Le premier ministre du Nouveau-Brunswick convoque des élections le 21 octobre

Hina Alam, La Presse Canadienne
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick convoque des élections le 21 octobre

FREDERICTON — Dès le déclenchement de la campagne électorale, le chef du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a accusé jeudi ses principaux rivaux de préparer un accord de partage du pouvoir similaire à celui, désormais abandonné, entre les libéraux fédéraux et le NPD.

Quelques minutes après avoir annoncé la tenue d’un vote le 21 octobre, M. Higgs a déclaré que le chef provincial du Parti vert, David Coon, élaborait des demandes à l’intention de la cheffe libérale Susan Holt «afin d’accéder au pouvoir» si les conservateurs progressistes se retrouvaient minoritaires à l’Assemblée législative.

«C’est une page directement tirée du manuel Justin Trudeau-Jagmeet Singh», a argué M. Higgs, faisant référence à l’accord de confiance et d’approvisionnement qui a vu les néo-démocrates de M. Singh soutenir le gouvernement minoritaire libéral de M. Trudeau jusqu’au début du mois.

«Susan Holt a refusé de s’exprimer contre tout ce que Justin Trudeau a fait… nous ne pouvons pas laisser Susan Holt et David Coon faire au Nouveau-Brunswick ce que Trudeau et Singh ont fait au Canada.» Il n’a pas donné plus de détails.

Une publicité en ligne produite par le parti conservateur montre des photos séparées de Mme Holt et M. Coon accompagnées d’images de MM. Trudeau et Singh debout derrière eux.

Plus tard dans la journée, Mme Holt a rejeté l’idée de former une alliance entre les libéraux et les verts.

«Nous sommes convaincus que nous sommes sur la bonne voie pour gagner suffisamment de sièges pour un gouvernement majoritaire», a-t-elle affirmé dans une entrevue.

La cheffe libérale a déclaré que les réflexions de Blaine Higgs sur Justin Trudeau et Jagmeet Singh visent à distraire les électeurs des échecs des conservateurs, en particulier en ce qui concerne la gestion des délais d’attente dans les soins de santé, la pénurie de logements et le coût élevé de la vie.

«Alors qu’il se concentre sur Ottawa, nous nous concentrons sur les Néo-Brunswickois», a lancé Mme Holt.

David Coon a également rejeté la possibilité d’un partenariat — même s’il s’était montré moins définitif la veille lorsqu’il avait indiqué qu’il préférait attendre ce que les électeurs décideront.

Mais jeudi, M. Coon a soutenu que sa priorité était de vaincre Blaine Higgs et de remporter ces élections afin qu’un gouvernement vert puisse régler les problèmes qui affligent les Néo-Brunswickois. «Nous ne sommes pas intéressés par un partenariat avec les libéraux», a-t-il lancé.

Une tentative potentiellement mortelle

M. Higgs, qui brigue un troisième mandat malgré une baisse de popularité, a depuis longtemps pris l’habitude de critiquer les libéraux fédéraux, une stratégie qui a également été adoptée par d’autres premiers ministres conservateurs.

Jeudi, il a clairement indiqué que cette stratégie ferait partie de la campagne de 33 jours, qui devrait également se concentrer sur les questions de portefeuille et l’approche provocatrice du gouvernement en matière de politiques d’identité sexuelle.

Le chef progressiste-conservateur de 70 ans, qui brigue un troisième mandat consécutif, a attiré l’attention nationale en exigeant que les enseignants obtiennent le consentement des parents avant d’utiliser les prénoms et pronoms préférés des élèves de moins de 16 ans.

Plus récemment, cependant, l’ancien dirigeant d’Irving Oil a tenté de rejoindre les électeurs affectés par l’inflation en promettant, s’il est réélu, de réduire la taxe de vente harmonisée (TVH) provinciale de deux points de pourcentage, à 13 %.

Au moment de la dissolution, les conservateurs détenaient 25 sièges sur les 49 que compte l’Assemblée législative. Les libéraux avaient 16 sièges, les verts trois et il y avait un indépendant et quatre sièges vacants.

Selon J.P. Lewis, professeur de sciences politiques à l’Université du Nouveau-Brunswick, la tentative de M. Higgs de lier Mme Holt à Justin Trudeau pourrait s’avérer mortelle pour la campagne libérale provinciale. Il a déclaré que de nombreux électeurs ne voient que peu de différence entre les partis fédéraux et provinciaux.

«Beaucoup de gens diraient que c’est injuste, a estimé le Pr Lewis. Mais cela revient simplement à dire: ‘Eh bien, elle est libérale’.»

Les trois principaux problèmes auxquels font face les Néo-Brunswickois sont le coût de la vie, les soins de santé et l’éducation, a rappelé M. Lewis, ajourant que «dans de nombreuses régions, c’est l’inflation qui est la principale préoccupation — le coût de la vie, les prix des logements, etc».

Libéraux et verts

Pendant ce temps, les principaux rivaux de M. Higgs sont la cheffe libérale, Susan Holt, et le chef du Parti vert, David Coon, qui se concentrent tous deux sur les questions économiques et sociales.

Mme Holt, cheffe des libéraux depuis deux ans, a promis d’imposer un plafonnement des loyers et de mettre en place un programme d’alimentation scolaire subventionné. Les libéraux veulent également ouvrir au moins 30 cliniques de santé communautaires au cours des quatre prochaines années.

M. Coon a promis qu’un gouvernement vert créerait un «programme de soutien à l’électricité», qui verserait aux familles gagnant moins de 70 000 $ par année environ 25 $ par mois pour compenser les hausses de tarifs «sans précédent».

Les attentes des Acadiens

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) a rappelé jeudi les priorités de la communauté acadienne et francophone de la province sur quatre grands axes: l’éducation, la santé, le développement économique et l’immigration.

La SANB demande notamment la création d’un ministère de l’Éducation de langue française et la gestion des centres de petite enfance dans les écoles publiques par des structures de gouvernance francophone.

L’organisme propose par ailleurs une révision approfondie de la gouvernance en santé pour améliorer les services offerts aux francophones.

La SANB souhaite d’autre part une plus grande autonomie provinciale dans la gestion de l’immigration. Elle plaide aussi pour un système permettant aux deux communautés linguistiques «de développer des stratégies autonomes et adaptées à leurs besoins spécifiques, visant à garantir l’égalité des chances pour les francophones».

Mécontentement depuis 2022

La grogne au sein du parti a commencé en octobre 2022, lorsque le ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, a claqué la porte du cabinet, affirmant qu’il était opposé aux projets controversés de réforme de l’enseignement du français dans la seule province officiellement bilingue au pays. Le gouvernement Higgs a finalement abandonné ces projets.

Puis, en 2023, le gouvernement Higgs a annoncé des changements à la «politique 713», qui oblige désormais les élèves de moins de 16 ans qui explorent leur identité de genre à obtenir le consentement de leurs parents avant que les enseignants puissent utiliser leurs prénoms ou pronoms préférés.

Lorsque plusieurs élus conservateurs ont voté avec l’opposition pour réclamer un examen externe et indépendant de ce changement, le premier ministre Higgs a chassé les dissidents de son cabinet.

Et la tentative de certains membres du parti de soumettre leur chef à un vote de confiance a fait chou blanc.

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