MONTRÉAL — À la veille d’une rencontre entre les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault au sujet de l’immigration, le porte-parole du Parti libéral du Québec (PLQ) en matière d’immigration, André Albert Morin, demande au gouvernement de la CAQ de rapatrier la gestion du Programme de mobilité internationale, qui est présentement entre les mains du fédéral.
«La CAQ a perdu le contrôle de l’immigration, et particulièrement l’immigration temporaire qui est en pleine crise. Alors, si le Québec veut être capable de véritablement gérer l’immigration temporaire, moi ce que je leur propose (…) c’est qu’ils soient capables de rapatrier l’ensemble des temporaires. Et dans les temporaires, il y a le Programme de mobilité fédéral», a soutenu M. Morin, dimanche en entrevue.
Le Programme de mobilité internationale permet aux employeurs «d’embaucher un travailleur temporaire sans obtenir une étude d’impact sur le marché du travail», peut-on lire sur le site web du gouvernement fédéral.
«Présentement, le fédéral délivre des permis pour des travailleurs temporaires, et le gouvernement en émet également, donc c’est une question de cohérence. Puis, évidemment, d’être capable de véritablement avoir un portrait d’ensemble et de bien contrôler l’immigration temporaire», a dit le député de la circonscription d’Acadie.
M. Morin estime que le gouvernement pourrait rapatrier le programme sans avoir à rouvrir l’entente Gagnon-Tremblay-McDougall de 1991, qui définit les rôles du Québec et du fédéral en matière d’immigration.
«Cette entente-là, qui vit au fil des ans, il faut l’interpréter dans son esprit, et je pense qu’on doit y apporter une interprétation large qui vise à donner au Québec un très grand nombre de responsabilités en matière d’immigration. Donc personnellement je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas aborder cette question-là dans le cadre de l’entente», a expliqué M. Morin.
Le député du PLQ dit avoir des attentes élevées en lien avec la rencontre des premiers ministres du Canada et du Québec, lundi.
«Je pense que le gouvernement, M. Legault a une obligation de résultat demain (lundi). M. Legault nous a parlé de l’immigration depuis des semaines. Là, il a une opportunité de s’entendre avec le gouvernement fédéral pour mieux gérer l’ensemble des composantes de l’immigration, a-t-il soutenu. S’il veut mieux contrôler les temporaires, à ce moment-là, qu’il rapatrie le Programme de mobilité du fédéral, qu’il le demande et qu’il l’obtienne.»
«Et puis pour toute la question des réfugiés, le Québec a fait plus que sa part, et là maintenant, il faut que le fédéral soit capable de compenser», a ajouté M. Morin.
En mai dernier, il a été convenu lors d’une réunion des ministres de l’Immigration du gouvernement fédéral et des différents gouvernements provinciaux, à Montréal, de créer un comité de travail qui se penchera sur une meilleure répartition des demandeurs d’asile au pays.
La ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette, s’était dite satisfaite de cette rencontre, et avait indiqué que les ministres ont «reconnu que le Québec et l’Ontario subissent une pression démesurée liée aux demandeurs d’asile».
Selon le ministère de l’Immigration du Québec, depuis 2017, la province a accueilli plus de 230 000 demandeurs d’asile, ce qui représente 50,7 % de tous les demandeurs d’asile arrivés au Canada alors que le Québec ne représente que 22 % du poids démographique au Canada.
M. Morin s’attend donc à ce que le premier ministre Legault obtienne de l’argent du fédéral pour cette raison, en plus d’obtenir le Programme de mobilité.
Vendredi, M. Legault a également annoncé la création d’un comité pour l’autonomie du Québec au sein de la fédération canadienne, qui évaluera notamment l’immigration. M. Morin a indiqué que le PLQ «va étudier avec beaucoup d’attention» ce comité.
– Avec des informations de Stéphane Blais, La Presse Canadienne