Navires pour la Marine et la Garde côtière: dépassements de coûts et délais à prévoir

La Presse Canadienne
Navires pour la Marine et la Garde côtière: dépassements de coûts et délais à prévoir

OTTAWA — Des fonctionnaires fédéraux préviennent que d’autres dépassements de coûts et retards sont à prévoir pour la livraison de nouveaux navires à la Marine et à la Garde côtière du Canada, alors que des «défis importants» frappent le programme de construction navale de plusieurs milliards de dollars d’Ottawa.

Cela comprend l’incertitude entourant le coût de construction de 15 nouveaux navires de guerre pour la Marine, qui représentait déjà le plus gros achat militaire jamais réalisé par le Canada avec un prix estimé à 60 milliards $ par le gouvernement.

Les responsables fédéraux blâment la pandémie de COVID-19, les problèmes de chaîne d’approvisionnement, les pénuries de main-d’œuvre et la hausse des coûts de l’acier et d’autres matériaux pour les récentes difficultés.

«En termes simples, les navires ne sont pas construits assez rapidement et coûtent plus cher en conséquence», a expliqué le sous-ministre adjoint du Groupe des matériels au ministère de la Défense, Troy Crosby, lors d’un récent témoignage devant une commission parlementaire.

Les avertissements surviennent alors que le gouvernement libéral fait face à des pressions, notamment de la part de l’alliance militaire de l’OTAN, pour dépenser davantage dans la défense, ce qui soulève une possibilité de nouveaux investissements importants.

Ces pressions pourraient signifier des coûts plus élevés pour les contribuables.

De plus, la Marine royale canadienne et la Garde côtière canadienne ont toutes deux déjà été contraintes à mettre à la retraite un certain nombre de vieux navires avant que les remplacements ne soient prêts, et chaque jour qui passe augmente la menace qu’un autre tombe en panne de façon permanente.

Les coûts supplémentaires augmentent également à mesure que l’argent des contribuables est investi dans des projets qui ont déjà reçu des milliards de dollars de nouveau financement sans aucun autre avantage proportionnel pour le Canada.

Les responsables fédéraux disent qu’ils évaluent actuellement les impacts spécifiques avec Irving Shipbuilding à Halifax et Seaspan Shipyards à Vancouver alors qu’ils poursuivent leurs analyses pour savoir si Chantier Davie, établie à Lévis, peut être ajouté au programme naval.

Irving construit six navires de patrouille dans l’Arctique pour la Marine et la Garde côtière ainsi que la flotte de 15 nouveaux navires de guerre qui serviront de colonne vertébrale à la Marine au cours des 40 prochaines années. Seaspan construit plusieurs navires de recherche pour la Garde côtière et deux navires de ravitaillement de la Marine.

Chacun de ces projets a connu des retards et des dépassements de coûts depuis la sélection des chantiers navals en 2011, ce que les responsables ont attribué au manque d’expérience du gouvernement et de l’industrie.

«Défis importants»

Bien que le gouvernement et les chantiers navals ont tiré certaines leçons depuis, le sous-ministre adjoint de Services publics et Approvisionnement Canada, Simon Page, a déclaré que le plan d’approvisionnement était confronté à des «défis importants».

«Nous devons maintenant faire face aux coûts supplémentaires facturés par les chantiers navals et aux nouveaux échéanciers», a-t-il déclaré. 

«Nous travaillons en étroite collaboration avec des tiers pour tout revoir et nous assurer que les coûts sont justifiés. Nous travaillons avec eux pour garantir la performance.»

Troy Crosby a pour la première fois reconnu une «incertitude» du coût de la nouvelle flotte de navires de guerre de la Marine, après avoir soutenu l’estimation de 60 milliards $ du gouvernement ces dernières années et nié l’estimation de 77,3 milliards $ du bureau parlementaire du budget.

En fait, M. Crosby a spécifiquement fait référence à la conclusion du directeur parlementaire du budget l’année dernière selon laquelle un retard d’un an dans la construction des navires représente un manque à gagner de 2,2 milliards $ en raison de l’inflation et d’autres coûts croissants.

Les retards à venir ajouteront également de la pression sur les flottes maritimes et côtières vieillissantes du Canada, qui ont chacune perdu plusieurs navires au cours des dernières années, car des pannes et d’autres problèmes ont forcé des navires datant de plusieurs décennies à se retirer avant que leurs remplacements ne soient complétés.

Le nouveau navire hauturier de science océanographique est l’un de ces projets durement touchés par les retards et les dépassements de coûts. Son budget initial de 100 millions $ a grimpé en flèche pour atteindre près d’un milliard de dollars l’an dernier.

La Garde côtière a aussi besoin de son premier des six brise-glaces commandés d’ici 2030, a mentionné le commissaire de la Garde côtière canadienne, Mario Pelletier. Bien que les navires soient probablement construits par le chantier maritime Davie, le gouvernement n’a pas encore officiellement ajouté l’entreprise québécoise à son programme de construction navale.

Les responsables ont déclaré au comité parlementaire que les négociations avec Davie se poursuivaient, mais sans préciser quand elles se termineront. Le chantier Davie a été sélectionné pour être ajouté il y a plus de deux ans, mais les négociations pour finaliser l’accord ont été entourées d’un certain mystère.

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