Les dépouillements judiciaires ne modifient pas souvent les résultats des élections, mais ils jouent un rôle de plus en plus important dans la démonstration de l’intégrité du processus électoral, estime David Black, un politologue de la Colombie-Britannique.
«Il y a le contrôle de la qualité, l’assurance de la qualité, la nature auto-correctrice de notre système qui se manifeste et démontre qu’il fonctionne», déclare le professeur associé à l’Université Royal Roads de la région de Victoria.
Le NPD du premier ministre David Eby a revendiqué lundi la victoire aux élections du 19 octobre en Colombie-Britannique, mais le dépouillement n’est pas terminé.
Deux dépouillements judiciaires ont été déclenchés à la fin du «décompte final» en raison de la marge de victoire de seulement 27 voix d’un candidat du NPD dans Surrey-Guildford et de la victoire par 38 voix d’un candidat conservateur dans Kelowna Centre.
Selon Élections Colombie-Britannique, les agents électoraux doivent demander un dépouillement judiciaire si la marge de victoire est inférieure à 1/500e de tous les bulletins de vote pris en compte dans une circonscription.
Les recomptages des votes sont effectués par un juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique et peuvent porter sur tous les bulletins ou seulement une partie de ceux-ci.
Élections Colombie-Britannique a déclaré par écrit que le calendrier des dépouillements judiciaires dépendrait du juge présidant la Cour suprême.
M. Black souligne que les recomptages manuels des votes étaient à l’origine nécessaires pour vérifier l’absence d’erreurs humaines lors du dépouillement manuel.
Il ajoute cependant que le besoin n’a pas diminué avec l’avènement du comptage numérique et automatique. Au contraire, il s’est accru avec la montée du scepticisme des électeurs à l’égard d’une technologie qui n’est pas bien comprise.
Les recomptages effectués à la main avec des scrutateurs humains vérifiant chaque bulletin sont les «parties les plus visibles et les plus exposées au public» d’une opération électorale visant à garantir au public que leurs votes sont comptés avec exactitude, indique M. Black.
«La démocratie est un acte de foi, soutient-il. Plus de deux millions de personnes ont voté lors des dernières élections en Colombie-Britannique. La démocratie est une sorte de boîte noire. Vous votez, la machine effectue son travail et vous obtenez un résultat qui a un effet significatif sur votre vie.
«La distance entre votre vote et le gouvernement est longue et elle dépend vraiment de votre confiance en notre administration électorale non partisane, qui fait le travail nécessaire pour garantir l’intégrité.»
Il y a déjà eu trois recomptages manuels des votes lors des élections en Colombie-Britannique, mais ils n’ont pas eu beaucoup d’impact.
Des recomptages complets ont été déclenchés à Juan de Fuca-Malahat et à Surrey City Centre parce que le NPD menait par des marges inférieures à 100 voix après le comptage initial.
Mais les dépouillements judiciaires n’ont fait varier les résultats que de quelques voix, et lorsque les votes par correspondance ont été achevés, le NPD avait remporté Juan de Fuca-Malahat et Surrey City Centre par 141 voix et 236 voix, respectivement.
Un recomptage partiel a également été effectué dans Kelowna Centre, réduisant l’avance des conservateurs de quatre voix. Le parti a tout de même gagné par 38 voix.
De plus en plus nécessaire
L’histoire montre également qu’il n’est pas courant d’annuler le dépouillement d’une élection en Colombie-Britannique.
En 2020, un recomptage judiciaire a eu lieu dans la circonscription de West Vancouver-Sea to Sky, où le candidat libéral Jordan Sturdy avait 41 voix d’avance. Le recomptage a porté sa marge de victoire à 60 voix.
En 2013, un recomptage a été déclenché dans la circonscription de Coquitlam-Maillardville, où Selina Robinson, candidate du NPD, disposait de 35 voix d’avance; elle l’a finalement emporté par 41 voix.
Pour M. Black, la nécessité pour les autorités électorales de montrer les processus de manière transparente n’a fait que croître, étant donné «l’hyper politisation» de la logistique électorale.
Selon lui, les déclarations de foi dans le processus électoral de la Colombie-Britannique du leader conservateur John Rustad et d’autres ont montré que la méfiance dans la province n’avait pas atteint le niveau observé aux États-Unis.
Mais il a ajouté que les agences comme Élections Colombie-Britannique ont besoin des recomptages des votes comme preuve visible que les administrateurs recherchent et corrigent les erreurs.
«C’est là que le système s’autocorrige. C’est là que le système démontre au public son intégrité de manière visible.»