MONTRÉAL — Les écrans envahissent nos vies, pour le meilleur et pour le pire.
Afin de faire prendre conscience aux adolescents et aux jeunes adultes de la trop grande place qu’occupe la technologie dans leur quotidien, ils sont invités à se débrancher en participant au défi «24 h PAUSE», dimanche.
Cette initiative de Capsana, une organisation qui se consacre à la promotion de la santé et des saines habitudes de vie, en est à sa sixième édition. Cette année, le slogan est «Décolle de ton écran».
«On joue avec le fait qu’on dit souvent qu’on a la face collée sur l’écran. Le but est d’essayer de s’en décoller, de regarder autour de nous, de se reconnecter avec notre environnement, mais aussi avec nous-même. On encourage les jeunes à prendre un pas de recul par rapport à leur utilisation des écrans en se déconnectant pendant 24 heures», explique Carolanne Campeau, conseillère en prévention des risques liés à l’usage des écrans chez Capsana.
Un tel défi aide à déprogrammer son cerveau en brisant certains automatismes.
«Avec les mécanismes d’engagement que les développeurs des applications utilisent pour capter et maintenir l’attention, on en vient à développer un réflexe de se connecter. On le fait sans vraiment savoir pourquoi. C’est une habitude qui est devenue ancrée à la longue. On veut briser cet automatisme et reconnaître ce qui déclenche le désir de se connecter pour reprendre le contrôle par la suite et se reconnecter de manière plus équilibrée.»
Il n’est pas question de se priver à jamais de ses appareils électroniques, mais plutôt de «choisir consciemment le moment de consulter son écran», précise-t-elle. «Il faut se demander: est-ce que c’est un moment où je devrais être en train de regarder mon écran ou est-ce que vivre dans le présent est plus important?»
Mme Campeau, une référence en matière de dépendance ayant travaillé durant plusieurs années à la Maison Jean Lapointe, souligne qu’une récente étude québécoise a montré que 34 % des jeunes sont jugés à risque de développer une utilisation problématique d’un point de vue clinique et que 3 % d’entre eux souffrent de cyberdépendance et «auraient besoin d’une intervention pour avoir des conseils et du soutien pour prévenir des conséquences plus graves».
Des statistiques encourageantes
D’où l’intérêt d’une «cure de désintoxication numérique» comme l’événement «24 h PAUSE». À la fin de l’expérience, la moitié des participants ont constaté que le défi a été facile à relever. Cette donnée réjouit Carolanne Campeau.
«C’est intéressant de voir que la moitié des personnes ont trouvé que ce n’était pas si difficile que ça finalement. Peut-être que certains participants ont eu plus d’ajustements à faire que d’autres, mais il faut faire l’expérience pour le découvrir. C’est juste en la vivant de façon individuelle qu’une personne arrive à reconnaître comment ça l’influence.»
Et ça fonctionne. «Dans les jours suivant l’expérience, la majorité des gens disent avoir l’intention d’instaurer des pauses et 90 % souhaitent diminuer leur temps d’écran», ajoute-t-elle.
Sur les dizaines de milliers de jeunes ayant fait ce sevrage volontaire, 60 % ont tenu le coup pendant 24 heures et 18 % ont succombé à la tentation entre la 16e et la 23e heure. Ces statistiques encouragent Mme Campeau.
Un des facteurs de réussite les plus importants est le soutien social. «Quand un milieu au complet embarque et en fait la promotion, ça motive davantage», indique-t-elle. C’est pourquoi elle incite les maisons des jeunes à adhérer au mouvement.
Des effets bénéfiques à long terme
Par ailleurs, les dangers liés à l’hyperconnectivité sont bien documentés. Le ministère de la Santé et des Services sociaux affirme que «l’exposition des jeunes aux écrans est une préoccupation de santé publique en raison des risques pour leur santé et leur développement» et que «l’usage excessif est associé à un risque accru pour la santé physique et mentale des jeunes».
Il cite notamment les problèmes de poids, l’augmentation de la pression artérielle, la dépression, l’anxiété ainsi que les idées suicidaires.
De plus, «le temps passé devant un écran serait associé à certains comportements, tels que la consommation d’alcool, de cannabis, de cigarette et d’autres produits du tabac ainsi qu’à la participation aux jeux de hasard et d’argent».
S’éloigner des écrans peut donc contribuer au bien-être physique et psychologique de cette partie de la population particulièrement vulnérable.
«Lorsque les jeunes qui ont déjà participé aux 24 heures de pause en entendent encore parler, ils revivent les bénéfices qu’ils ont vécus à ce moment-là. Ils se disent que ce serait peut-être important de prendre une autre pause. À long terme, ça peut avoir un effet bénéfique», soutient Mme Campeau.
Pour s’inscrire, rendez-vous au pausetonecran.com. Vous courrez ainsi la chance de remporter 1000 $ en argent.