Les aqueducs de Montréal et Calgary témoignent d’un «besoin urgent» de modernisation

Bill Graveland, La Presse Canadienne
Les aqueducs de Montréal et Calgary témoignent d’un «besoin urgent» de modernisation

CALGARY — L’état des infrastructures à travers le pays est désastreux et des mesures doivent être prises dès maintenant pour éviter les bris massifs de conduites d’eau qui continue de sévir dans la plus grande ville de l’Alberta, a pressé le président de la Fédération canadienne des municipalités.

Geoff Stewart était à Calgary dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de la fédération en juin lorsque le bris s’est produit, ce qui a entraîné des mois de restrictions d’eau et d’autres mesures onéreuses.

Les Montréalais ont pris conscience de leur propre défaillance d’infrastructure vendredi lorsqu’une rupture dans une importante conduite d’eau souterraine près du pont Jacques-Cartier a déclenché ce que les résidents du quartier ont décrit comme un mur d’eau. Les rues et les maisons ont été inondées, forçant l’évacuation des bâtiments voisins et menant à un avis d’ébullition de l’eau pour 150 000 foyers.

«Les infrastructures de ce pays ont un besoin urgent de mises à niveau et de travaux», a affirmé M. Stewart.

«Nos infrastructures vieillissent partout au pays. Nous faisons face à une crise où nous allons devoir effectuer des travaux très importants sur les infrastructures d’un bout à l’autre».

La plupart des restrictions à Calgary ont été levées plus tôt ce mois-ci lorsque le maire Jyoti Gondek a annoncé qu’une analyse avait révélé d’autres points problématiques le long de dix kilomètres de canalisation dans le nord-ouest de Calgary.

La canalisation sera fermée du 26 août à la fin septembre afin de pouvoir la déterrer et la renforcer avec du béton dans ces zones. Les restrictions d’eau font leur retour, notamment l’interdiction d’arroser les pelouses et la demande de prendre des douches plus courtes et de faire moins de lessives.

Le groupe de M. Stewart a publié un rapport qui plaide en faveur d’un «modèle de croissance municipale» qui modifierait les formules de financement fédérales et provinciales afin que les municipalités aient plus d’argent à disposition.

Il a déclaré qu’Ottawa et les provinces ont la capacité de générer davantage de recettes grâce à des hausses d’impôt sur le revenu ou de taxe de vente.

«Les municipalités ont une charge plus lourds et très peu, voire pas du tout, d’augmentation de nos revenus sans taxe foncière», a-t-il déclaré.

«En matière d’impôts, moins de 8 à 10 cents de chaque dollar collecté vont aux municipalités. Le moment est venu. Nous sommes à un point critique en matière d’infrastructures dans ce pays et nous devons en discuter».

Un signal d’alarme pour le Canada

Une professeure d’ingénierie a prévenu que la défaillance de la canalisation à Calgary était probablement un signe avant-coureur de ce à quoi d’autres villes du Canada, en particulier celles des régions froides, pourraient être confrontées dans un futur proche.

Elle a déclaré que c’était un signal d’alarme pour le Canada.

«C’est l’un de ces moments où, malheureusement, d’autres juridictions ont des leçons à tirer de cette tragédie», a lancé Tricia Stadnyk, professeure à l’École de génie de Schulich de l’Université de Calgary.

«Le mieux que nous pouvons faire maintenant est de tirer les leçons de cette catastrophe, en espérant que nous serons peut-être comme un canari dans une mine de charbon et que nous pourrons éviter que cela n’arrive à d’autres endroits».

Un rapport de 2020 de l’Enquête sur les infrastructures publiques essentielles du Canada a révélé que près d’un kilomètre sur cinq de conduites d’eau, d’égout et d’eaux pluviales — 86 000 sur plus de 472 000 — touche à la fin de leur durée de vie utile, ayant été construit avant 1970.

La durée de vie utile moyenne prévue des nouvelles conduites souterraines installées en 2020 variait de 50 à 73 ans. Mme Stadnyk a révélé que la conduite de Calgary avait près de 50 ans et que c’est à ce moment-là qu’une défaillance catastrophique peut se produire.

Elle a ajouté que Calgary est également plus vulnérable en raison de son climat, car les conditions hivernales peuvent varier considérablement, des vagues de froid glacial aux vents chauds qui descendent des Rocheuses, ce qui exerce une pression sur les conduites.

Mme Stadnyk ne pense pas que la défaillance de Calgary ait été soudaine et estime qu’il y avait probablement des signes avant-coureurs.

L’un des problèmes a été la défaillance des fils d’armature tendus en acier qui s’enroulent autour de la conduite.

«Comme la canalisation est enterrée, il est très difficile d’y accéder. Ils ont installé un système de surveillance acoustique sur cette canalisation, ce qui correspond à l’état actuel des connaissances en matière d’infrastructures de canalisations d’eau, a-t-elle expliqué, mais malheureusement, ces moniteurs acoustiques ne semblent pas avoir détecté ces ruptures de câbles».

Michael Thompson, directeur général des services d’infrastructure de Calgary, a confirmé que la ville utilise des dispositifs de surveillance acoustique installés au printemps dernier.

Ce système est en cours de mise à niveau vers un système à fibre optique à partir de cette semaine, a-t-il ajouté.

«Cela permettra d’identifier avec précision l’emplacement d’une rupture de câble et nous permettra de surveiller de plus près l’état de la canalisation».

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