L’armée canadienne tente de changer sa culture interne pour attirer des recrues

Clara Descurninges, La Presse Canadienne
L’armée canadienne tente de changer sa culture interne pour attirer des recrues

MONTRÉAL — En manque de nouvelles recrues, les Forces armées canadiennes (FAC) misent sur un changement de culture pour attirer les membres de groupes marginalisés ― et les convaincre de rester.

Après les nombreux scandales liés au harcèlement et aux abus sexuels dans les dernières années, «l’image a été un peu ternie», a reconnu mercredi la majore-générale Lise Bourgon, chef du personnel militaire par intérim, lors d’une séance d’information technique virtuelle pour faire état des mesures prises jusqu’ici par l’organisation pour devenir plus inclusive.

«La réalité est la suivante: la main-d’œuvre canadienne a changé, mais nous, les FAC, n’avons pas changé», a-t-elle résumé. Particulièrement quant à l’attraction de femmes, «nous avons vu un impact et nous devons travailler là-dessus».

Les FAC visent à recruter 25,1 % de femmes par année. En 2021-2022, ce taux était à 14,8 %, une baisse marquée par rapport au 24,3 % de 2020-2021.

Il faut toutefois préciser que la période pandémique a pu influencer les résultats. En effet, tous types de recrues confondus, l’armée n’a réussi à recruter que 40 % de son objectif en 2020-2021, et s’enligne pour atteindre seulement 75 % de sa cible de 2021-2022.

En ce moment, les FAC sont composées à 71 % d’hommes blancs, a rappelé la majore-générale, alors que ceux-ci ne constituent que 31 % des travailleurs au pays.

Efforts de changement

La lieutenante-générale Jennie Carignan, chef de la conduite professionnelle et de la culture, a cité l’ajout de «l’inclusion dans le processus d’évaluation du rendement» des militaires, et les efforts pour «faire en sorte que tous les membres de l’équipe de défense comprennent ce qui est un comportement inclusif et ce qu’on attend d’eux» avec ce nouveau fonctionnement.

Elle a souligné le rôle central des supérieurs hiérarchiques pour «créer des milieux de travail sécuritaires» et affirmé que plusieurs ateliers de réflexion et de sensibilisation ont été organisés avec eux, en plus des consultations faites auprès des employés en général.

Elle a aussi mentionné «une gamme de nouveaux services offerts aux victimes» d’abus et des efforts pour «permettre une meilleure gestion de leurs plaintes». Des données chiffrées n’étaient pas disponibles.

La majore-générale Bourgon a ajouté que plusieurs changements avaient aussi été apportés à la politique d’absence, notamment pour permettre de prendre congé lors de fêtes religieuses ou spirituelles autres que chrétiennes, en cas de deuil ou de violence familiale.

Elle a aussi rappelé que les FAC utilisent depuis février des noms de grades au féminin, et retiré la notice de sexe sur leurs permis de conduire depuis juin.

Elle a annoncé la future publication d’un guide sur l’inclusivité, ainsi qu’une imminente modernisation du code vestimentaire. «Le code vestimentaire existant n’était pas inclusif, a-t-elle fait valoir. Les habiletés professionnelles et la compétence ne sont pas définies par la longueur ou la couleur de ses cheveux.»

Il n’y avait pas de chiffres disponibles quant à la rétention des membres de groupes marginalisés.

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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