Les premiers ministres du Canada sont préoccupés par les catastrophes naturelles

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne
Les premiers ministres du Canada sont préoccupés par les catastrophes naturelles

HALIFAX — Alors que les premiers ministres du Canada abordaient le logement, les soins de santé et leurs relations controversées avec Ottawa lors de leurs réunions la semaine dernière à Halifax, bon nombre d’entre eux sont restés consumés par les catastrophes naturelles liées aux changements climatiques, qui n’ont fait que s’intensifier depuis le retour dans leurs provinces respectives.

«Il ne nous échappe pas que la préparation aux situations d’urgence en cas de catastrophe naturelle est plus importante que jamais», a déclaré le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, dans son discours de clôture de la dernière journée de la conférence du Conseil de la fédération.

Les premiers ministres des provinces et des territoires du Canada se sont rassemblés pour trois jours de réunions, et la discussion sur les catastrophes naturelles en cours était constamment à l’ordre du jour, a indiqué M. Houston. Cet été a jusqu’à présent été marqué par de multiples crues soudaines, dont une ce mois-ci en Nouvelle-Écosse qui a tué un garçon de 13 ans, et des incendies de forêt à travers le pays qui ont entraîné la destruction de propriétés et l’évacuation de milliers d’habitants.

«Il y a un certain nombre de premiers ministres autour de la table aujourd’hui qui luttent contre les incendies de forêt. Bien sûr, ici, dans cette province, nous avons connu un décès tragique causé par des inondations soudaines la semaine dernière», a affirmé le premier ministre lors de la deuxième journée de réunion. Le 11 juillet, Eli Young a été emporté dans un fossé dans un parc de Wolfville, en Nouvelle-Écosse, lors d’une crue soudaine qui a causé d’importants dégâts dans l’ouest de la province.

«Bien sûr, les discussions sur la préparation aux situations d’urgence prennent certainement un sens et une importance supplémentaires dans un moment comme celui-ci», a-t-il fait valoir.

Des discussions insuffisantes

Blair Feltmate, directeur du Centre Intact sur l’adaptation au climat à l’Université de Waterloo, affirme que la discussion ne suffit pas. Il a dit mercredi dans une entrevue que tous les niveaux de gouvernement doivent traiter l’escalade des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques comme une crise et adopter rapidement des stratégies d’atténuation avant que la situation n’empire.

M. Feltmate a déclaré qu’il existe des stratégies d’atténuation des catastrophes naturelles que les gouvernements pourraient mettre en œuvre. «Le problème est qu’ils ne déploient pas assez rapidement les solutions connues», a-t-il soutenu.

«Il s’agit d’une situation de type alerte rouge. Non seulement le degré de risque est extrêmement élevé, mais nous réalisons qu’il ne fera qu’augmenter. Aussi grave que soit la situation actuelle avec les inondations, les incendies de forêt et les épisodes de chaleur extrême, la situation va empirer. Le changement climatique est irréversible», a-t-il expliqué.

Le nord du Canada, qui a également connu de récents incendies de forêt, souffre d’une sécheresse qui a fait baisser le niveau d’eau du fleuve Mackenzie à un point tel que les barges ne peuvent plus y circuler.

«Nous sommes actuellement confrontés à une situation dans laquelle le changement climatique a entraîné le niveau d’eau le plus bas que nous ayons jamais vu sur le fleuve Mackenzie — c’est essentiellement notre autoroute», a déclaré le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R.J. Simpson, la semaine dernière lors de la conférence des premiers ministres.

M. Simpson a demandé un soutien fédéral aux communautés qui dépendent du plus long fleuve du Canada pour accéder aux biens essentiels et à la nourriture, ainsi qu’un financement urgent pour construire le projet de route de la vallée du Mackenzie afin d’offrir une alternative au transport fluvial.

«Nous sommes maintenant dans une situation où les gens sont essentiellement bloqués, nous devons transporter des marchandises par avion, ce qui va doubler le prix que le consommateur va payer à l’épicerie… Cela retarde la construction de nouvelles infrastructures. C’est un problème grave auquel nous sommes confrontés», a détaillé le premier ministre.

Des mesures de prévention à implanter

Depuis les réunions de la semaine dernière, de nombreux incendies de forêt dans l’Ouest canadien se sont considérablement accrus.

Mercredi, la Colombie-Britannique comptait environ 430 incendies de forêt en cours, dont 107 ayant débuté au cours des 24 heures précédentes. Les résidants d’environ 470 propriétés de la province ont aussi été forcés d’évacuer. Une vingtaine de bâtiments ont été détruits par l’incendie de forêt de Shetland Creek, dont au moins six maisons. Les responsables des incendies de forêt affirment que 8099 kilomètres carrés de la province ont brûlé depuis le 1er avril.

En Alberta, les responsables des incendies de forêt indiquent qu’environ 20 000 à 25 000 personnes ont évacué la communauté de Jasper depuis lundi soir. Environ 180 incendies de forêt brûlaient en Alberta mercredi soir, et environ un tiers d’entre eux étaient considérés comme hors de contrôle.

M. Feltmate a déclaré que des mesures concrètes pour atténuer les incendies de forêt sont incluses dans la stratégie canadienne de prévention et d’atténuation des feux de forêt, publiée par Ottawa le 5 juin. Ce rapport recommande des techniques de prévention des incendies «proactives» comme les brûlages dirigés, l’élimination des combustibles dangereux comme les arbustes secs et les herbages, ainsi qu’éduquer le public sur la manière de limiter les incendies de forêt d’origine humaine.

Le Centre Intact sur l’adaptation au climat a également publié des guides destinés aux particuliers pour atténuer les risques liés aux incendies de forêt, à la chaleur extrême et aux inondations. Les recommandations incluent le retrait du paillis et des plantes juste à côté des maisons si elles se trouvent dans une zone à risque d’incendies de forêt, la vérification des fuites dans la plomberie, ainsi que l’utilisation de rideaux et de ventilateurs résistants à la chaleur pour refroidir la maison pendant une vague de chaleur.

Des recommandations plus coûteuses comprennent l’installation d’une pompe de puisard, l’ajout de grilles incombustibles aux bouches d’aération externes et le remplacement des clôtures en bois près de la maison par une clôture en fil de fer ou en métal.

«La bonne nouvelle est que nous savons où résident les problèmes, nous savons où se trouvent les zones clés qui présentent le plus grand risque d’inondations, d’incendies de forêt et de chaleur extrême, a dit M. Feltmate. Maintenant, nous devons agir de toute urgence.»

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires