Le gouvernement fédéral veut créer un fonds de croissance

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement fédéral veut fouetter les investissements privés en en lançant un fonds de croissance.

Le Canada prend du retard en matière de productivité et le gouvernement Trudeau veut investir des milliards de dollars en partenariat avec le secteur privé, notamment pour encourager les investissements destinés à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Malgré une population instruite et un milieu universitaire dynamique, le Canada fait moins bien que les autres pays industrialisés en matière de productivité.

«C’est un problème canadien bien connu, et insidieux, a prévenu la ministre des Finances, Chrystia Freeland, dans son discours. Il est temps que le Canada s’y attaque.»

À titre d’exemple du retard pris en investissement, le ministère des Finances estime que des investissements d’entre 125 milliards $ et 140 milliards $ sont nécessaires annuellement pour réussir à atteindre une économie carboneutre en 2050.

À l’heure actuelle, le gouvernement estime que les investissements dans la transition énergétique atteignent entre 15 et 25 milliards $.

Le projet de créer «un fonds de croissance du Canada» représente la mesure économique phare du budget. Le fédéral veut consacrer 15 milliards $ sur cinq ans à sa capitalisation. Ces sommes seront investies à même des fonds déjà prévus dans le cadre financier.

L’effort devra toutefois se faire en collaboration avec le secteur privé. Pour chaque dollar investi, le gouvernement veut que trois dollars proviennent du secteur privé. Le fonds sera géré de manière indépendante du gouvernement, a précisé un haut fonctionnaire.

Le fonds de croissance aura trois objectifs: réduire les émissions de gaz à effet de serre, investir dans les nouvelles technologies et appuyer la restructuration de la chaîne d’approvisionnement.

Une agence d’innovation

Le gouvernement Trudeau veut aussi créer une agence d’innovation et d’investissement. L’entité collaborera avec les industries et les entreprises afin de les aider à innover. Le projet s’inspire d’initiatives semblables en Israël et la Finlande.

Le gouvernement prévoit y consacrer 1 milliard $ sur cinq ans.

Le Canada se démarque dans la recherche appliquée, mais ces connaissances ne se rendent pas assez souvent jusqu’au milieu des affaires, a dit Mme Freeland en conférence de presse.

«Nous voulons aider les entreprises à prendre ces belles grandes idées et à les sortir des laboratoires», a-t-elle dit en conférence de presse.

Pour les deux entités, Ottawa prévoit mener des consultations avec les experts et dévoiler davantage de détails sur leur fonctionnement au cours de la mise à jour budgétaire.

Minéraux critiques

Le gouvernement veut aussi soutenir l’exploitation des minéraux critiques par le biais d’une série de mesures annoncées dans le budget, mais il faudra patienter avant que les sommes promises soient déployées.

Par exemple, Ottawa veut injecter 1,5 milliard $ sur sept ans pour développer la chaîne d’approvisionnement des minéraux critiques. La première tranche de 214 millions $ sera déployée l’année suivante, soit au cours de l’exercice 2023-2024.

Le nickel, le lithium, le cobalt, le graphite, le cuivre, les éléments des terres rares, le vanadium, le tellure, le gallium, le scandium, le titane, le magnésium, le zinc, les métaux du groupe platine et l’uranium font partie des minéraux considérés comme critiques.

Un crédit d’impôt sur les dépenses pour l’exploration de minéraux critiques de 30 % sera également offert au lendemain de la publication du budget.

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