HALIFAX — Des manifestants propalestiniens ont brièvement occupé lundi un bâtiment de l’Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse, alors que leur campement qui se trouvait sur le campus du centre-ville d’Halifax depuis mai était démantelé par le personnel et la sécurité.
Lundi après-midi, le campement qui se trouvait dans le parc «Studley Quad» depuis mai n’existait plus, tout comme des camps de protestation similaires ont été démantelés ces dernières semaines sur les campus à travers le pays.
Les manifestants à l’Université Dalhousie comprenaient des membres de l’association Étudiants pour la libération de la Palestine, qui se décrit comme une coalition de Dalhousie et de quatre autres écoles d’Halifax : l’Université Saint Mary’s, l’Université King’s College, l’Université Mount Saint Vincent et le Nova Scotia College of Art and Design University.
Ses représentants avaient refusé de partir jusqu’à ce que toutes les universités d’Halifax révèlent leurs investissements dans des entreprises liées à Israël, s’en désinvestissent et réinvestissent cet argent dans des bourses d’études pour les étudiants palestiniens.
Mais l’Université Dalhousie a publié vendredi un communiqué indiquant que les participants devaient retirer tous les objets et effets personnels avant dimanche soir, 19 h.
Lundi matin vers 6 h 30, les gardes de sécurité ont commencé à retirer les tentes, les banderoles et les grands panneaux du campement. C’est à peu près au même moment que les membres de l’association Étudiants pour la libération de la Palestine ont été informés par courrier électronique qu’une réunion prévue plus tard dans la matinée avec le vice-recteur des affaires étudiantes de Dalhousie avait été annulée, a déclaré Owen Skeen, président du syndicat étudiant NSCAD et porte-parole du camp.
«Les gens se sentent vraiment frustrés, vraiment déçus», a affirmé M. Skeen, lundi après-midi.
«Mais ce n’est certainement pas la fin, et il y a beaucoup plus à venir», a-t-il prévenu.
M. Skeen a été informé par la police qu’il était banni du campus de Dalhousie pour six mois. L’étudiant du NSCAD espère faire appel de l’interdiction.
«Cela nous indique que l’école veut garantir que les étudiants ne peuvent pas s’organiser ou travailler ensemble sur les campus», a-t-il plaidé.
Vers 14 h 30, de nombreux manifestants ont quitté la zone qu’ils occupaient depuis 78 jours, a rapporté M. Skeen, et ont déplacé un certain nombre de tentes, des pancartes et un immense drapeau palestinien au rez-de-chaussée d’un bâtiment situé à proximité.
C’est à ce moment-là que le personnel et la sécurité de Dalhousie ont retiré les tentes et les panneaux restants sur le terrain et ont bouclé la zone avec du ruban jaune.
Vers 15 h 15, environ 25 manifestants et 12 tentes remplissaient le rez-de-chaussée du bâtiment de direction, alors que les manifestants armés de mégaphones scandaient «Palestine libre, libre». La sécurité de l’école a demandé aux manifestants de partir et vers 16 h, neuf agents de la police régionale d’Halifax sont arrivés et ont escorté le groupe jusqu’à un talus herbeux de l’autre côté de la rue.
Un porte-parole de l’université a refusé de commenter le retrait du campement, et la police régionale d’Halifax n’a pas immédiatement précisé si quelqu’un avait été arrêté ou reçu une amende.
Demandes «raisonnables et logiques»
Shira Lurie, professeure adjointe à l’Université Saint Mary’s et membre du Réseau des professeurs juifs de la Nouvelle-Écosse, est d’avis que les écoles devraient répondre aux demandes du groupe, «qui sont incroyablement raisonnables et logiques : divulgation, désinvestissement et réinvestissement».
«Au lieu de répondre aux demandes des étudiants, de féliciter les étudiants pour leur activisme et leur engagement en faveur des droits de l’homme, l’université leur a plutôt signifié un avis d’expulsion», a déploré Mme Lurie dans une entrevue, lundi.
Ajay Parasram, professeur agrégé d’études sur le développement international et d’histoire à l’Université Dalhousie, soutient le camp d’étudiants depuis ses débuts et se dit déçu des actions de l’université.
«J’ai reçu un appel tôt ce matin indiquant que des gens démontaient les tentes, alors je me suis précipité sur place», a-t-il témoigné, lundi, dans une entrevue.
«Jusqu’à la semaine dernière, il semblait que les dirigeants de notre université avaient décidé de tracer une voie alternative et de ne pas suivre la voie de McGill, York et d’autres», a-t-il souligné, faisant référence aux universités qui ont ordonné le démantèlement des campements de protestation propalestiniens sur leurs campus.
«Puis, apparemment sortis de nulle part, ils ont fait un virage complet sans aucune consultation», a-t-il déclaré.
«Je pense que les actions de l’école sont très malhonnêtes et je trouve cela profondément décevant en tant que membre du corps professoral», a déploré M. Parasram.