Les banques alimentaires du Québec sonnent l’alarme

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
Les banques alimentaires du Québec sonnent l’alarme

MONTRÉAL — Le réseau des Banques alimentaires du Québec sonne l’alarme, au moment où une tempête parfaite de facteurs fait qu’il peine à répondre à une demande qui a explosé du tiers depuis 2019.

Le réseau aide aujourd’hui 671 000 personnes par mois, soit une hausse de 33 % par rapport à il y a trois ans et de 9 % depuis l’an dernier, précise le rapport Bilan-Faim 2022, qui a été publié jeudi et dévoilé en primeur à La Presse Canadienne.

En seulement un an, le nombre mensuel de demandes d’aide alimentaire auxquelles répond le réseau a bondi de 375 000, passant de près de 1,9 million à plus de 2,2 millions, soit une hausse de 20 %.

Et ces chiffres sous-estiment probablement l’ampleur réelle de la situation, selon le directeur général des Banques alimentaires du Québec, Martin Munger.

«Ces données-là ont été recueillies en mars, a-t-il dit. D’après ce qu’on me dit sur le terrain, ça continue. Ce sont des sommets pour la demande qui n’ont jamais été atteints par le passé. Notre réseau n’a jamais répondu à une telle demande de son histoire.»

Environ les deux tiers des quelque 1200 organismes desservis par le réseau indiquent avoir manqué de denrées par leurs sources d’approvisionnement habituelles au cours de la dernière année.

En général, ajoute M. Munger, le réseau des banques alimentaires a toujours fonctionné avec des dons de denrées ou des ententes d’approvisionnement.

Mais confrontés aux problèmes actuels de la chaîne d’approvisionnement, les donateurs habituels du réseau, comme les producteurs ou les transformateurs alimentaires, ont entrepris de mieux gérer leurs stocks, ce qui signifie qu’en bout de compte ils avaient moins de surplus à donner, a-t-il expliqué.

«Donc, d’une part la demande augmente d’une manière considérable, et d’autre part, on a plus de difficultés à s’approvisionner», a résumé M. Munger.

Même après avoir développé son programme de récupération de denrées dans les supermarchés, et puisque les dons ne suffisaient plus à répondre à la demande, le réseau a été contraint pour une très rare fois de son histoire de dépenser des centaines de milliers de dollars pour acheter de la nourriture, ce qui est loin d’être idéal dans le contexte inflationniste actuel.

L’inflation fait aussi mal à ceux qui ont faim, et plus précisément aux ménages qui disposent de revenus fixes et qui sont mal équipés pour affronter une hausse des prix.

Ainsi, 34 % des bénéficiaires de l’aide alimentaire sont des enfants. Environ 40 % des demandeurs de dépannage alimentaire sont des personnes vivant seules ou des ménages avec des enfants (18% sont des ménages monoparentaux et 24 % sont des ménages biparentaux).

Mais au cœur même de cette tempête parfaite, répète M. Munger, se trouve la hausse de la demande.

«On n’a jamais vécu ça dans le passé, a-t-il martelé. L’effet de l’inflation, l’effet de la pandémie, ça dépasse les moyens du réseau des banques alimentaires.»

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Sur internet:

www.banquesalimentaires.org

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