Le tueur en série Pickton attaqué en prison: la sœur d’une victime a pleuré de joie

La Presse Canadienne
Le tueur en série Pickton attaqué en prison: la sœur d’une victime a pleuré de joie

MONTRÉAL, Que. — Cynthia Cardinal dit qu’elle a été «submergée» de bonheur lorsqu’elle a reçu lundi un texto lui annonçant que le tueur en série Robert Pickton, qui a assassiné sa sœur Georgina Papin, se trouvait dans un état potentiellement mortel après avoir été agressé en prison.

Elle appelle ça le «karma».

Le texto provenait d’une cousine de Tanya Holyk, une autre femme disparue dont l’ADN a été retrouvé dans la ferme porcine de Pickton à Port Coquitlam, en Colombie-Britannique.

«Je ne pense pas que quelqu’un de maléfique devrait marcher sur Terre, en ce qui me concerne, a déclaré Mme Cardinal mardi. J’ai des larmes de joie. Des larmes de grande joie.»

Le Service correctionnel du Canada a confirmé mardi que le tueur en série de la Colombie-Britannique Robert Pickton est le détenu blessé lors de l’«agression majeure» survenue dimanche dans la prison de Port-Cartier, dans la région de la Côte-Nord.

La Sûreté du Québec (SQ) a déclaré que Pickton, âgé de 74 ans, avait été transporté à l’hôpital avec des blessures considérées comme mettant sa vie en danger.

Un porte-parole de la SQ, Hugues Beaulieu, a ajouté qu’un suspect de 51 ans est en détention.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a expliqué en point de presse mardi qu’une enquête interne du Service correctionnel était en cours pour déterminer les circonstances de l’événement, parallèlement à l’enquête criminelle de la SQ.

Il a déclaré avoir été informé dimanche soir de l’événement et que ses pensées se tournaient immédiatement vers les familles des victimes de Pickton en Colombie-Britannique ainsi que vers les agents de l’établissement correctionnel du Québec.

M. LeBlanc a qualifié Pickton de «l’un des criminels les plus dangereux du pays», mais a déclaré qu’il ne pouvait fournir aucun autre détail sur l’incident ou sur l’état de Pickton en raison des lois sur la protection de la vie privée. Le ministre n’a pas nommé Pickton, mais a répondu lorsque des questions ont été posées à son sujet.

«Quand on pense au détenu qui a été agressé, quand on prononce son nom, on pense aux victimes, aux familles», a déclaré M. LeBlanc en français, ajoutant que le Service correctionnel du Canada a mis en place un processus pour examiner de tels événements.

«L’une de mes principales préoccupations concerne évidemment la sécurité de ces institutions et des hommes et des femmes qui travaillent dans ces prisons», a-t-il ajouté en anglais.

Pickton a été reconnu coupable de six chefs de meurtre au deuxième degré et condamné à la prison à vie en 2007, avec une période maximale d’inadmissibilité à la libération conditionnelle de 25 ans, après avoir été accusé du meurtre de 26 femmes.

«Le karma l’attendait depuis longtemps»

Les restes ou l’ADN de 33 femmes, dont beaucoup provenaient du Downtown Eastside à Vancouver, ont été retrouvés dans la ferme porcine de Pickton, à Port Coquitlam, et il s’est un jour vanté auprès d’un policier infiltré d’en avoir tué 49 au total.

Les victimes confirmées de Pickton étaient Sereena Abotsway, Mona Wilson, Andrea Joesbury, Brenda Ann Wolfe, Georgina Papin et Marnie Frey.

Cynthia Cardinal, 63 ans, a déclaré qu’elle estimait que les autorités avaient supprimé les informations sur Pickton, soulignant qu’elle avait été informée de l’attaque non pas par des responsables, mais par Lorelei Williams, la cousine de Mme Holyk.

Elle se souvient de sa sœur comme d’une personne «pleine de vie» et d’une mère formidable pour ses sept enfants, dont le plus jeune n’avait qu’un an lorsqu’elle a disparu.

«Elle avait tellement de talent. Elle avait aussi un fort caractère parce qu’en tant que sœurs, nous nous disputions, vous savez ce que c’est, mais elle était très dure», a ajouté Mme Cardinal.

Elle a avoué que les deux dernières décennies avaient été difficiles pour la famille de Georgina Papin et que chaque fois que le nom de Pickton revenait, cela les ramenait en quelque sorte à cette époque.

Les dernières nouvelles, cependant, ont apporté «un sentiment formidable».

«Je pense au karma, et le karma l’attendait depuis longtemps», a-t-elle lancé.

Le service correctionnel a d’abord annoncé lundi qu’un détenu avait été envoyé à l’hôpital après une grave agression à l’établissement à sécurité maximale de Port-Cartier. Il a précisé mardi que l’agression n’impliquait aucun membre de son personnel.

Admissibilité à la semi-liberté

Au moment de la détermination de la peine contre Pickton, un juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, James Williams, a déclaré qu’il s’agissait d’un «cas rare qui justifie correctement la période maximale d’inadmissibilité à la libération conditionnelle dont dispose le tribunal».

La police a commencé à fouiller la ferme de Pickton, à Port Coquitlam, dans la banlieue de Vancouver, il y a plus de 22 ans, dans ce qui allait durer des années d’enquête sur la disparition de dizaines de femmes, dont beaucoup venaient du Downtown Eastside de Vancouver.

La police de Vancouver a été critiquée pour ne pas prendre ces cas au sérieux, car bon nombre des personnes disparues étaient des travailleuses du sexe ou des toxicomanes.

Pickton est devenu admissible à la semi-liberté en février, ce qui a suscité l’indignation des politiciens et des membres des familles des victimes, qui ont critiqué le système judiciaire canadien, affirmant qu’il ne devrait jamais être libéré de prison.

Il y a quatre ans, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a demandé l’élimination de preuves trouvées dans une propriété de Ruskin, en Colombie-Britannique, liées à Pickton et détenues dans les entrepôts de la GRC.

Les objets comprennent des vêtements, des chaussures et des épingles à cheveux – dont une avec des cheveux encore dedans – ainsi que des éléments de preuve plus intimidants, comme un jouet sexuel et un fusil à verrou rouillé.

La demande de la GRC faisait valoir que les articles occupaient beaucoup de place et que leur stockage continuait de générer des coûts. Selon la GRC, les preuves en question n’affecteraient pas les poursuites futures.

Dans un courriel envoyé mardi, le sergent d’état-major de la GRC Kris Clark a confirmé que la demande était toujours devant les tribunaux et que le processus était en cours.

Un groupe de familles, d’avocats et de défenseurs a envoyé une lettre au ministère fédéral de la Sécurité publique en décembre appelant à l’arrêt du projet d’élimination.

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