Missions à l’étranger: la présidente de l’Assemblée nationale Nathalie Roy se défend

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Missions à l’étranger: la présidente de l’Assemblée nationale Nathalie Roy se défend

QUÉBEC — La présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a défendu, mercredi, les 36 missions effectuées par les élus à travers le monde dans la dernière année.

Elle a livré une déclaration en refusant toutefois de répondre aux questions concernant la transparence et le détail des dépenses des parlementaires.

Les médias de Québecor révélaient en effet mercredi que depuis la fin de la pandémie, les missions des élus à travers le monde ont repris de plus belle.

Entre autres, en juillet 2023, six députés et quatre employés de l’Assemblée nationale ont participé à la session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), à Tbilissi, en Géorgie, un pays qui compte pourtant très peu de francophones.

Cette mission a coûté plus de 100 000 $. Et pour l’ensemble de 2023-2024, la facture s’élèverait à plus de 700 000 $.

«Je suis très très fière d’être la représentante officielle de l’Assemblée nationale du Québec sur la scène internationale, tout comme le sont les 124 autres parlementaires», a argué Mme Roy, avant de se rendre à la période des questions mercredi matin.

Selon elle, les députés ont le devoir de prendre part aux forums internationaux, sinon d’autres s’empresseront de prendre leur place et de parler en leur nom.

«Quand le Québec fait le jeu de la chaise vide, ce sont les élus d’Ottawa et les sénateurs d’Ottawa qui prennent la place et qui parlent pour le Québec. Pour moi, ce n’est pas une bonne situation.»

Le Québec doit assumer son rôle à l’étranger, mais dans un contexte de rigueur budgétaire, il faut être soucieux de l’usage des fonds publics, a laissé entendre la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, avec une certaine prudence: l’Assemblée nationale est indépendante du gouvernement.

«Il faut quand même se poser la question sur chacune des missions, chacun des postes budgétaires pour voir si on peut optimiser tout en respectant les objectifs, c’est-à-dire d’avoir une présence à l’étranger.»

La députée libérale Madwa-Nika Cadet a justifié sa présence à l’APF à Tbilissi, en expliquant notamment que chacune des participations d’un élu à un forum à l’étranger est justifiée préalablement par un avis de pertinence.

«Je suis fière que l’Assemblée nationale, je suis fière que les députés québécois aient participé à l’APF», a-t-elle affirmé en mêlée de presse.

Au titre de ses réalisations, elle a préparé un projet d’avis sur la mobilité des jeunes dans l’espace francophone, a-t-elle indiqué.

Quant à l’opacité sur les motifs des missions et sur la divulgation du détail des dépenses, Madwa-Nika Cadet a dit ne pas être au courant.

«Je pense qu’il y a une discussion qui peut être intéressante à l’Assemblée nationale quant à ce qui doit être dévoilé. C’était ma compréhension que c’était déjà public.»

Le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Mathieu Lévesque, qui a pris part à une mission au Brésil l’an dernier, la Conférence annuelle de l’Union nationale des Assemblées législatives des États fédérés du Brésil, a refusé de répondre aux questions des journalistes mercredi matin.

Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) ont rappelé que leurs députés n’avaient participé à aucune des missions dans cette législature.

«Ma priorité, c’est le Québec, a dit le député péquiste Pascal Bérubé. J’ai toujours dit qu’avant de servir Paris, on va servir Lévis.»

Son collègue Pascal Paradis a toutefois ajouté qu’il fallait une présence forte du Québec à l’étranger.

«C’est un rayonnement qui a des retombées économiques, qui a des retombées sociales, culturelles et politiques. Donc, ces missions ont leur importance.»

Il y a néanmoins un «travail rigoureux» à faire à chaque mission, quant à sa pertinence, ses coûts, a-t-il ajouté.

«Les Québécois et les Québécoises doivent savoir ce qui se passe, quels sont les objectifs, pourquoi on fait les missions.»

L’ensemble des missions et leurs rapports se trouvent sous l’onglet «diplomatie» du site internet de l’Assemblée nationale.

À la fin des rapports, on trouve un total des dépenses pour chaque participant, avec des postes de dépenses, mais sans le détail des factures.

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