pour les informer.»
M. Churchill est fier de la campagne menée par son parti. «On ne contrôle que ce que l’on peut contrôler. On a mis beaucoup d’efforts à établir le bon plan pour la province. Nous avons mené une campagne fondée sur les idées», soutient-il.
Mme Chender croit que le message de son parti a bien été entendu par les électeurs grâce au travail intense de ses militants.
«Nous avons traversé la province au cours des 24 dernières heures. Nous allons continuer d’aller sur le terrain comme plusieurs de nos candidats jusqu’au jour du scrutin», a-t-elle déclaré vendredi.
Tim Houston est persuadé d’avoir convaincu assez d’électeurs pour être réélu.
«Il y a toujours du travail à faire, mais les Néo-Écossais reconnaissent nos efforts, a-t-il dit vendredi. Je suis optimiste, mais nous continuerons de travailler dur dans toute la province au cours des prochains jours.»
À la dissolution, les progressistes-conservateurs détenaient 34 des 55 sièges de l’Assemblée législative. Les libéraux en comptaient 14 et les néo-démocrates six. Le dernier siège est détenu par une élue indépendante.