TORONTO — Le principal détaillant d’alcool de l’Ontario a un brillant avenir, a déclaré lundi le premier ministre Doug Ford, alors que des milliers d’employés retournaient au travail après une grève de deux semaines.
La Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) a déclaré que ses magasins seraient ouverts dès mardi.
«J’ai confiance en la LCBO, a assuré le premier ministre Ford lors d’une conférence de presse à Kitchener, lundi. Ils répondent aux trois premiers critères: une grande qualité, des gens formidables à votre service et des prix concurrentiels. Nous allons donc continuer à avancer dans ce sens.»
M. Ford a également souligné que la LCBO tirait la majeure partie de ses recettes en tant que principal grossiste en alcool de la province, plutôt que dans ses magasins de détail.
«Le fait est que, par habitant, nous tirons le moins d’argent de tout le pays, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard, de la vente d’alcool» en magasins, a-t-il déclaré.
En vertu d’une promesse électorale faite en 2018, M. Ford souhaitait à l’origine permettre la vente de bière, de vin, de cidre et de «cocktails prêts à boire» dans tous les dépanneurs et toutes les épiceries participantes d’ici 2026. Mais en mai dernier, il a annoncé que cette réforme se produirait dès cette année, mettant un terme aux spéculations sur des élections anticipées que M. Ford n’avait pas catégoriquement niées.
Les épiceries et dépanneurs qui sont actuellement titulaires d’un permis de vente de bière, de cidre ou de vin pourront aussi vendre des panachés à compter du 5 septembre, tandis que les épiceries nouvellement agréées pourront le faire à partir du 31 octobre.
Un «accord de mise en œuvre précoce» avec la chaîne privée de détaillants «The Beer Store» prévoit que le gouvernement versera à cette entreprise jusqu’à 225 millions $ pour l’aider à maintenir ses magasins ouverts et ses employés. Le gouvernement ontarien accorde également aux brasseurs un rabais sur les tarifs de la LCBO, qui rapportent normalement 45 millions $ par année au trésor public, et il accorde aux détaillants un rabais de gros de 10 %.
Le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) a déclaré qu’il était confronté à une crise existentielle avec le projet de M. Ford d’ouvrir le marché de l’alcool dans la province.
Le syndicat, qui représente les employés de la LCBO, a déclaré qu’il croyait que le projet d’étendre les ventes d’alcool aux dépanneurs et aux épiceries menacerait les emplois syndiqués — et les dividendes que la LCBO verse à la province.
Les cocktails de la colère
Selon le syndicat, le point de friction était le projet de M. Ford de permettre aux dépanneurs et aux épiceries de vendre des cocktails prêts à boire, le marché qui connaît la plus forte croissance dans la vente d’alcool en Ontario. Le syndicat réclamait la sécurité d’emploi, des augmentations de salaire et de meilleurs avantages sociaux pour ses membres.
M. Ford a admis lundi que les cocktails prêts à boire se vendaient rapidement et représentaient environ 9 % des ventes de la LCBO. «Ils ne peuvent même pas conserver de produits prêts à boire sur les étagères, alors nous pouvons voir ce marché se développer au sein de la LCBO», a-t-il pointé.
Le premier ministre a accéléré ses projets d’ouverture du marché de l’alcool après le déclenchement de la grève le 5 juillet: il a alors permis aux épiceries qui étaient déjà autorisées à vendre de la bière et du vin d’offrir également dès jeudi dernier des cocktails prêts à boire.
Les employés de la LCBO ont ratifié dimanche une nouvelle entente de principe qui prévoit une augmentation salariale de 8 % sur trois ans, la conversion d’environ 1000 employés occasionnels en postes permanents à temps partiel, et aucune fermeture de magasins pendant la durée de l’entente.
La ratification a eu lieu alors que l’entente de principe était en suspens vendredi dernier. Le syndicat et la LCBO avaient annoncé qu’un accord de principe avait été conclu, mais le syndicat a déclaré que la grève se poursuivrait après que l’employeur a refusé de signer un protocole de retour au travail.
La LCBO a riposté en affirmant que le syndicat avait formulé de nouvelles exigences monétaires après la conclusion de l’entente de principe. JP Hornick, qui préside le SEFPO, soutenait vendredi qu’une partie des propositions de retour au travail du syndicat incluait l’indemnisation des grévistes sur les piquets pendant deux semaines.
M. Ford a déclaré lundi qu’il n’avait jamais entendu parler d’une telle indemnisation après la conclusion d’une entente de principe. «Imaginez si ça vient prendre l’argent de vos impôts pour payer des gens qui ne travaillaient pas: c’est complètement fou», a-t-il argué. La direction syndicale «a retrouvé ses esprits et nous avons obtenu la signature d’une entente», a-t-il soutenu.
M. Ford a dit avoir parlé à plus de 500 travailleurs de la LCBO pendant la grève, en plus du flot habituel de textos et d’appels qu’il reçoit des Ontariens.
«Les gens me disaient: ‘Débarrassez-vous de la LCBO. Nous n’en avons pas besoin, mettez-les dans le commerce de détail’, a affirmé M. Ford. Mais je n’y crois tout simplement pas: je crois au soutien des 9000 personnes qui travaillent dur.»