MONTRÉAL — Le militant écologiste Patrick Bonin, qui a travaillé pendant plus de dix ans chez Greenpeace Canada, cherchera à se porter candidat pour le Bloc québécois aux prochaines élections fédérales.
M. Bonin a indiqué mercredi matin sur ses réseaux sociaux qu’il sera candidat à l’investiture bloquiste dans la circonscription de Repentigny, dans la région de Lanaudière.
Il souhaite ainsi succéder à la députée bloquiste Monique Pauzé, qui a annoncé mardi qu’elle ne sollicitera pas de nouveau mandat. Mme Pauzé représente cette circonscription depuis 2015 à la Chambre des communes.
Sur le réseau social X, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a qualifié M. Bonin de militant «inébranlable et efficace», rappelant qu’il a dû «composer avec ce même engagement redoutable» lorsqu’il était ministre de l’Environnement au Québec dans le gouvernement de Pauline Marois.
«Alors quelle joie et quel optimisme pour nous tous de le voir joindre notre parti, sincère et seul porteur de l’idée qu’en conciliant écologie et économie, hors du modèle pétrolier, le Québec créera davantage de richesse à partager», a écrit M. Blanchet.
«C’est un élan d’optimisme qui s’ajoute à une période qui va déjà assez bien», a-t-il ajouté de vive voix en point de presse à Ottawa.
En prévision de ce saut en politique, M. Bonin a quitté son emploi chez Greenpeace, où il travaillait depuis 12 ans. Il occupait le poste de responsable de la campagne Climat-Énergie.
Dans le cadre de ses fonctions chez Greenpeace, M. Bonin a participé à plusieurs événements de mobilisation et coups d’éclat, en plus de multiplier les apparitions médiatiques.
Dans les derniers mois, il a entre autres pris part à une «occupation» du bureau de circonscription de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, ainsi qu’à une marche pour réclamer que le projet d’usine de batteries de Northvolt, en Montérégie, soit soumis à une évaluation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Sur Facebook, il a dit être particulièrement fier de la grande marche pour l’environnement qui a rassemblé près de 500 000 personnes à Montréal en 2019 et de la conclusion de l’Accord de Paris en 2015.
«Ces dernières années m’auront prouvé qu’ensemble, nous pouvons influencer le cours des choses, faire des gains concrets, insuffler l’espoir aux gens et contribuer à ce que de plus en plus de personnes dans la population deviennent des agents de changements et contribuent à bâtir une société plus juste et plus verte», a-t-il écrit dans un long message.
Guilbeault surpris
Le parcours de M. Bonin n’est pas sans rappeler celui du ministre libéral Steven Guilbeault, qui s’est lancé en politique en 2019 après avoir milité chez Greenpeace et Équiterre pendant une vingtaine d’années. M. Guilbeault est aujourd’hui ministre fédéral de l’Environnement.
Il se réjouit d’ailleurs de l’arrivée possible de M. Bonin sur la scène politique fédérale.
«C’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect. Je pense que le fait d’avoir une personne de plus qui sera peut-être élue à la Chambre des communes qui se préoccupe de l’environnement et des changements climatiques, on en a besoin, surtout devant les mensonges répétés des conservateurs sur la question climatique et environnementale», a indiqué M. Guilbeault dans les couloirs de la Chambre des communes.
Il s’est toutefois dit «un peu surpris» que M. Bonin se joigne au Bloc québécois puisqu’«il a dénoncé à de nombreuses reprises et de façon assez virulente Yves-François Blanchet lorsqu’il était ministre de l’Environnement, notamment pour être le seul ministre de l’Environnement à avoir proposé de faire de l’exploration pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent sans Bureau d’audiences publiques sur l’environnement».
M. Guilbeault a également souligné qu’il est «plus difficile» d’apporter une contribution significative dans un parti qui ne prendra jamais le pouvoir.
«Vous ne pouvez pas travailler sur des projets de règlements, vous ne pouvez pas travailler sur les budgets. Vous pouvez influencer parfois un peu certains projets de loi, mais vous ne tenez jamais le crayon, alors sa capacité à influencer les choses va quand même être plus limitée. M. Bonin a reconnu plusieurs bons coups de notre gouvernement, tout en disant qu’on devait en faire plus, et là-dessus on est d’accord.»