Le ministre de la Défense Bill Blair rencontre son homologue chinois à Singapour

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne
Le ministre de la Défense Bill Blair rencontre son homologue chinois à Singapour

OTTAWA — Les ministres de la Défense du Canada et de la Chine se sont réunis la semaine dernière pour la première fois en 11 ans lors d’une conférence internationale sur la sécurité, alors que les pays s’efforcent de rétablir les lignes de communication.

Bill Blair a rencontré l’amiral Dong Jun vendredi, alors qu’il participait au Dialogue Shangri-La à Singapour, marquant la première réunion entre des ministres canadiens de la Défense depuis 2013.

«La communication entre nos pays est vitale et je me réjouis de nouvelles opportunités de dialogue», a affirmé M. Blair dans une déclaration publiée sur le réseau social X.

Le ministre Blair a déclaré avoir exprimé les préoccupations du Canada concernant l’ingérence étrangère de Pékin, son soutien financier et économique à la Russie et ses récents exercices militaires à Taïwan.

La Chine a organisé une simulation de blocus de l’île à la fin du mois de mai, après l’élection d’un nouveau gouvernement qui n’accepte pas la position de Pékin selon laquelle Taïwan fait partie de la Chine.

Le sujet des actions de la Chine à Taïwan a également été soulevé par le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, lors de sa rencontre avec M. Dong vendredi, selon des responsables du Pentagone.

Il s’agissait de la première réunion en personne au niveau ministériel depuis que les contacts entre les armées américaine et chinoise ont été rompus en 2022, lorsque Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, a exaspéré Pékin en se rendant à Taïwan.

Ces dernières années, le Canada a participé à des exercices menés par les États-Unis dans le détroit de Taïwan, qui, selon les responsables américains, visent à mettre l’accent sur la liberté de navigation dans les eaux contestées de la région.

Selon certaines informations, la Chine aurait pris des mesures agressives au cours de ces exercices. En juin dernier, les États-Unis ont publié une vidéo montrant un navire chinois coupant la route d’un destroyer américain.

Puis, en octobre, M. Blair a accusé l’armée chinoise de comportement inacceptable et dangereux après qu’un avion de combat se soit approché à moins de cinq mètres d’un avion de surveillance canadien au-dessus de la mer de Chine orientale.

Le Canada s’est engagé à continuer d’envoyer trois navires de la marine dans la région dans le cadre de sa stratégie indo-pacifique, qui verra également davantage de coopération militaire et d’exercices conjoints avec ses alliés de l’Indo-Pacifique.

«Nous sommes prêts à nous engager avec la Chine et avec tous nos partenaires dans toute la région indo-pacifique pour garantir une région stable et sûre», a déclaré M. Blair lors de son discours au Dialogue Shangri-La.

Un rapprochement après des tensions

Sa rencontre avec M. Dong est la dernière d’une série de discussions de haut niveau qui suggèrent que les relations entre le Canada et la Chine s’améliorent après des années de tension.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s’est entretenue avec son homologue chinois Wang Yi en janvier, et les deux ministres se sont rencontrés en personne en février.

Également en janvier, un haut responsable militaire canadien, le major général Gregory Smith, a déclaré aux députés qu’Ottawa cherchait à rétablir les relations avec l’attaché de défense de la Chine. Il a également noté que le Canada n’avait mené aucun exercice militaire ni coopéré avec l’Armée populaire de libération depuis 2018.

C’était la même année que Meng Wanzhou, dirigeante de Huawei, a été arrêtée à Vancouver dans le cadre d’une affaire d’extradition vers les États-Unis. La Chine a réagi en arrêtant les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, dans ce qui est largement considéré comme des représailles.

Les relations diplomatiques ont été tendues pendant des années, tandis que Mme Meng et les deux Michael restaient en détention. Mme Meng a été libérée en septembre 2021, et M. Kovrig et M. Spavor sont rentrés au Canada peu de temps après.

À partir de la fin de 2022, Global News et le Globe and Mail ont publié une série d’articles basés sur des fuites d’informations de renseignement selon lesquelles Pékin aurait tenté de s’immiscer dans les élections fédérales canadiennes de 2019 et de 2021. Le scandale a finalement donné lieu à une enquête publique, qui a publié un rapport intermédiaire au début du mois de mai.

La commissaire Marie-Josée Hogue a estimé que la tentative d’ingérence n’avait pas affecté les résultats globaux des deux élections ni porté atteinte à l’intégrité du système électoral.

Son rapport révèle qu’il était possible que les résultats des courses dans un petit nombre de circonscriptions aient été affectés par l’ingérence et identifie deux cas de courses individuelles où Pékin aurait tenté d’influencer le résultat. Mme Hogue a déclaré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour tirer des conclusions sur ce qui s’est réellement passé dans les deux cas.

Le rapport intermédiaire souligne que les services de renseignement ont mis en garde dès les années 1980 concernant les efforts de Pékin pour influencer la diaspora chinoise au Canada.

— Avec des informations de l’Associated Press

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