Les 50 ans de «J’ai vu le loup, le renard, le lion» célébrés vendredi sur les plaines

Philémon La Frenière-Prémont, La Presse Canadienne
Les 50 ans de «J’ai vu le loup, le renard, le lion» célébrés vendredi sur les plaines

La Superfrancofête présente vendredi soir le spectacle Plaines de chansons, un hommage au premier grand spectacle extérieur francophone, 50 ans plus tard.

Le 13 août 1974, les Plaines d’Abraham accueillaient Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois pour le spectacle désormais mythique «J’ai vu le loup, le renard, le lion». Plus de 100 000 personnes avaient assisté à ce premier grand spectacle francophone au Québec, selon les estimations.

Ce vendredi soir, Robert Charlebois, Diane Dufresne, Claude Dubois et Paul Piché performeront avec Hubert Lenoir, Patrice Michaud, Pierre Lapointe, Souldia et Les Trois Accords, notamment.

Au total, une trentaine de chanteurs et musiciens et une centaine d’artistes partageront la scène dans ce mélange de générations. L’organisation attend des dizaines de milliers de personnes pour ce spectacle gratuit.

Pour Sylvain Parent-Bédard, président et chef de la direction de la Superfrancofête, c’est l’occasion de célébrer la chanson québécoise francophone et de «savoir d’où l’on vient pour décider où l’on va».

«J’ai vu le loup, le renard, le lion»

En août 1974 a lieu la première Superfrancofête (et dernière avant 2022). Pour la soirée d’ouverture, trois des plus grandes figures de l’époque, soit Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois, s’allient pour performer sur les Plaines d’Abraham.

«Les trois représentent trois moments importants de l’incarnation de ce qu’est la musique québécoise dans son évolution», indique Danick Trottier, musicologue à l’Université du Québec à Montréal.

Leclerc est le plus vieux, l’expérimenté, le pionnier. Il a fallu le convaincre de participer au spectacle. Vigneault est issu de la génération suivante et «a fait les beaux jours des boîtes à chansons», explique M. Trottier. Et Charlebois est le jeune, qui représente les baby-boomers et la génération rock and roll. Leclerc le voyait comme un jeune effronté et vulgaire, fait savoir le musicologue.

La soirée entre dans les annales en raison de sa symbolique nationaliste. Tout d’abord, le concert a lieu sur les Plaines d’Abraham, symbole de la défaite des Français aux mains des Britanniques.

Ensuite, les premiers ministres provincial et fédéral – Pierre Elliott Trudeau et Robert Bourassa, tous deux fédéralistes – sont présents lors de la soirée d’ouverture.

Ce sont surtout Félix Leclerc, qui chante «L’alouette en colère», une «charge directe contre le gouvernement fédéral» écrite pendant la crise d’Octobre, et Gilles Vigneault avec «Ti-cul Lachance», «charge directe contre le gouvernement de Bourassa», qui animent ce nationalisme. Pour sa part, Robert Charlebois n’était pas associé au mouvement.

La foule répond positivement au nationalisme. Alors qu’il devait y avoir entre 10 et 20 000 personnes, indique M. Trottier, ce sont finalement plus de 100 000 spectateurs en délire qui étaient sur les lieux.

«Le Soleil le lendemain va y aller de cette couverture: «Les francophones ont reconquis les Plaines d’Abraham»», dit M. Trottier pour expliquer l’ampleur qu’a prise la soirée.

L’enregistrement d’un disque, aussi intitulé «J’ai vu le loup, le renard, le lion», «vient faire de l’événement un moment particulier et majeur qui continue de marquer les esprits après 1974».

Chose certaine, affirme Danick Trottier, le spectacle a lancé la tradition des spectacles de musique en extérieur au Québec, qui est très présente aujourd’hui, via le Festival d’été de Québec, les Francos ou encore le Festival international de jazz de Montréal.

Plaines de chansons 2024

En relançant la Superfrancofête en 2022, Sylvain Parent-Bédard avait déjà en tête de souligner le 50e anniversaire du premier grand spectacle francophone au Québec.

Il souhaitait organiser une grande soirée, à l’image de celle de 1974, qui rassemblerait des milliers de personnes, et qui serait gratuite.

«Je l’avais en tête, mon équipe l’avait en tête, on a réussi à attacher tout ça, mais surtout, on a eu une participation extraordinaire des artistes et des artisans qui étaient disponibles ce soir-là. Ceux qui ne sont pas là, c’est parce qu’ils n’étaient tout simplement pas disponibles.»

Pour M. Parent-Bédard, Plaines de chansons sera une occasion de célébrer la culture d’ici en soulignant un événement marquant de l’histoire du Québec.

«On en voulait de tous les genres musicaux, de toutes les générations, de tous les styles de contenu, de paroles et on voulait vraiment rejoindre les grands-parents, les jeunes, les moins jeunes.»

Chacun des artistes a pu choisir les chansons qu’il chantera. Cela donnera lieu à des collaborations inédites. Par exemple, Marjo chantera «Provocante» en duo avec Pierre Lapointe. Ce dernier chantera «Chasse galerie» avec Claude Dubois, l’auteur de la chanson.

Le grand Gilles Vigneault, aujourd’hui âgé de 95 ans, sera de la partie – virtuellement. Une vidéo tournée uniquement pour l’événement sera diffusée.

«Ça va être vraiment une grande fête de la chanson québécoise francophone et de tous les citoyens francophiles», souligne Sylvain Parent-Bédard.

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