MONTRÉAL — Avec de «la bonne volonté», le déclin du caribou dans trois régions du Québec pourrait être évité, selon le chef du Bloc québécois, qui n’a toutefois pas expliqué comment, concrètement, la situation de l’espèce pourrait être améliorée.
Yves-François Blanchet, qui dénonce un éventuel décret fédéral d’urgence pour protéger le caribou, croit qu’il «existe un énorme espace de négociation» qui «doit impliquer assurément les Premières Nations, les milieux des biologistes, des écologistes, le gouvernement du Québec, les syndicats et l’industrie forestière» pour permettre au caribou forestier de survivre dans des régions du Québec où la foresterie altère son habitat.
Selon le chef du Bloc, «la seule affaire que ça prend pour que ça se produise, c’est de la bonne volonté».
Il faudrait que des négociations sur le régime forestier aient lieu le plus rapidement possible, avant des élections fédérales, selon Yves-François Blanchet.
«Vous comprenez bien que la seule affaire de pire qui peut arriver au caribou forestier qu’un gouvernement libéral, c’est un gouvernement conservateur», a indiqué le chef bloquiste en marge d’une conférence de presse sur un autre sujet, lundi matin à Ottawa.
M. Blanchet croit également «qu’il y a des gens pour qui c’est payant électoralement, qu’il n’y ait pas de solution» pour assurer la pérennité du caribou.
Le politicien n’a pas indiqué spécifiquement de qui il parlait, mais il a précisé qu’il ne s’agissait pas du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, car il croit «sincèrement» que celui-ci «préférerait qu’il y ait une négociation efficace entre toutes les parties prenantes», même s’il dénonce les méthodes du libéral.
«Il n’est pas temps que je me mouille»
La Presse Canadienne a fait remarquer au chef bloquiste que dans les dernières années, plusieurs consultations publiques et discussions ont eu lieu pour tenter de mettre en place des solutions pour assurer la survie du caribou et l’agence de presse a demandé à Yves-François Blanchet quelles étaient «concrètement les propositions» de sa formation politique à ce sujet.
«Il n’est pas temps que je me mouille et que je vous dise ce qu’on devrait faire», a indiqué le bloquiste.
Il a toutefois ajouté que son parti compte travailler sur «une feuille de route» qu’il «mettra au jeu» pour «dire aux gens, voici ce qu’on pense qui seraient des avenues possibles et les acteurs décisionnels en feront ce qu’ils voudront».
«Un milliard» de pertes
Le chef du Bloc répète depuis des mois que le fédéral outrepasse ses compétences en menaçant d’imposer un décret à Québec pour protéger les caribous des secteurs de Val-d’Or, Charlevoix et Pipmuacan.
Ce décret, qui pourrait diminuer la possibilité forestière de 1,4 million de mètres cubes de bois par année dans les trois zones, causerait des dommages à l’industrie forestière, a fait valoir le chef du Bloc.
«Le gouvernement canadien lui-même dit que c’est près d’un milliard $ de pertes dans l’activité économique dans les régions du Québec», a indiqué Yves-François Blanchet en faisant référence à une analyse d’impact réalisée par Ottawa et qui estimerait que le décret ferait perdre de 670 à 895 millions $ à l’économie du Québec, en 10 ans, selon Radio-Canada.
«Tout ça potentiellement pour permettre au gouvernement libéral de prendre une posture qui n’est qu’électorale, parce que l’aménagement forestier, tout le monde sera d’accord avec ça, ça ne peut pas être de laisser l’entièreté de la forêt en friche», a ajouté M. Blanchet.
Actuellement, le gouvernement du Canada consulte les communautés autochtones du Québec, la population et les communautés locales ainsi que les industries afin de préciser l’étendue d’un éventuel décret. Le gouvernement du Québec a refusé de participer à ces consultations.
Ghislain Picard, qui est à la tête de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQ), était également présent à la conférence de presse de lundi matin à Ottawa.
Contrairement au chef bloquiste, celui-ci a rappelé qu’il appuie l’intention d’Ottawa d’imposer un décret pour protéger le caribou.
«Pourquoi on appuie la démarche visant la mise en place d’un décret? C’est que d’un côté, on a un gouvernement qui nous écoute, et de l’autre, on a un gouvernement qui n’est pas au rendez-vous», a -t-il indiqué en dénonçant le gouvernement de François Legault.
Ensemble contre Chalk River
Ghislain Picard et Yves François Blanchet participaient lundi à une conférence de presse, avec des chefs autochtones, pour demander au gouvernement fédéral de revoir l’emplacement du projet de dépotoir nucléaire de Chalk River.
Le site se trouve à moins d’un kilomètre de la rivière des Outaouais, limite territoriale entre l’Ontario et le Québec.
Plusieurs communautés craignent notamment les impacts que le site de déchets nucléaires pourrait avoir sur les pratiques culturelles, la faune et les sols, ainsi que le potentiel de lixiviation des déchets radioactifs dans l’eau.