L’Ontario a dénombré 1400 campements de sans-abri en 2023

Allison Jones, La Presse Canadienne
L’Ontario a dénombré 1400 campements de sans-abri en 2023

TORONTO — Selon l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), au moins 1400 campements de sans-abri ont été installés l’année dernière.

L’AMO demande à la province des conseils sur la manière de gérer ces campements et de l’aider davantage à loger et à soutenir les personnes qui s’y trouvent.

Ces chiffres proviennent d’une enquête menée par l’AMO auprès des responsables des services municipaux et figurent dans un document d’orientation que l’association a publié avant sa conférence de la semaine prochaine, au cours de laquelle elle espère obtenir des engagements de la part du gouvernement Ford.

«Les municipalités n’ont pas créé cette crise, elles sont forcées de la gérer sans disposer des ressources ou d’outils nécessaires pour y répondre de manière adéquate», écrit l’AMO.

«Les municipalités sont souvent obligées de trouver un équilibre entre les besoins importants des personnes sans domicile fixe vivant dans des campements, qui méritent d’être traitées avec empathie et respect, et la responsabilité de veiller à ce que nos communautés soient des lieux sûrs et dynamiques pour tous les résidants», ajoute l’AMO.

Plusieurs municipalités ont demandé des injonctions pour régler le problème des campements, avec des résultats mitigés, et il est temps que la province fournisse des orientations sur la question, selon l’AMO.

La Ville de Kingston s’est tournée vers les tribunaux. Le maire Bryan Paterson juge cependant que c’est une solution coûteuse, qui prend du temps, qui divise et qui n’est pas une bonne solution.

«Comment gérer ces intérêts divergents, ces problèmes sociaux et de santé complexes et difficiles à résoudre, de manière à les équilibrer? Nous attendons de la province qu’elle s’engage sur cette question, qu’elle la prenne en compte et qu’elle aide les municipalités à trouver cet équilibre.»

Les municipalités demandent également à la province de les aider davantage à fournir aux personnes qui se trouvent dans les campements des logements et des soins de santé. À leur avis, il est urgent d’augmenter le nombre de logements supervisés, par exemple.

Les logements abordables comprennent des ressources sur place, notamment en matière de santé mentale et de toxicomanie, et l’Ontario a besoin de dizaines de milliers d’unités supplémentaires, avance l’AMO.

«Nous connaissons les solutions», a affirmé M. Paterson.

«Il y a la sensibilisation dans la rue et les refuges, puis le traitement, et enfin le logement supervisé. Nous connaissons donc ces solutions. Le problème, c’est que les municipalités ne disposent pas des ressources ou de l’expertise nécessaires pour fournir ces services.»

L’AMO souhaite aussi que la province permette aux bénéficiaires de l’aide sociale ou de prestations d’invalidité de percevoir des allocations de logement, même s’ils n’en ont pas, ce qui augmenterait leur revenu d’environ 400 à 500 $ par mois.

Le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, a assuré qu’il continuerait à travailler avec les municipalités, notamment sur la question des sans-abri, et a indiqué qu’il avait prévu 35 réunions au cours des deux jours de la conférence.

«Nous allons continuer à avoir des conversations solides et à parler de nos priorités communes: l’itinérance, la santé mentale, la toxicomanie et la construction de plus de logements et d’infrastructures», a-t-il déclaré.

«Le gouvernement fédéral doit payer sa juste part»

Justine Teplycky, porte-parole du ministre des Affaires municipales et du Logement, a souligné que l’Ontario dépense 700 millions $ par année pour les logements communautaires et supervisés et qu’elle donne à Toronto et à Ottawa plus de 240 millions $ pour les refuges et le soutien aux sans-abri.

Elle a également fait remarquer que le budget déposé ce printemps prévoit 396 millions $ supplémentaires sur trois ans pour les services de santé mentale et de lutte contre la toxicomanie.

«Nous continuons à demander au gouvernement fédéral d’agir, de payer sa juste part et d’assumer davantage de responsabilités pour les conséquences de ses politiques, qui ont fait grimper le nombre de personnes confrontées à l’itinérance», a-t-elle indiqué dans un communiqué de presse.

Du côté du fédéral, l’AMO note que le directeur parlementaire du budget a déclaré que, dans le cadre de la stratégie nationale du logement, le gouvernement consacre environ 561 millions $ par an aux programmes destinés aux sans-abri, mais qu’il faudrait 3,5 milliards $ supplémentaires par an pour réduire de 50 % le nombre de sans-abri chroniques.

Dans son dernier budget, le gouvernement libéral a annoncé 250 millions $ supplémentaires pour s’attaquer au problème des campements. L’AMO exhorte le gouvernement ontarien à faire de même.

Le ministre fédéral du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, Sean Fraser, n’a pas répondu à une demande d’entrevue.

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