Le Canada fait la une des médias en Inde après l’expulsion de six diplomates

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
Le Canada fait la une des médias en Inde après l’expulsion de six diplomates

OTTAWA — La décision du Canada d’expulser le principal envoyé de New Delhi et cinq autres diplomates fait la une des journaux en Inde, alors qu’une analyste se demande comment les autres pays réagiront.

Lundi, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a averti le public d’une série de crimes, notamment des homicides, de l’extorsion et de la coercition, qu’elle attribue à des agents du gouvernement indien.

La GRC et d’autres responsables canadiens ont présenté des preuves à l’Inde au courant de la fin de semaine, mais ils affirment que New Delhi a refusé de coopérer aux enquêtes policières.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a fait savoir que c’est la raison pour laquelle le Canada a déclaré les six diplomates persona non grata, ce qui est l’une des sanctions les plus sévères que le Canada puisse imposer en vertu de la Convention de Vienne.

L’Inde insiste sur le fait qu’elle n’a reçu aucune preuve d’une quelconque implication du gouvernement dans des crimes au Canada. Elle a à son tour ordonné à six diplomates canadiens de partir.

La querelle diplomatique fait la une du Times of India ainsi que de l’Indian Express.

La vice-présidente de la recherche à la Fondation Asie-Pacifique, Vina Nadjibulla, observera particulièrement comment les alliés du Canada réagiront à cette nouvelle «sans précédent et extraordinaire».

Cela pourrait se traduire par des démarches diplomatiques en coulisses et peut-être des déclarations publiques de soutien au Canada.

«La réaction des États-Unis sera celle à laquelle tout le monde prêtera attention», a-t-elle soutenu.

«Pour que le Canada, à ce stade, obtienne une forme quelconque de coopération de la part de l’Inde et obtienne des comptes pour ce qui s’est passé, il faudrait que l’Inde ressente une certaine pression. Il faudrait que l’Inde ait une raison de coopérer», a-t-elle avancé.

Selon Mme Nadjibulla, il était inédit de voir Mme Joly accuser des diplomates actuels d’être impliqués dans des activités criminelles et d’apprendre que la violence liée au gouvernement indien n’avait fait qu’augmenter depuis que le Canada a rendu ses inquiétudes publiques, l’année dernière.

En septembre 2023, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que les services de renseignement canadiens enquêtaient sur des informations «crédibles» concernant un «lien potentiel» entre le gouvernement indien et le meurtre du leader sikh Hardeep Singh Nijjar en Colombie-Britannique.

De l’avis de Mme Nadjibulla, Ottawa a maintenant «très clairement et avec assurance» fait valoir ses arguments en envoyant certains hauts fonctionnaires, au courant de la fin de semaine, présenter des preuves à leurs homologues indiens.

«Le Canada a fait ce qu’il pensait être nécessaire, a-t-elle souligné. Nous sommes en territoire inconnu, avec des implications pour les relations diplomatiques ainsi que pour la sécurité publique et nationale du Canada.»

Mme Nadjibulla a également rappelé qu’il est rare que des diplomates soient expulsés dans la foulée d’accusations liées à de la criminalité.

«Nous n’avons pas affaire ici à un État voyou, nous avons affaire ici à un acteur international très important», a-t-elle mentionné.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, s’adressera aux médias mardi matin pour réagir aux plus récents développements. Son parti a appelé à des sanctions et a réclamé que le Canada interdise l’entrée sur son territoire à un groupe hindou que les sikhs et les musulmans canadiens accusent de propager la haine.

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