Les dirigeants des pays du G7 s’engagent à lutter contre l’ingérence étrangère

Nojoud Al Mallees, La Presse Canadienne
Les dirigeants des pays du G7 s’engagent à lutter contre l’ingérence étrangère

SAVELLETRI DI FASANO — Les dirigeants des pays du G7 se disent plus préoccupés que jamais par l’ingérence étrangère et envisagent de créer un «cadre de réponse collective» pour contrer les menaces étrangères contre les démocraties.

Cet engagement fait partie d’un communiqué de 43 pages publié vendredi par les dirigeants du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la France, de l’Allemagne et du Japon.

Le document indique que les ministres du gouvernement ont été invités à élaborer un cadre d’ici la fin de l’année, et qu’il inclura la dénonciation publique des «opérations étrangères de manipulation de l’information».

Le communiqué appelle également les entreprises technologiques à intensifier leurs efforts pour prévenir et contrer les ingérences étrangères et la manipulation de l’information, notamment par l’abus de l’intelligence artificielle (IA).

L’accent mis sur l’ingérence étrangère et ses menaces pour la démocratie survient à un moment où le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau est mêlé à une controverse à la suite des allégations selon lesquelles des États étrangers, dont la Chine et l’Inde, auraient tenté de s’ingérer dans les deux dernières élections fédérales.

Et l’inquiétude concernant l’IA fait suite à un avertissement concernant cette technologie du pape François, qui est devenu vendredi le premier pape à s’adresser aux dirigeants du G7.

Le pontife a déclaré que les politiciens doivent prendre l’initiative de veiller à ce que l’intelligence artificielle reste centrée sur l’humain, afin que les décisions sur le moment d’utiliser des armes ou d’autre matériel moins mortel soient toujours prises par des humains et non par des machines.

«Nous condamnerions l’humanité à un avenir sans espoir si nous supprimions aux gens la capacité de prendre des décisions concernant eux-mêmes et leur vie, en les condamnant à dépendre des choix des machines, a-t-il déclaré. Nous devons garantir et sauvegarder un espace de contrôle humain approprié sur les choix effectués par les programmes d’intelligence artificielle : la dignité humaine elle-même en dépend.»

Justin Trudeau a rencontré le pape avant son discours vendredi après-midi. Le premier ministre devait lui parler de la promotion de la réconciliation et plaider en faveur du retour des artefacts autochtones conservés au Musée du Vatican.

Les dirigeants d’autres pays, arrivés au sommet vendredi, ont également assisté au discours. Parmi ceux-ci figuraient le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président argentin Javier Milei et le premier ministre indien Narendra Modi.

Après que M. Modi eut partagé une photo de lui serrant la main de M. Trudeau sur les réseaux sociaux, le cabinet du premier ministre a déclaré que les deux hommes avaient eu une «brève discussion sur la relation bilatérale».

M. Trudeau a également félicité M. Modi pour sa réélection, a affirmé la porte-parole Ann-Clara Vaillancourt.

«Bien sûr, il y a actuellement des questions importantes entre nos deux pays. Vous pouvez comprendre que nous ne ferons pas d’autres déclarations pour le moment», a précisé Mme Vaillancourt.

C’était la première fois que les dirigeants canadien et indien se trouvaient dans la même pièce depuis que Justin Trudeau a accusé le gouvernement de M. Modi d’être impliqué dans le meurtre d’un militant sikh, Hardeep Singh Nijjar, en Colombie-Britannique.

M. Trudeau a fait cette révélation choquante à la Chambre des communes en septembre dernier. Depuis, quatre ressortissants indiens ont été arrêtés et inculpés du meurtre de M. Nijjar.

L’Ukraine et la migration au programme

La première journée du Sommet du G7 dans les Pouilles, en Italie, a été dominée par l’annonce selon laquelle les dirigeants accorderaient un prêt de 50 milliards $ à l’Ukraine en utilisant comme garantie les intérêts gagnés sur les bénéfices des actifs gelés de la banque centrale russe.

Le Canada, pour sa part, a promis de contribuer jusqu’à cinq milliards de dollars au prêt.

«Nous réaffirmons notre soutien indéfectible à l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra, peut-on lire dans le communiqué publié vendredi. Avec nos partenaires internationaux, nous sommes déterminés à continuer à fournir un soutien militaire, budgétaire, humanitaire et de reconstruction à l’Ukraine et à son peuple.»

Le conflit au Moyen-Orient figurait également en bonne place dans la déclaration finale des dirigeants, même s’il n’y avait aucune promesse significative de nouvelle action de la part du G7.

Le communiqué approuve l’accord de cessez-le-feu présenté par le président américain Joe Biden, et appelle le Hamas à accepter pleinement la proposition, tout en appelant également à davantage d’aide humanitaire pour les civils.

Les dirigeants ont aussi déclaré qu’ils recherchaient des relations «constructives et stables» avec la Chine, tout en appelant Pékin «à s’abstenir d’adopter des mesures de contrôle des exportations, en particulier sur les minéraux critiques, qui pourraient conduire à des perturbations significatives de la chaîne d’approvisionnement mondiale».

Sur ce front, le communiqué insiste sur le fait que les pays du G7 «ne se découplent pas et ne se replient pas sur eux-mêmes». «Nous réduisons les risques et diversifions les chaînes d’approvisionnement lorsque cela est nécessaire et approprié, et favorisons la résilience à la coercition économique», peut-on lire.

Les négociateurs italiens ont réussi à supprimer le mot «avortement» d’une version antérieure du communiqué, a rapporté jeudi l’agence de presse italienne ANSA.

La version finale incluait cependant un engagement en faveur de soins de santé de qualité pour les femmes, y compris «une santé et des droits sexuels et reproductifs complets», et un engagement à «débloquer» au moins 20 milliards $ sur trois ans pour renforcer l’autonomisation des femmes.

La contribution du Canada à ces initiatives est de 120 millions $.

Un autre montant de 200 millions de dollars est affecté au Fonds international de développement agricole (IFAD).

La migration était une priorité pour l’Italie, hôte du sommet, et pour son gouvernement de droite, qui cherche à accroître les investissements et les financements pour les pays africains afin de réduire la pression migratoire sur l’Europe.

Une coalition du G7 a été lancée pour prévenir et contrer le trafic de migrants.

– Avec des informations de l’Associated Press

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