Le nouveau sénateur Charles Adler sous le feu des critiques

Steve Lambert, La Presse Canadienne
Le nouveau sénateur Charles Adler sous le feu des critiques

WINNIPEG — La nomination du présentateur de radio Charles Adler au Sénat est critiquée dans certains milieux, y compris par un membre du cabinet fédéral.

M. Adler, qui a passé des décennies à animer des émissions de radio-débat, a été nommé au Sénat la fin de semaine dernière par le premier ministre Justin Trudeau et représentera le Manitoba à la Chambre Haute.

Dan Vandal, le ministre des Affaires du Nord, a publié une brève déclaration d’une phrase dans laquelle il affirme que de nombreux Manitobains sont mieux placés que M. Adler pour représenter la province.

L’Assemblée des chefs du Manitoba a pour sa part demandé au premier ministre de révoquer la nomination et a accusé M. Adler d’avoir utilisé un langage grossièrement offensant à l’égard des peuples autochtones à l’antenne.

L’Assemblée des chefs du Manitoba (ACM) s’est plainte en 1999 que M. Adler a utilisé des termes tels que «idiots» pour désigner les dirigeants autochtones dans son émission de radio sur la station de radio CJOB à Winnipeg.

La plainte a été rejetée l’année suivante par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision, un organisme d’autoréglementation volontaire pour les radiodiffuseurs privés.

«L’AMC a déposé des plaintes officielles contre les commentaires vulgaires et racistes de M. Adler dans le passé, et il est évident que le Canada et le premier ministre ont fermé les yeux sur ces opinions offensantes lors de la nomination de M. Adler au Sénat», a déclaré l’assemblée dans un communiqué de presse, lundi.

«Comment une Première Nation peut-elle penser que ses examens de la législation ayant un impact sur les réserves, les traités et les droits inhérents seraient même vaguement favorables aux peuples autochtones de ces terres ?»

La plainte de 1999 portait en partie sur un segment radiophonique dans lequel M. Adler critiquait la gouvernance et le manque d’emplois dans les réserves. La plainte comprenait également des inquiétudes concernant un autre animateur de CJOB dans une autre tranche horaire.

«Je crois en la libre entreprise, qui n’existe pas dans les réserves. Je crois en la loi et l’ordre, qui n’existent pas. Je crois en un gouvernement responsable, qui n’existe pas là-bas», aurait déclaré M. Adler selon une transcription de l’émission incluse dans la décision du conseil.

M. Adler a ensuite parlé des «idiots» et des dictateurs du passé dans des pays comme l’Ukraine, le Cambodge et la Hongrie — où il est né — et a ensuite comparé les perspectives d’emploi dans ces pays aux conditions de vie dans les réserves.

«Personne derrière ce micro n’essaie de dire qu’il y a beaucoup d’emplois dans les réserves… Je n’ai tout simplement pas envie de soutenir les idiots et les arguments idiots», peut-on lire dans la transcription.

Le conseil a jugé que les émissions de CJOB ne violaient pas son code d’éthique. Il a indiqué que la critique d’un gouvernement des Premières Nations est un commentaire légitime, similaire à la critique de tout autre gouvernement.

«Le cas présent n’est pas différent. Ceux qui occupent des postes de pouvoir dans les réserves peuvent légitimement être décrits, en raison des décisions qu’ils prennent, comme des “idiots” ou des “intellectuellement moribonds” par les porte-parole des médias», peut-on lire dans la décision.

M. Adler a refusé une demande d’entrevue et a indiqué qu’il ne ferait aucun commentaire.

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