Les conservateurs lancent des publicités qui s’en prennent à Jagmeet Singh «le vendu»

Mickey Djuric, La Presse Canadienne
Les conservateurs lancent des publicités qui s’en prennent à Jagmeet Singh «le vendu»

OTTAWA — Le Parti conservateur a diffusé cette semaine de nouvelles publicités en anglais attaquant Jagmeet Singh, qualifiant le chef néo-démocrate de «vendu» et le blâmant pour la hausse de la criminalité, des prix de l’immobilier et du coût de la vie au pays.

Alors que les conservateurs espèrent dérober un siège au NPD à Winnipeg lors d’une partielle en septembre, les publicités demandent pourquoi M. Singh accepte de maintenir au pouvoir le premier ministre Justin Trudeau à un moment où son gouvernement libéral est impopulaire auprès des Canadiens.

Les néo-démocrates ont signé en 2022 un pacte politique avec les libéraux dans lequel ils promettent au gouvernement minoritaire leur soutien lors des votes clés en Chambre. En échange, ils ont obtenu l’assurance de progrès sur des politiques publiques communes comme l’assurance-médicaments et les soins dentaires.

Les publicités conservatrices accusent M. Singh de maintenir cet accord dans le seul but de garantir sa pension de député, à laquelle il n’aurait droit qu’à partir d’octobre 2025, date prévue des prochaines élections fédérales.

Les publicités conservatrices présentent de vraies photos de M. Singh portant une montre Rolex ou un sac fourre-tout Versace, et conduisant une voiture BMW. La manchette: «Singh le vendu. Il touche sa pension, vous payez la note».

Les publicités sont diffusées partout au pays dans diverses circonscriptions, a déclaré le Parti conservateur, sans fournir plus de détails.

Une version de 15 secondes de l’une des publicités est publiée sur Facebook et Instagram depuis la mi-juin en Colombie-Britannique, en Ontario, au Manitoba, en Alberta et au Nunavut, selon le registre de publicités de Meta.

La secrétaire principale de M. Singh, Anne McGrath, affirme que ces attaques sont «personnelles et malhonnêtes».

«La vérité est que, dans la vingtaine, Pierre Poilievre était en train déjà d’accumuler sa pension de député de plusieurs millions de dollars, et Jagmeet travaillait au salaire minimum pour subvenir à ses besoins et à ceux de son frère adolescent.

«C’est ce qui motive Jagmeet à lutter pour des prix plus bas à l’épicerie, des prix abordables pour l’immobilier et des soins dentaires.»

La «classe ouvrière»

Dans les publicités, les conservateurs s’en prennent au fait que les néo-démocrates ont voté pour des politiques libérales qui rendent la vie des Canadiens «misérable».

«Singh le vendu est hors-jeu face aux travailleurs canadiens qui ont du mal à payer l’essence, la nourriture et le logement, a soutenu le Parti conservateur dans une déclaration écrite. Il a aidé Trudeau à augmenter quatre fois la taxe sur le carbone et à doubler les coûts du logement. Il soutient les politiques ‘woke’ et le programme de censure de Trudeau.»

Les néo-démocrates rétorquent en soulignant le bilan de M. Poilievre, qui «a voté contre un salaire minimum fédéral, mais pour réduire les prestations du Régime de pensions du Canada et relever l’âge de la retraite, et qui a voté pour retirer les soins dentaires aux enfants et aux personnes âgées».

M. Poilievre a fortement axé son discours sur le coût de la vie, son parti conservant une avance considérable sur les libéraux dans les sondages. Ces coups de sonde montrent également que les appuis au NPD ne progressent pas.

Sous la direction de M. Poilievre, les conservateurs ont intensifié leurs efforts pour obtenir le soutien des travailleurs syndiqués, dont beaucoup appuyaient traditionnellement les néo-démocrates.

Certains dirigeants syndicaux nationaux ont mis en garde leurs membres contre M. Poilievre, allant jusqu’à dire que même s’il emprunte le langage des mouvements syndicaux, il représente une menace pour les travailleurs.

«Il faut reconnaître que M. Poilievre a trouvé le ton juste et le bon message pour s’adresser directement aux travailleurs», estime Fred DeLorey, qui a dirigé la campagne conservatrice de 2021 sous la direction d’Erin O’Toole. «M. Singh, lui, a toujours eu du mal à entrer en contact avec les gens; il s’adresse en réalité aux dirigeants syndicaux. Or, ce sont deux groupes différents.»

Les conservateurs espèrent enlever la circonscription d’Elmwood-Transcona, un bastion néo-démocrate à Winnipeg, lors de l’élection partielle du 16 septembre.

Les conservateurs présentent comme candidat Colin Reynolds, membre d’un syndicat local. Les néo-démocrates ont choisi Leila Dance, une leader communautaire.

Le néo-démocrate Bill Blaikie avait représenté cette circonscription pendant une vingtaine d’années, à partir de la fin des années 1980. Son fils Daniel l’avait repris en 2015 après un seul mandat conservateur, mais il a annoncé plus tôt cette année qu’il démissionnait de son siège pour oeuvrer en politique provinciale au bureau du nouveau premier ministre du Manitoba, Wab Kinew.

Les conservateurs pensent qu’ils peuvent reprendre ce comté parce que le NPD perd du soutien, en leur faveur, a suggéré M. DeLorey.

«Des cols bleus de la classe ouvrière qui se sentent traditionnellement plus à l’aise avec le NPD se rendent maintenant compte que les conservateurs sont une option viable», a-t-il déclaré après avoir visionné les dernières publicités.

«Le message [des pubs] renforce clairement à quel point le NPD est déconnecté et à quel point Poilievre parle le langage du gros bon sens.»

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