La violence a atteint des sommets dans les écoles, avertit un syndicat

Caroline Plante, La Presse Canadienne
La violence a atteint des sommets dans les écoles, avertit un syndicat

QUÉBEC — Les élèves s’en prennent de plus en plus au personnel de soutien dans les écoles, avertit un syndicat, qui exige que le ministre de l’Éducation se penche sur des solutions au plus vite.

Les travailleurs de soutien sont les secrétaires, les techniciens en éducation spécialisée, les surveillants, les préposés aux élèves handicapés, les techniciens en services de garde et les concierges, par exemple.

En conférence de presse à Québec jeudi, la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) a témoigné d’une montée de la violence envers ses membres, dont une a dû quitter l’école en ambulance après s’être fait agripper par les cheveux par un élève.

«(L’élève) l’agrippe par les cheveux, la fracasse au sol et la tire jusqu’au fond de la classe. Quatre intervenants se déplacent pour l’aider. (…) Auriez-vous envie de vivre cette situation (…) dans votre milieu de travail?» a demandé son président, Éric Pronovost.

Selon des données obtenues par la FPSS-CSQ grâce à une demande d’accès à l’information, le personnel de soutien a subi pas moins de 13 464 actes de violence en 2023-2024 –un record depuis six ans, selon le syndicat.

Ce serait «la pointe de l’iceberg», puisque seulement 61 des 72 centres de services scolaires ont répondu à la demande d’accès, et de ce nombre, 18 ont déclaré n’avoir aucune donnée, a expliqué M. Pronovost.

Les chiffres présentés par la FPSS-CSQ jeudi proviennent donc de 43 centres de services scolaires, dont 21 avaient des données pour quelques années, mais pas toutes.

Plusieurs travailleurs ne dénoncent pas la violence qu’ils vivent pour toutes sortes de raisons, parce qu’ils considèrent qu’ils sont capables de l’endurer, ou ils doutent que ce soit assez grave, etc.

Cependant, tout le monde constate que la violence dans l’espace public, sur les réseaux sociaux, et, par ricochet, dans les écoles, «a pris une tournure», a affirmé M. Pronovost.

Il a déploré la «grande lenteur» du gouvernement Legault, et exhorté le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à s’asseoir rapidement avec ses partenaires pour trouver des solutions afin de mieux protéger le personnel scolaire.

L’an passé, M. Drainville a déposé le Plan de prévention de la violence et de l’intimidation en milieu scolaire qui prévoit des formations spéciales pour les élèves et le personnel. Il a également tenu un colloque sur la question en mai dernier.

Parmi les solutions qui devraient être envisagées, selon M. Pronovost: améliorer la formation au cégep pour les techniciens en éducation spécialisée, ajouter des ressources dans les écoles, mieux s’occuper des victimes dans toutes les régions.

Selon le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, il faut également que les parents se saisissent de l’enjeu.

«Ces enfants-là ont des parents, qui ont, dans bien des cas, une remise en question de beaucoup d’autorités, d’institutions qui nous gouvernent. Ça se traduit comment auprès des enfants?» a-t-il demandé.

«Si on travaille une politique, mais il n’y a pas d’adhésion de la part des parents qui appellent et qui disent: « Ça n’a pas de bon sens, et non, mon enfant n’a pas mordu », bien on n’y arrive pas. (…) C’est réversible si on prend chacun notre part de responsabilités», a-t-il ajouté.

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