L’Ukraine et le président Joe Biden seront au centre du sommet de l’OTAN

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
L’Ukraine et le président Joe Biden seront au centre du sommet de l’OTAN

WASHINGTON, D. C. — Le Canada tentera de rassurer ses alliés sur son engagement envers l’alliance occidentale alors que le premier ministre Justin Trudeau se rendra à Washington, D.C., cette semaine pour participer au sommet des dirigeants de l’OTAN.

Les 32 pays de l’OTAN devraient célébrer le 75e anniversaire de l’Alliance dans la même ville où le traité d’origine a été signé.

Justin Trudeau assistera à un dîner avec les dirigeants de l’OTAN à la Maison-Blanche organisé par le président Joe Biden, alors que l’âge et l’acuité mentale du dirigeant américain devraient jeter une ombre sur cette réunion historique.

«Tous les regards sont tournés vers les États-Unis», a déclaré Ferry de Kerckhove, un ancien diplomate canadien de haut rang.

Le monde regardera comment le président Biden gérera le sommet de trois jours après une performance largement critiquée lors du récent débat présidentiel.

Les prochaines élections et la possibilité d’un retour de Donald Trump à la présidence constituent une préoccupation imminente pour l’alliance défensive de longue date. L’ancien président a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne défendrait pas les membres de l’OTAN n’atteignant pas leurs objectifs en matière de dépenses de défense.

Le Canada fait partie de ces membres, mais il s’est défendu à plusieurs reprises de ne pas avoir atteint l’objectif.

Le ministre de la Défense, Bill Blair, a montré des chiffres de l’OTAN qui prouvent que les dépenses de défense du Canada ont augmenté de 67 % entre 2014 et 2021 et que, par rapport à son économie, ces dépenses ont augmenté de 1 % du PIB à près de 1,4 %.

Le Canada devrait y accorder 1,37 % de son PIB cette année, bien en deçà de l’objectif, mais M. Blair a précisé qu’il s’attend à ce que les dépenses grimpent à au moins 1,75 % d’ici 2029, avec des dépenses supplémentaires pour une nouvelle flotte de sous-marins et des systèmes intégrés de défense aérienne et de missiles qui devraient probablement permettre à Ottawa de dépasser les 2 % souhaités.

Ces promesses pourraient ne pas rassurer les alliés du Canada dans un contexte de tensions avec la Russie, la Corée du Nord et la Chine.

«Pouvons-nous réellement convaincre les gens autour de la table et les Américains que nous allons intervenir au bon moment ?» s’est interrogé M. Kerckhove.

Le soutien à l’Ukraine au coeur des discussions

La guerre qui ravage l’Ukraine sera au premier plan du sommet, alors que des accords de sécurité bilatéraux devraient être signés. Mais il est peu probable que le sommet aille aussi loin que l’espère le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré Aurel Braun, professeur de relations internationales et de sciences politiques à l’Université de Toronto.

«Ce sommet… pourrait être un point d’inflexion pour l’Ukraine : que va faire l’OTAN ?», lance M. Braun.

Un responsable du gouvernement canadien, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a avancé que M. Trudeau, accompagné de Bill Blair et de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, s’exprimera fermement sur la nécessité de continuer à soutenir l’Ukraine, alors que les doutes sur la poursuite des engagements envers Kyiv grandissent en Europe et aux États-Unis.

Les entreprises membres de l’OTAN dépensent chaque année l’équivalent de 59 milliards $ canadiens en équipements militaires pour l’Ukraine depuis le début de la guerre en février 2022. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré vendredi qu’il s’attend à ce que les chefs d’État et de gouvernement acceptent un ensemble de mesures substantielles pour l’Ukraine qui «constitue un pont vers l’adhésion à l’OTAN».

Les membres ont massivement apporté leur soutien à l’Ukraine, mais veillent à ne pas se laisser entraîner dans un conflit plus large avec la Russie.

La Hongrie a convenu le mois dernier de ne pas opposer son veto aux efforts de l’OTAN lors du prochain sommet visant à soutenir l’Ukraine, tant que le pays n’avait pas à participer à la défense de l’Alliance.

Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a été pointé du doigt par Kyiv et certains dirigeants européens alors qu’il s’est rendu à Moscou pour une réunion avec le président russe Vladimir Poutine vendredi, au cours de laquelle il a soutenu qu’ils avaient discuté de propositions de paix pour l’Ukraine.

M. Braun, qui est également associé au Centre Davis d’études russes et eurasiennes de l’Université Harvard, a affirmé qu’il chercherait à obtenir plus de détails sur la promesse faite lors du sommet de l’année dernière, lorsque les dirigeants de l’OTAN ont convenu d’accélérer le processus d’adhésion de l’Ukraine.

Il est peu probable que cela devienne une réalité avant de nombreuses années. Le chercheur estime que la possibilité d’adhésion de l’Ukraine pourrait entraîner des concessions qui ne satisferaient pas M. Zelensky. «Proposent-ils un pont ou vendent-ils un pont ?», a imagé M. Braun.

Préparations aux élections américaines

Justin Trudeau utilisera également son temps à Washington pour d’autres réunions dans la ville afin de soutenir les efforts d’Équipe Canada avant les élections américaines afin de garantir que le gouvernement est prêt à tout résultat. Il rencontrera des hommes politiques républicains et démocrates, dont le chef de la majorité sénatoriale Chuck Schumer et le chef de la minorité sénatoriale Mitch McConnell.

M. Trudeau a été critiqué pour son manque de préparation à la présidence de Donald Trump après les élections américaines de 2016 et les relations entre les deux dirigeants ont été particulièrement difficiles tout au long du mandat de quatre ans du leader républicain.

Les experts affirment que le fait d’atteindre les objectifs de financement de la défense contribuera grandement à renforcer les relations avec le plus grand partenaire commercial du Canada.

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