Le tribunal met fin à l’application des règles d’abattage casher d’Ottawa

Anja Karadeglija, La Presse Canadienne
Le tribunal met fin à l’application des règles d’abattage casher d’Ottawa

OTTAWA — Une décision de la Cour fédérale a suspendu l’application des lignes directrices de l’Agence canadienne d’inspection des aliments concernant l’abattage rituel des animaux.

La décision indique qu’il existe de sérieuses questions quant à savoir si les lignes directrices sont déraisonnables et si elles empiètent sur les droits à l’égalité et à la liberté de religion garantis par la Charte.

Un groupe d’agences qui certifient la viande casher a poursuivi le gouvernement en justice au début du mois pour demander une injonction. Il a fait valoir que le respect des critères ralentissait sérieusement la production au point que les abattoirs ne voulaient plus fournir ce service et réduisait l’accès à la viande casher au Canada.

La décision indique que le gouvernement ne peut pas imposer l’utilisation des trois indicateurs d’inconscience animale en vertu des lignes directrices jusqu’à ce que le tribunal ait rendu une décision finale sur le bien-fondé de la demande judiciaire.

Bien que les lignes directrices ont été publiées en 2021, la décision du tribunal note que l’agence alimentaire n’a commencé à les appliquer dans tous les abattoirs pratiquant l’abattage casher qu’en juin 2023.

Les lignes directrices exigent que les abattoirs testent à plusieurs reprises la respiration rythmée, les mouvements des yeux et les clignements, ainsi que les mouvements de la langue, la posture de l’animal et les sons qu’il émet.

La décision indique qu’il est possible de garantir que les animaux destinés à l’alimentation humaine soient inconscients «sans utiliser les trois indicateurs d’inconscience désormais mandatés par les lignes directrices, en poursuivant la pratique qui existait depuis de nombreuses années avant l’adoption de ces lignes directrices».

La décision affirme qu’accorder l’injonction pour empêcher l’agence alimentaire «d’imposer strictement les trois indicateurs d’inconscience aura un impact minime sur le bien-être animal et l’intérêt public».

Shimon Koffler Fogel, président et chef de la direction du Centre pour les affaires israéliennes et juives, a déclaré que même s’il était satisfait de la décision, il espérait une solution permanente qui satisfasse aux objectifs réglementaires et protège la sécurité alimentaire casher.

«La communauté juive et l’ACIA sont toutes deux engagées à respecter les normes les plus élevées en matière de bien-être animal, et nous sommes convaincus qu’avec de la bonne volonté, un accord pourra être conclu», a-t-il affirmé dans un communiqué.

La viande casher nécessite que les animaux soient abattus sans être étourdis, tandis que les pratiques islamiques concernant la viande halal permettent d’étourdir l’animal après la coupe initiale, si nécessaire.

Le groupe de défense Animal Justice cherche à obtenir le statut d’intervenant dans cette affaire pour défendre les intérêts des animaux abattus.

«Les experts vétérinaires et les organisations de protection des animaux du monde entier » sont opposés à l’abattage sans étourdissement «au motif que cela implique d’égorger les animaux avant de les suspendre la tête en bas par une jambe sur une chaîne d’abattage, ce qui peut causer d’importantes souffrances» si les animaux ne sont pas correctement rendus inconscients par la coupure, fait valoir l’organisme.

Il a noté que plusieurs pays européens ont interdit l’abattage sans étourdissement tandis que d’autres imposent l’étourdissement des animaux après leur égorgement afin de réduire les risques que les animaux conscients soient pendus.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires