L’ex-DG de la SQ Martin Prud’homme a été embauché par la Ville de Montréal

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
L’ex-DG de la SQ Martin Prud’homme a été embauché par la Ville de Montréal

MONTRÉAL — L’administration de Valérie Plante a embauché Martin Prud’homme comme directeur général adjoint de la Ville, associé à la sécurité publique. 

L’embauche a été entérinée mercredi avant-midi par le comité exécutif.

«C’est une bonne nouvelle pour Montréal, mais aussi pour le Québec»,  a indiqué la mairesse Plante en conférence de presse avant d’ajouter que «Martin Prud’homme avait une compréhension des enjeux sur le terrain mais aussi des compétences de gestionnaires».

Martin Prud’homme sera responsable de «coordonner, de superviser et de contrôler les activités et les ressources nécessaires au fonctionnement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), du Service des affaires juridiques et du Service du greffe de la Ville de Montréal».

Celui-ci s’est dit «très heureux» d’avoir été choisi parmi des dizaines d’autres candidats.

 «J’ai eu une belle carrière de 33 ans», a indiqué l’ex-policier en reconnaissant qu’il avait également vécu «un passage difficile» à la fin de sa carrière.

«Mais pour moi, la page est tournée», a-t-il précisé en faisant référence au conflit de plusieurs mois qu’il a eu avec le gouvernement du Québec alors qu’il faisait l’objet d’une enquête de la Commission de la fonction publique.

«Je vais apporter mon bagage, je vais travailler en équipe. Je pense que je peux amener des choses positives à la ville. Et vous avez quelqu’un de très heureux dans sa tête et dans son corps ce matin», a expliqué Martin Prud’homme qui voit son rôle «un peu comme celui d’un chef d’orchestre».

La mairesse a indiqué que son administration travaillait à la conception d’un «nouveau modèle de sécurité urbaine, propre à Montréal» pour faire face à «l’itinérance, la santé mentale, la lutte au racisme, le profilage racial et la violence armée qui augmente».

Martin Prud’homme devra donc participer à la conception et la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie.

Pour le nouveau directeur général adjoint de la Ville, «l’intégrité et la transparence» sont des valeurs essentielles à la réalisation de ces objectifs, car elles permettent de créer «les liens de confiance» avec la population.

Ces «liens de confiance» seront particulièrement importants, selon lui, pour enrayer la prolifération des armes à feu et les fusillades, qui figurent parmi les principaux problèmes auxquels le SPVM et la Ville doivent faire face.

«Vous savez, on ne devient pas criminel à 8 ans ou à 16 ans. On grandit dans des milieux des fois qui ne sont pas favorables», a-t-il souligné en indiquant que les enjeux liés aux armes à feu ne pouvaient pas être réglés par de «simples réponses policières» et que son mandat lui demandait également de travailler avec une multitude d’intervenants.

Trouver un nouveau chef de police

Au cours des prochaines semaines, Martin Prud’homme sera appelé à collaborer avec la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, pour définir les modalités de la consultation publique pour trouver la prochaine direction du SPVM.

Après le départ à la retraite du chef de la police de Montréal, Sylvain Caron, il y a quelques semaines, la mairesse Plante avait annoncé le lancement d’une consultation publique pour le remplacer.

Plusieurs intervenants avaient insisté sur l’importance de la concertation dans le développement du modèle montréalais de police, dans la foulée des récentes vagues de violences armées.

Martin Prud’homme a indiqué que le prochain directeur ou la prochaine directrice du SPVM devra est «quelqu’un qui peut bien communiquer et qui a des qualités importantes d’intégrité et de transparence».

Également, cette personne devra «avoir de l’expérience» et «connaître le milieu de la sécurité publique» ainsi qu’avoir déjà eu des responsabilités de «gros mandats» de gestion, a indiqué l’ancien policier. 

D’ici à ce qu’une nouvelle personne soit choisie, Martin Prud’homme devra travailler en étroite collaboration avec la cheffe intérimaire du SPVM, Sophie Roy.

Procédures abandonnées après une longue saga

En mai 2021, Martin Prud’homme avait annoncé sa retraite du service public en indiquant qu’il en était venu à une entente avec le gouvernement provincial après une longue saga.

Celui qui était directeur général de la Sûreté du Québec depuis 2014 avait été suspendu avec solde en mars 2019. La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, avait à ce moment affirmé que le directeur général était relevé temporairement de ses fonctions en raison d’allégations en lien avec des fuites à l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

En mars 2020, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) avait annoncé qu’aucune accusation criminelle ne serait déposée contre M. Prud’homme. Plus de deux ans après sa suspension, le directeur général faisait cependant toujours l’objet d’une enquête de la Commission de la fonction publique.

Il a d’ailleurs saisi les tribunaux en novembre 2020 afin de connaître les gestes qui lui étaient reprochés. Ces procédures ont été abandonnées au même moment où la ministre Guilbault a retiré sa demande à la Commission concernant cette dernière enquête.

La ministre Guilbault n’a «pas de commentaire à faire»

La ministre Guilbault a indiqué mercredi qu’elle n’avait pas de commentaire à faire sur l’embauche de M. Prud’homme par la Ville de Montréal.

«J’ai appris par la bande, je ne sais pas si l’annonce a été faite officiellement par la Ville de Montréal, mais j’ai appris qu’effectivement elle embaucherait monsieur Prud’homme, mais c’est une embauche qui n’a absolument rien à voir avec le gouvernement du Québec donc je n’ai pas de commentaire à faire», a indiqué Mme Guilbault en point de presse mercredi, un peu avant l’annonce officielle de l’embauche de l’ex-DG de la SQ.

En point de presse mercredi matin, la mairesse s’est fait demander si elle craignait que la nomination de Martin Prud’homme puisse créer «un froid» avec le gouvernement Legault.

Valérie Plante a répondu qu’autant pour la ministre Guilbeault que pour son administration, la sécurité publique est une priorité et «plus la métropole est sécuritaire, mieux c’est pour le gouvernement du Québec et toute la province».

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