Les territoires autochtones dans la mire de Ghislain Picard à l’aube des élections

Clara Descurninges, La Presse Canadienne
Les territoires autochtones dans la mire de Ghislain Picard à l’aube des élections

MONTRÉAL — Alors que la campagne électorale provinciale se dessine à l’horizon, le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, souhaite ramener l’enjeu des territoires autochtones sous les projecteurs.

La question, c’est «comment on peut assurer que les communautés qui pendant des siècles ont simplement assisté à l’exploitation des ressources et des territoires sans leur consentement et sans en bénéficier» puissent finalement avoir voix au chapitre, a-t-il fait valoir mercredi lors d’une conférence organisée par l’Université du Québec à Montréal.

Selon lui, la relance post-pandémique est l’occasion parfaite pour inclure les communautés et permettre leur développement économique. Mais pour accomplir cela, «tout repose sur la capacité que nous avons de pouvoir se développer, de pouvoir développer un territoire».

Le jour de la marmotte

«L’ironie, c’est que le gouvernement du Québec, et même les gouvernements qui l’ont précédé, ont toujours mis au grand jour que le Québec était à l’avant-garde. (…) On fait souvent référence à la Convention de la Baie-James dans les années 70, ce qui n’est pas faux», a-t-il dit.

Cette convention, signée avec des représentants inuits, cris et plus tard naskapis, assurait une certaine autonomie autochtone sur une partie du territoire du Nord du Québec et des compensations financières pour l’exploitation des ressources.

Mais pendant ce temps, «il y a des Nations, incluant la mienne, qui sont encore en négociations après 40 ans», soit depuis le rapatriement de la Constitution canadienne, a rappelé M. Picard, lui-même originaire de la communauté innue de Pessamit. «Si c’est vrai et possible là-bas, pourquoi ce n’est pas vrai et possible ailleurs?»

Plusieurs Nations «se retrouvent devant un statu quo perpétuel en ce qui concerne ces questions de gouvernance», a-t-il soulevé, alors qu’avec les changements successifs de gouvernements, «on remet souvent l’horloge à zéro».

Au cœur du débat public

Ainsi, le scrutin d’octobre prochain au Québec rend les choses imprévisibles.

«La prochaine étape, c’est comment on se prépare à une campagne électorale provinciale qui va sans doute laisser peu de place à la question autochtone», a expliqué le chef Picard. «Nous allons très certainement trouver la façon d’occuper la place publique.»

Il cherche à «faire en sorte que les questions qui nous intéressent soient les questions mises devant les partis qui seront sur la ligne de départ».

«C’est ça en ce moment qui nous pose énormément de problèmes, essayer d’engager les gouvernements dans un processus qui soit un peu plus respectueux de la vision que nous avons du territoire, a-t-il déclaré. Nous avons vu carrément un fossé entre la vision des communautés et la capacité du gouvernement actuel de pouvoir consentir à, et entretenir, une conversation sur un concept territorial qui ne soit pas entièrement le sien.»

Le chef Picard a dit s’être tourné dans les dernières années vers la population générale pour «aller chercher cette écoute-là, aller chercher en quelques sortes cette compréhension-là, et peut-être éventuellement influencer le courant politique».

Le cabinet du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a réagi dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, en affirmant que «le ministre a justement comme mandat clair du premier ministre de mener des négociations de nation à nation, d’égal à égal avec les communautés».

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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