L’Université de la Saskatchewan utilisera un ordinateur quantique situé au Québec

La Presse Canadienne
L’Université de la Saskatchewan utilisera un ordinateur quantique situé au Québec

MONTRÉAL — L’Université de la Saskatchewan aura désormais accès à un ordinateur pas comme les autres pour aider ses chercheurs dans leurs recherches. Grâce à un partenariat avec la Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ²), l’université pourra utiliser un des ordinateurs quantiques les plus puissants au monde, une technologie unique au pays. 

Les chercheurs et étudiants de l’établissement universitaire pourront en effet utiliser au cours des trois prochaines années l’IBM Quantum System One, un ordinateur quantique situé à Bromont, au Québec,grâce à une subvention de PrairiesCan.

Marie-Ève Boulanger, gestionnaire de programme-volet quantique, chez PINQ², souligne qu’un ordinateur quantique «n’a rien à voir avec un ordinateur classique». Elle explique qu’un ordinateur quantique utilise les propriétés fondamentales de la matière, soit les atomes et les molécules, pour créer des circuits et appliquer ensuite des algorithmes.

«C’est complètement une autre façon de réfléchir et une autre façon de résoudre des problèmes», lance-t-elle. 

Faire progresser la recherche

Cette technologie innovante — déjà accessible dans plusieurs universités, comme à l’Université de Sherbrooke ou à l’ETS, au Québec — est capable de traiter des problèmes d’une plus grande complexité avec plus de variables. Elle peut donc permettre aux chercheurs qui l’utilisent d’obtenir des résultats qu’ils ne parviendraient pas à obtenir avec un ordinateur classique. 

En Saskatchewan, elle sera utilisée dans le cadre de plusieurs projets de recherches, notamment un consacré à l’étude de l’arthrite juvénile qui touche de très jeunes enfants. 

«Un peu de la même manière qu’on est capable de s’attaquer à un même problème plusieurs fois avec différentes approches, l’ordinateur quantique ne donne pas les mêmes résultats à chaque fois qu’on lui présente des données à analyser», résume Dr Steven Rayan, directeur du centre quanTA et responsable du département de recherche et d’innovation quantique de l’Université de la Saskatchewan.

Ce nouvel outil, encore expérimental, pourrait donc ouvrir de nouvelles perspectives pour comprendre les facteurs à l’origine de la maladie et, pourquoi pas, mener à découvrir de nouveaux traitements, explique-t-il. 

Un autre projet de recherche visant à modéliser des réseaux électriques optimisés en Saskatchewan utilisera aussi l’ordinateur quantique. 

Le Dr Rayan croit que ces cas d’usage seront aussi l’occasion de faire progresser la technologie quantique et ainsi bénéficier à l’ensemble de la communauté universitaire. 

Le Canada chef de file

Avec ces partenariats académiques, l’un des objectifs de PINQ² est justement d’éduquer autour de l’ordinateur quantique afin que son utilisation se démocratise au fil du temps et que l’outil lui-même se perfectionne. 

«Le but est aussi d’avoir des étudiants qui puissent par la suite aller sur le marché du travail pour travailler dans nos industries et faciliter l’adoption de la technologie se fasse de façon plus homogène», indique Marie-Ève Boulanger.  

Le Canada, et le Québec en particulier, sont d’ailleurs selon elle de véritables chefs de file en matière de recherche et de développement de ce nouveau type d’ordinateur, notamment grâce à des investissements importants de la part des deux paliers de gouvernement.

Éric Capelle, directeur général de PINQ², cite aussi la présence dans la province de «chercheurs de renommée mondiale», comme le physicien Alexandre Blais ou le cryptologue Gilles Brassard qui ont tous deux grandement contribué à la recherche dans le domaine des sciences quantiques.

Bien que l’ordinateur quantique soit encore peu connu du grand public, M. Capelle affirme qu’il entraînera sans doute une rupture technologique comparable à celle provoquée par le développement de l’intelligence artificielle.

«C’est encore une jeune science, mais le niveau d’impact du quantique va être très important. Dans quelque temps, on l’utilisera tous sans le savoir», conclut-il.

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